Le ministre des Affaires étrangères devant les Nations Unies : La guerre génocidaire à Gaza est un test pour la conscience humaine et la crédibilité du système international

Son Excellence le Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Mauritaniens de l’Extérieur, M. Mohamed Salem Ould Merzoug, a affirmé, dans son discours devant la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, tenue à New York, que cette session constitue une occasion de célébrer quatre-vingts ans de réalisations de l’Organisation internationale, et en même temps une opportunité d’évaluer les lacunes et les déséquilibres qui ont marqué son parcours.

Il a souligné que le monde vit un paradoxe aigu entre des pays qui progressent rapidement vers la quatrième révolution industrielle et d’autres qui sont encore accablés par la pauvreté et la marginalisation, ce qui nécessite des solutions justes et globales plaçant l’être humain et son droit à une vie digne au premier plan des préoccupations.

Il a insisté sur le fait que la guerre génocidaire à Gaza représente un test décisif pour la conscience humaine et la crédibilité du système international, réitérant la condamnation par la Mauritanie de l’agression israélienne et son soutien total au droit du peuple palestinien à établir son État indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale. Il a également salué l’élan international en faveur de la reconnaissance de la Palestine, appréciant l’initiative saoudo-française qui a abouti à la Déclaration de New York sur la solution à deux États.

Voici l’intégralité du discours de Son Excellence le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération Africaine et des Mauritaniens de l’Extérieur :

” Monsieur le Président,

Majestés, Excellences et Altesses,

Son Excellence António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Que la paix, la miséricorde et les bénédictions d’Allah soient sur vous.

Au début de ce discours, je tiens à adresser mes plus chaleureuses félicitations à Son Excellence Annalena Baerbock pour avoir assumé la présidence de la quatre-vingtième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, convaincu que sa riche expérience et sa grande compétence contribueront à diriger cette session de la meilleure façon possible.

Je tiens également à exprimer ma profonde gratitude à Son Excellence Philémon Yang pour la grande efficacité avec laquelle il a dirigé les travaux de la soixante-dix-neuvième session.

Mes remerciements vont également à Son Excellence le Secrétaire général des Nations Unies, M. António Guterres, pour ses efforts inlassables visant à développer l’Organisation des Nations Unies et à renforcer son rôle.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

J’ai le plaisir de transmettre à votre honorable assemblée les salutations de Son Excellence le Président de la République Islamique de Mauritanie, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, et ses vœux de succès pour cette quatre-vingtième session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Son Excellence m’a honoré en me demandant de prononcer, en son nom, le discours de la République Islamique de Mauritanie.

Cette session représente, bien sûr, une occasion propice de célébrer quatre-vingts ans de réalisations accumulées par notre organisation au service de l’humanité dans divers domaines, et c’est aussi une occasion de diagnostiquer objectivement les déséquilibres et les lacunes majeurs qui ont marqué telle ou telle facette du parcours des Nations Unies au cours des huit dernières décennies.

Dans ce cadre, il est clair que notre monde d’aujourd’hui est composé de deux mondes différents : l’un avance à grands pas vers la quatrième révolution industrielle et l’intelligence artificielle, tandis que l’autre reste prisonnier de la pauvreté et de la marginalisation.

L’élargissement constant de ce fossé, dans le contexte actuel de multiplication des conflits et des guerres, place l’humanité face à une épreuve difficile qui nous oblige à unir nos efforts pour créer des solutions capables de réduire ce fossé par la réalisation d’un développement juste et inclusif centré sur l’être humain et son droit à une vie digne.

Le slogan sous lequel se tient aujourd’hui ce grand forum international reflète et résume avec précision ce noble objectif : “Ensemble, nous faisons mieux : quatre-vingts ans et plus pour la paix, le développement et les droits de l’homme”.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Le contexte mondial dans lequel se tient cette session est extrêmement complexe et lourd de défis. Les tensions, les guerres et les foyers de conflit se multiplient dans différentes régions, les menaces terroristes et les catastrophes naturelles résultant du changement climatique s’aggravent, augmentant ainsi les souffrances humaines et multipliant les fardeaux humanitaires pour des peuples entiers, ce qui expose la stabilité et la paix internationales à des risques croissants et renforce la nécessité d’un rôle plus efficace de notre organisation des Nations Unies.

Dans ce contexte, la guerre génocidaire à laquelle est confrontée notre peuple à Gaza met la conscience humaine et la crédibilité de notre système international en général à l’épreuve.

En République Islamique de Mauritanie, tout en condamnant cette agression, nous réaffirmons notre soutien au peuple palestinien, réitérant que la violence ne peut apporter une sécurité et une paix durables et que la stabilité de l’ensemble du Moyen-Orient passe inévitablement par la capacité du peuple palestinien frère à exercer son droit à établir son État indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale, conformément aux résolutions internationales pertinentes et à l’Initiative de paix arabe.

Dans ce cadre, nous exprimons notre satisfaction quant à la dynamique que nous observons dans les efforts visant à reconnaître l’État palestinien, fortement incarnée par le vote massif à l’Assemblée générale des Nations Unies en faveur de la Déclaration de New York sur la mise en œuvre de la solution à deux États, issue de la Conférence internationale de haut niveau tenue en juillet 2025 à l’initiative du Royaume d’Arabie Saoudite et de la République Française.

Je ne saurais manquer, à cette occasion, de remercier, au nom de mon pays, le Royaume d’Arabie Saoudite et la République Française pour l’organisation de ladite conférence malgré les défis et les obstacles, saluant les positions des pays qui ont annoncé leur reconnaissance de l’État de Palestine, et espérant que d’autres pays suivront leur exemple en faisant prévaloir la logique du droit et de la justice afin que la Palestine devienne un État membre à part entière de l’Organisation des Nations Unies.

