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un grain de sable pour secouer la poussière...

La présidence vue de l’intérieur : ma rencontre avec le bras droit de Ghazouani

Jeudi 4 Mars 2021 - 16:37

La présidence vue de l’intérieur : ma rencontre avec le bras droit de Ghazouani

 

Quand le téléphone sonna j’étais avec mes parents. Quand j’ai vu le numéro, je me suis éloigné.
 

-«  Bonjour excellence

-«  Khalini anac avec cette excellence, vas à la présidence tout de suite. On t’attend »

-«  Impossible, je ne suis pas chez moi et il faut que j’aille me changer »

-«  Ewa fais vite »

-«  Très bien je t’appelle dès que je suis en route »

 

Il faut imaginer ce que ça fait quand depuis des mois un ministre proche du président vous dit que le président est d’accord et vous serez conseiller du président, rien ni personne n’y pourra rien. Ensuite blocage et soudain on vous appelle pour rejoindre la présidence. C’est l’heure.

 

Je ne savais pas avec qui j’avais rendez-vous, le dircab seul ou en présence du président. Je n’avais pas le temps d’aller louer une voiture correcte, j’ai pris la voiture de la famille. J’avais le choix entre une vieille Avensis fatiguée sans climatisation et une Hilux délabrée avec les feux arrières cassés, la peinture fanée mais climatisée. J’ai pris ce débris de 4X4 et j’ai roulé à vive allure chez moi.

 

J’ai mis un costume sombre, une chemise bleu ciel, serré ma cravate bleue et je suis reparti à vive allure en appelant mon contact pour lui dire d’annoncer à la présidence que je suis en route. Il me dit que j’ai rendez-vous avec le directeur de Cabinet. J’étais un peu déçu car je me disais que ça va être un entretien d’embauche ou non mais si ce n’était pas sérieux, il m’aurait reçu chez lui comme il reçoit une fois par semaine mille prétendants.

 

Arrivé à la présidence, je me suis trompé d’entrée, le garde a souri et m’a indiqué de faire le tour. Chaque fois que j’annonce quelque part que je m’appelle Soueid Ahmed, les gardes sourient avec bienveillance en me prenant pour un prince des Dowichs ; ce qui à la longue est assez fatigant au point que je ne prends plus la peine de leur dire que je suis de Boutilimit pour être clair.

 

Ce qui me frappe d’abord c’est la jeunesse et la finesse des gardes. Je me dis en les voyant que pour faire un coup d’Etat, un puissant ventilateur suffirait à les envoyer sur Mars.

 

On vérifie que je suis sur la liste, on m’ouvre le grand portail. Là encore, ne sachant pas où aller je suis allé tout droit croyant qu’on allait m’ouvrir l’autre portail qui mène au perron de la présidence. Les seconds gardes comprennent que je ne suis jamais venu et vu la charrette que je conduis, il est improbable que je sois autorisé à passer par là.

 

On m’indique le parking pour les visiteurs et les employés. Je me gare et retourne à pied à l’entrée principale. On revérifie mon identité, je passe sous le portique de sécurité et on me donne un papier à remettre plus loin.

 

Me voilà donc seul dans la cour principale avec en face de moi le bâtiment de la présidence objet de tant de fantasmes. Je marche doucement en me demandant qui est derrière ces fenêtres teintées sachant qui vient. Je pense à quelques vieilles connaissances qui sont là et qui ne sont pas particulièrement heureuses de me voir arriver, 7assadité oblige mais j’y suis et ils n’y peuvent plus rien.

 

J’entre dans le bâtiment, je passe par un autre portique de sécurité. Un gentil monsieur prend le papier que la sécurité m’a donné et m’indique l’ascenseur et le numéro d’étage que je ne peux pas indiquer.

 

Je monte dans l’ascenseur vitré ce qui permet de voir l’extérieur et soudain une sonnerie chinoise retentit. J’étais arrivé.

 

Je sors de l’ascenseur  mais je ne trouve personne pour m’accueillir. Devais-je aller à gauche ou à droite ? J’ai été frappé par l’atmosphère défraîchie, ces vieilles moquettes beiges et ces longs petits couloirs bâtis pour les tailles chinoises ; il ne faut pas être claustrophobe ni asthmathique. J’aurais pu me tromper de direction et atterrir chez le président mais comme je suis gaucher j’ai tourné à gauche en disant «  Salam aleikoum » en espérant que quelqu’un me réponde pour m’indiquer le chemin.

 

En avançant doucement j’ai fini par tomber sur une porte ouverte où je vois un monsieur assis devant son ordi. Je salue, m’avance et m’annonce en disant que j’ai rendez-vous avec le directeur de cabinet. En entrant dans cette pièce exiguë j’aperçois une autre secrétaire. Les pauvres sont entassés comme des sardines dans une pièce minuscule. L’homme assis derrière elle peut voir tout ce qu’elle fait devant son ordinateur.

 

J’entre et je vois le fameux directeur de cabinet, l’homme de confiance du président dont je ne savais rien sinon qu’il avait été ministre de l’intérieur sous Sidioca. Il était en chaussettes certainement parce qu’il ne supporte pas longtemps les chaussures fermées étant plus à l’aise en sandales.

 

Nous avons bavardé 1H30, et je suis reparti en plaisantant avec lui tout sourire devant ses deux secrétaires médusés face à tant de complicité entre moi et le bras droit de Ghazouani. Après coup, je réalise qu’il m’a souri avec bienveillance mais sans me montrer toutes ses dents car je suis francophone et Soueid Ahmed de Boutilimit…

 

La suite est connue… 

Mektoub n’en parlons plus.
 

Merci au chef de l’Etat de l’insigne honneur d’être connu de lui.

AOSA

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