L'héritier du géant sud-coréen Samsung Lee Jae-yong a comparu lundi devant un tribunal de Séoul appelé à se prononcer sur son placement en détention dans l'enquête sur la fusion controversée de deux filiales du groupe qui devait favoriser sa prise de pouvoir en douceur.
Vice-président de Samsung Electronics, M. Lee est par ailleurs rejugé pour corruption dans le retentissant scandale qui avait entraîné la destitution et la condamnation de l'ex-présidente sud-coréenne Park Geun-hye.
Vêtu d'un costume sombre, un masque sur le visage en raison du coronavirus, l'héritier du plus gros conglomérat sud-coréen n'a pas répondu aux questions des journalistes à son arrivée au tribunal de Séoul.
Cette audience est distincte de son nouveau procès, mais elle s'ajoute à une cascade de déboires qui ont plombé Samsung ces dernières années.
Le parquet de Séoul a annoncé jeudi avoir requis un mandat d'arrêt contre Lee Jae-yong, qui est notamment soupçonné de manipulation de prix lors de la fusion controversée de deux unités de Samsung, Cheil Industries et C&T, en 2015.
Cette opération, capitale pour la succession à la tête du groupe, avait été dénoncée par certains actionnaires, qui estimaient que C&T avait été délibérément sous-évaluée. Mais la Caisse nationale de retraites, gros actionnaire de Samsung sous tutelle du ministère des Affaires sociales, l'avait soutenue.
Petit-fils du fondateur de Samsung, Lee Jae-Yong est devenu le patron de facto du groupe après la crise cardiaque de son père en 2014.
M. Lee était l'actionnaire majoritaire de Cheil Industries, et les critiques de la fusion affirment que Samsung chercha à rabaisser artificiellement le prix de C&T afin de lui donner une participation plus importante dans la nouvelle entité née du rapprochement des deux et qui était une composante importante de la structure de Samsung. Ce qui lui aurait permis de conforter son emprise sur le conglomérat.
Dans un communiqué, le groupe a jugé "sans fondement" les soupçons de manipulation du prix, en ajoutant que M. Lee n'avait pris part à "aucune activité illégale".
Début mai, Lee Jae-yong avait présenté ses excuses pour les scandales et affaires qui ont plombé le premier fabricant mondial de smartphones.
Le groupe a été fondé en 1938 par le grand-père de Lee Jae-yong, qui a promis qu'il serait le dernier dans la ligne de succession familiale.
Il avait été condamné en 2017 à cinq ans de prison dans le cadre du scandale de corruption qui avait emporté Park Geun-hye. Le dirigeant de 51 ans a été libéré un an plus tard. Mais son cas fait actuellement l'objet d'un nouveau procès.
Le chiffre d'affaires du groupe Samsung représente à lui seul un cinquième du PIB de la Corée du Sud, 12ème économie au monde, d'où son poids politique et économique considérable.
AFP