Dans le même ordre d’idées, notre pays réitère sa ferme condamnation de la récente agression israélienne contre l’État frère du Qatar, qui a constitué une violation flagrante de la souveraineté de cet État frère et de toutes les normes et conventions internationales.

Nous réaffirmons également notre soutien aux solutions pacifiques en Libye, au Soudan, au Yémen et en Syrie, et notre appui aux efforts des Nations Unies concernant le Sahara occidental, appelant à la fin de la guerre russo-ukrainienne par la négociation afin d’éviter au monde de nouvelles tragédies.

Nous saluons en même temps les accords de paix entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo d’une part, et le Pakistan et l’Inde d’autre part.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Dans un monde où les conflits, la pauvreté, la maladie et le changement climatique pèsent lourdement sur l’humanité, la nécessité d’une gouvernance internationale politique, économique et sanitaire plus juste et plus efficace, qui place la vie et la dignité humaines au premier plan des priorités, est confirmée.

Cela ne peut être réalisé que par une réforme équilibrée qui restaure la confiance dans les Nations Unies et rend l’Organisation plus apte à remplir ses nobles objectifs de maintien de la paix et de la sécurité et de construction d’un monde plus équitable.

C’est pourquoi mon pays réitère son engagement envers les revendications légitimes de notre continent africain, telles qu’énoncées dans les accords d’Ezulwini, pour une représentation équitable dans les structures de gouvernance mondiale.

Il appelle également la communauté internationale à soutenir les pays en développement face aux défis de la sécurité alimentaire, du changement climatique et du problème de l’endettement, afin de les aider à atteindre les objectifs de développement durable.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

La République Islamique de Mauritanie place le renforcement de l’État de droit et de la bonne gouvernance, ainsi que la consolidation des valeurs de justice et d’égalité, au premier rang de ses priorités. C’est pourquoi elle a mis en œuvre des stratégies et des réformes visant à consacrer la transparence dans la gestion des affaires publiques, à réformer la justice et à renforcer son indépendance, et à soutenir le rôle du Parlement dans le contrôle et la responsabilisation, afin de garantir la lutte contre la corruption, la protection des droits et des libertés et la consolidation de la confiance entre les composantes nationales.

Dans le même contexte, et pour consacrer l’image de la Mauritanie comme terre de stabilité et de consensus et comme État de droit, Son Excellence le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a choisi de faire du dialogue une approche constante dans la gestion des affaires publiques, soucieux d’impliquer tous les Mauritaniens et de consolider la bonne gouvernance.

En ce qui concerne la protection de la cohésion sociale, le gouvernement de mon pays s’efforce de mettre le développement au service du citoyen où qu’il se trouve, à travers des programmes structurés qui incarnent la justice spatiale, en construisant des barrages, des écoles, des centres de santé, et en fournissant les éléments d’une vie décente à des milliers de familles dans les villages, ce qui renforce la solidarité nationale, en parfaite harmonie avec le processus de consolidation de l’État de droit et de renforcement des fondements de la bonne gouvernance.

Grâce au programme d’assurance maladie universelle pour les familles vulnérables, le nombre de bénéficiaires a doublé de 147 % entre 2019 et 2024, atteignant environ 21 % de la population totale.

En matière de droits de l’homme, mon pays a renforcé son système juridique en luttant contre les effets de l’esclavage sous toutes ses formes et en s’attaquant au phénomène de la traite des êtres humains par le biais de mécanismes juridiques et institutionnels solides.

Notre pays accueille également près de 250 000 réfugiés maliens et a achevé la régularisation de la situation juridique de plus de 150 000 migrants dans des conditions qui respectent pleinement leurs droits et préservent leur dignité.

Dans le cadre de la priorité de la construction humaine, notre pays a lancé un processus de réforme éducative globale avec la participation des acteurs éducatifs, visant à développer les programmes éducatifs et les méthodes d’enseignement, et à renforcer les valeurs de citoyenneté, en plus de programmes de formation professionnelle visant à qualifier les jeunes pour le marché du travail.

Le rôle des femmes dans la vie publique et politique a également été renforcé, et l’accès aux services de santé a été amélioré.

Dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, notre pays adopte une stratégie intégrée combinant des mesures de sécurité et des approches intellectuelles et éducatives, tout en renforçant les valeurs de justice et de coopération régionale et internationale.

Sur le plan économique, le pays continue de diversifier son économie pour renforcer sa capacité à créer des emplois et à faire face aux crises, enregistrant une croissance de 5 % en 2024, avec des prévisions d’un taux d’inflation ne dépassant pas 2,5 %.

Dans le cadre de la transition énergétique et du développement durable, la Mauritanie a lancé des projets qualitatifs, notamment une centrale hybride d’énergie renouvelable d’une valeur de 300 millions de dollars, l’adoption de la loi sur l’hydrogène vert, et la signature d’accords internationaux majeurs, en plus du lancement du projet DREAM soutenu par la Banque Mondiale.

Les efforts se poursuivent également pour lutter contre la désertification et préserver la diversité biologique, et notre pays aspire à participer activement au Sommet sur le climat (COP30) au Brésil pour faire avancer le respect des engagements internationaux de réduction des émissions et de financement de l’adaptation au changement climatique.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

La République Islamique de Mauritanie est déterminée à œuvrer pour renforcer la coopération multilatérale et réformer le système de gouvernance internationale politique et financière de manière à renforcer notre capacité collective à atteindre les objectifs de développement durable et restera, incha Allah, fidèle à son approche basée sur la contribution au renforcement de la sécurité et de la paix au niveau régional et international et à la diversification et à la consolidation des partenariats afin de relever les divers défis auxquels notre pays, notre continent et le monde en général sont confrontés sur la voie d’une vie sûre et digne pour tous. AMI