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un grain de sable pour secouer la poussière...

( 2 ème partie) Malgré ses généraux sur écoute, Aziz n’a pas vu le coup venir…

Jeudi 11 Mars 2021 - 16:12

Quand Aziz dit qu’il ne voulait pas faire de 3ème mandat, il ment d’abord parce qu’il a prouvé que sa parole ne l’a jamais engagé à rien ensuite car après mille initiatives pour préparer l'opinion notamment l'impunité verbale du porte-parole du gouvernement, il a laissé les députés de la majorité recueillir les signatures des élus en vue de changer la constitution. C’était faisable, c’était une formalité. Tout d’un coup, alors qu’il était en déplacement à l’étranger, il a envoyé un communiqué ruinant définitivement l’initiative qui avait recueilli le nombre de voix suffisant pour changer la constitution. Il ne manquait plus qu’à convoquer l’assemblée pour lui permettre légalement de faire un autre mandat.

 

Rien n’aurait pu être engagé à l’assemblée avant son retour car il aurait fallu gérer le tollé général, c’est le cas de le dire. Il aurait pu régler ça en rentrant et donc pour qu’un tel communiqué soit délivré du ciel en urgence, c'est que quelque chose a dû lui faire peur. Ce ne pouvait être qu’une alerte des généraux à propos d'une menace imminente étrangère à leur volonté sinon Aziz aurait réglé ses comptes à son retour.

Si les généraux voulaient le déposer en son absence, ils auraient pu tenter un coup d'Etat sous le prétexte de cette initiative des députés et l’opposition les aurait soutenus comme en 2005 mais sans le Basep, cela allait être sanglant avec en plus tout ce qui allait suivre : un Aziz à l'étranger toujours président élu, l'opinion internationale, l'opposition revigorée, l'obligation de parler de transition démocratique alors que la carte est déjà grillée etc. Impossible !

 

Trop de paramètres à gérer et certains généraux sont trop vieux pour se payer encore le luxe d'une transition négociée avec l'opposition, il fallait pousser Aziz  dehors diplomatiquement de sorte qu'il ait contre lui la légalité constitutionnelle du futur président. Mais ce n'est pas un enfant, il fallait le convaincre et profiter de sa position déjà déclarée assurant qu'il respecterait la constitution en l'état et ne ferait pas un autre mandat. Pour l'instant, il fallait sur-le-champ qu'il arrête l'initiative des députés car sans le Sénat qu'il a dissous, l'assemblée peut seule changer la constitution. Après ça, il n'aurait plus de marge de manoeuvre sinon quitter le pouvoir en espérant y revenir par une autre porte.

Profitant qu'il soit à l'étranger avec la peur de perdre le pouvoir sur-le-champ si ses députés osaient poursuivre l'initiative, ils ont dû lui dire que dans la situation politique, économique et sécuritaire  du pays, ils ne pouvaient pas se payer le luxe d’une telle aventure surtout que les partenaires sécuritaires de la Mauritanie comme les USA et peut-être la France ne cautionneraient pas ça. Ils l’ont invité à faire un communiqué urgent sinon ce serait l’aventure avant son retour…

 

Les USA ne voulaient plus d’Aziz car déloyal, manipulateur de génie capable de tout même avec les islamistes. Ils n’ont rien épargné à son régime en soutenant Birame. Pour la France c’est pareil, Aziz a tout fait pour faire détester la France et la langue française. Il est le grand artificier du révisionniste qui a largement contaminé les mauritaniens après 10 ans de propagande TV, radio, internet avec le soutien quotidien des portes-paroles du gouvernement.

 

Aziz voulait rester mais n’avait plus aucun argument pour tenter le coup de force surtout qu’il avait dit plusieurs fois qu’il ne resterait pas, il achèverait son dernier mandat et partirait. Il a été contraint à faire ce communiqué pour arrêter l'initiative des députés car les généraux lui ont fait miroiter qu’il y avait un coup à jouer plus diplomatique à savoir quitter le pouvoir, mettre quelqu’un de tranquille à sa place le temps qu’il revienne au pouvoir sous peu. Tous les scénarios étaient possibles. Démission de son remplaçant au bout de quelque temps. 

 

En déplacement à l’étranger Aziz n’avait pas le choix même s’il savait que chez nous, dès qu’on quitte le pouvoir c’est fini mais Aziz, alors ivre de pouvoir, était rassuré pour l’avenir car il était persuadé que jamais Ghazouani ne pourrait gouverner à sa place pour plusieurs raisons non seulement car c’est un marabout mais surtout un marabout de la plus puissante tribu de commerçants. Le pouvoir militaire et économique en même temps, Aziz se disait que le système n’allait pas accepter cela longtemps surtout avec les richesses du pays qu’on découvre tous les jours et le Gaz. Cela allait réveiller les démons de Char Babbe.

 

Aziz passait son temps à mettre sur écoute ses collaborateurs, sans parler du reste de la société. Si un général avait dit un mot à propos de ce qui allait se passer sitôt qu’il aurait démissionné il l’aurait su car dans ce genre de régime même les services de renseignements ont leurs clans. Ce fut là toute la subtilité de ce qui s’est passé : personne n’a rien dit à personne, tout s’est passé en silence entre hommes du sérail. Pas besoin de mots. C’est un jeu d'échecs silencieux où les possibilités s’éclairent en fonction des pions qui avancent. Cela change sans cesse, il faut rester aux aguets et seuls les silences disent la trajectoire hypothétique des uns et des autres, les intérêts communs étant le fil d’Ariane.

 

Aziz a cru pouvoir maîtriser la situation et si quelqu’un essayait de se mettre sur son chemin, il avait de quoi le désarmer soit par un audio soit par un dossier. Il a quitté le pouvoir, fait mine de soutenir Ghazouani pendant que ses services ruinaient sa campagne en le dénigrant partout. Ensuite à peine Ghazoauni élu malgré mille coups bas, Aziz est revenu pour lui faire de l’ombre comme durant la campagne comme s’il était encore le chef. Là il a compris que Ghazouani ne voulait pas être son Sidioca.

 

Aziz, toujours ivre de pouvoir, a perdu toute lucidité face à la nouvelle donne depuis son départ et ne sachant comment s’attaquer à Ghazouani après les audios, il a commencé à vouloir s’attaquer à l’institution militaire. Ce fut le coup de trop. Maintenant ils lui rappellent que l’armée est au-dessus de tout. Quand on est à sa tête les militaires obéissent au doigt et à l'œil mais quand on n’y est plus, c’est fini.

 

Voilà le vrai traumatisme d’Aziz : le sentiment de n’avoir pas vu le coup venir et de s’être fait avoir par de plus rusés que lui. 

 

Maintenant nous allons voir ce qu’ils lui réservent. Aziz sait qu’ils ne pourront pas s’en prendre à lui physiquement ni le mettre dans de mauvaises conditions, ni le tenir en résidence éternellement, il s’accrochera à sa position de victime d’un régime aussi coupable que lui qui ne respecte pas ses droits constitutionnels. Il ne leur fera pas le cadeau ni en signant ni en collaborant ; il restera chef jusqu’au bout.

 

Il sortira tôt ou tard, sa fortune l’attend et il est assez jeune pour continuer à faire de la politique. S’il n’est pas brisé, il aura sa revanche…

A.O.S.A

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