Avis sur le rapport de la Cour des Comptes relatif à la gestion de la SOMELEC des années 2021/2022/2023.
La lecture du rapport de la Cour des Comptes sur la gestion de la SOMELEC dans les trois années de 2021, 2022 et 2023 et celle des réponses apportées en vertu du principe du contradictoire m’inspire les remarques ci-après :
Au lieu de chercher à imputer ces fautes de gestions antérieures et de chercher, en vain, des réponses au Directeur Général à l’époque (qui ne les a pas, car il n’est pour rien), la démarche de contrôle aurait dû, présenter, dans le rapport, ces fautes, comme antérieures d’abord, ensuite, difficiles à situer les responsabilités derrière. Pour remédier à celles-ci, le rapport aurait recommandé une démarche d’apurement des griefs soulevés après un diagnostic des causes de dysfonctionnement qui les sous-tendent. Une telle présentation du rapport gagnerait en clarté et serait beaucoup plus instructive.
Donc, à notre avis, il faut percevoir ce rapport, non comme un rapport de contrôle car n’ayant soulevé aucune faute commise dans les années auditées (2021/2022/2023), mais plutôt une note d’information sur la situation de la SOMELEC dont la genèse remontait il y a quelques années auparavant.
Dans tous les cas, il serait inadéquat de rendre responsable le Directeur Général de l’époque, Cheikh Abdellahi Ould Bedda, d’une situation hors de sa portée et née d’un cumul de gestions antérieures qui l’ont précédées.
Nouakchott, le 11 octobre 2025
MOHAMED OULD HORMA
Ex Inspecteur Général d’Etat
La lecture du rapport de la Cour des Comptes sur la gestion de la SOMELEC dans les trois années de 2021, 2022 et 2023 et celle des réponses apportées en vertu du principe du contradictoire m’inspire les remarques ci-après :
- Toutes les observations soulevées par le rapport sont d’ordre structurel et proviennent des gestions antérieures caractérisées, toutes, par les mêmes causes et comme on dit, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ces observations persisteront, de mission de contrôle en mission de contrôle, tant que ces causes ne soient pas repérées et les solutions idoines y soient apportées.
Au lieu de chercher à imputer ces fautes de gestions antérieures et de chercher, en vain, des réponses au Directeur Général à l’époque (qui ne les a pas, car il n’est pour rien), la démarche de contrôle aurait dû, présenter, dans le rapport, ces fautes, comme antérieures d’abord, ensuite, difficiles à situer les responsabilités derrière. Pour remédier à celles-ci, le rapport aurait recommandé une démarche d’apurement des griefs soulevés après un diagnostic des causes de dysfonctionnement qui les sous-tendent. Une telle présentation du rapport gagnerait en clarté et serait beaucoup plus instructive.
- Au-delà de ces causes internes ci-dessus (cumul né des gestions antérieures), le rapport n’a pas mis en exergue les causes exogènes qui sont derrière la dégradation financière de la société qui n’a cessé de s’approfondir et contre lesquelles aucune responsabilité ne pourra être imputée à aucun des responsables de l’époque. Ces causes exogènes à la société sont de deux ordres, une conjoncture internationale très défavorable (flambée des prix des hydrocarbures notamment) et l’absence de mobilisation des ressources internes (arriérés des organismes publics perdurant, absence d’appuis budgétaires et de révision de rémunération des facteurs de production malgré la recommandation de l’étude de la Banque Mondiale dans ce sens),
- Ces deux facteurs ci-dessus constituant l’ossature du rapport, ont occulté la gestion rationnelle du Directeur Général à l’époque, Cheikh Abdellahi Ould Bedda, qui s’est traduite sur trois plans :
- 1er plan : aucune faute de gestion imputée et cela comme suit :
- Le rapport n’a cité aucune dépense inappropriée, ni détournée, aucun avantage indu, le seul pour le Président du Conseil d’Administration datait de l’année 2010, délibéré et non objecté par l’autorité de tutelle,
- Aucune évaluation d’un marché public viciée, le seul grief soulevé est la présence de membres de la CMP dans la sous-commission d’évaluation des offres ; or, cette situation se retrouve dans toutes les commissions des marchés des autres entités publiques faute de ressources humaines compétentes ou d’un budget destiné pour le recrutement d’experts externes,
- Aucun recrutement de personnel opéré plutôt une volonté d’assainir le cadre du Personnel occasionnel dont l’effectif dépasse le Personnel titulaire, lequel a été régularisé en partie et faute de moyens, la procédure a été ajournée,
- Une volonté entamée dans l’assainissement des impayés fiscaux et des cotisations sociales.
- 2ème plan : la mise en place de plusieurs commissions d’assainissement des défauts des gestions antérieures, effort totalement occulté dans le rapport. Ces efforts se sont traduits par ce qui suit :
- Une contractualisation avec un bureau d’études pour effectuer un inventaire physique des actifs de la société, lequel sera traduit dans les documents de synthèse de l’exercice 2023,
- L’inscription du système informatique de la société acquis avant l’année 2000 dans les documents comptables,
- La mise en place d’un projet d’apurement des comptes d’attente,
- Afin de remplacer le système informatique obsolète, un appel d’offres a été lancé pour la mise en place d’un système intégré offrant plus de transparence,
- Opération de généralisation des compteurs (intelligence artificielle) pour mettre fin aux multiples facettes de fraudes constatées,
- Mise en place d’une commission de recensement des travailleurs occasionnels en vue de leur intégration progressive,
- Signature des protocoles de paiement avec la Direction Générale des Impôts,
- Création d’une plateforme numérique pour mesurer avec précision la production d’électricité offerte,
- Mise en place d’un pool d’ingénieurs évaluateurs dans les sous-commissions d’évaluation des marchés publics pour mettre fin à la présence de membres de la commission des marchés dans ces sous-commissions,
- 3ème plan : la progression des indicateurs de gestion dont notamment l’évolution des recettes de la société de 4 milliards MRO en 2020 à 7,2 milliards MRO en 2023.
- 1er plan : aucune faute de gestion imputée et cela comme suit :
- D’un point de vue méthodologique, la mise en exergue des réponses apportées par l’entité contrôlée n’a pas été suffisamment expliquée dans le rapport. Le rapport définitif les a totalement ignorées dans certains de leurs passages trop significatifs ou n’ont pas été suffisamment pris en compte, ce qui pouvait avoir trois inconvénients :
- Le non éclairage des autorités supérieures sur la dimension des problèmes évoqués dans le rapport et les efforts réellement entrepris pour les résoudre, ce qui conduit à une information incomplète du Gouvernement, ce qui pourrait conduire aux décisions peu conséquentes de celui-ci.
- Le non éclairage de l’opinion publique (le rapport est public) qui verra beaucoup d’insuffisances dans le rapport sans connaitre les causes réelles, ni les responsabilités derrière, ni les efforts des uns et des autres pour y mettre fin afin de permettre au lecteur, de se départir de ce goût amer que laisse la lecture de ce rapport et d’entrevoir par lui-même les solutions possibles.
- Le non éclairage vis-à-vis du gestionnaire de la période contrôlée lui-même, qui, malgré, les explications apportées, ses efforts n’ont pas été appréciés à leur juste valeur dans le rapport. C’est d’ailleurs, une erreur tendancielle de nos contrôleurs qui privilégient le plus souvent le sensationnel à la positivité recherchée dans les contrôles.
Donc, à notre avis, il faut percevoir ce rapport, non comme un rapport de contrôle car n’ayant soulevé aucune faute commise dans les années auditées (2021/2022/2023), mais plutôt une note d’information sur la situation de la SOMELEC dont la genèse remontait il y a quelques années auparavant.
Dans tous les cas, il serait inadéquat de rendre responsable le Directeur Général de l’époque, Cheikh Abdellahi Ould Bedda, d’une situation hors de sa portée et née d’un cumul de gestions antérieures qui l’ont précédées.
Nouakchott, le 11 octobre 2025
MOHAMED OULD HORMA
Ex Inspecteur Général d’Etat