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Kaédi et l’indépendance nationale

Mardi 7 Novembre 2017 - 09:26

Kaédi et l’indépendance nationale
L’organisation à Kaédi, le 28 novembre courant, des festivités marquant le 57ème anniversaire de notre indépendance nationale est louable à plus d’un titre. Elle consacre cette ville du sud, la place au centre des préoccupations du gouvernement et l’impose à l’actualité nationale voire internationale. Construction de nouvelles routes désormais équipées de feux de circulation, réhabilitation des édifices de santé et d’éducation, réorganisation et relance du commerce local, création d’emplois… Kaédi est une ville en chantier ; Kaédi revit de ses cendres ! Tant mieux pour elle. Tant mieux pour ses populations ! 
 
Une fois n’est pas coutume : le gouvernement a bien été inspiré de délocaliser cet événement national, particulièrement au profit d’une ville qui se trouve dans une région laissée pour compte et vouée aux gémonies du fait certainement qu’elle est dans la vallée.
 
Si le choix du régime est porteur et opportun, il ne doit toutefois pas masquer la tragédie silencieuse que vivent les populations de Kaédi et au-delà, celles de la vallée. Depuis les événements de 89, celles-ci sont en effet en marge du développement, souffrant sans cesse le martyr et peinant à retrouver le chemin d’une vie normale. 
En matière d’eau, de santé et d’éducation, la situation est des pires dans le pays. Riveraines pourtant du fleuve ces populations souffrent du manque d’eau potable et de salubrité publique. Plusieurs sites sont dépourvus de points d’eau. Ceux qui en ont se plaignent souvent de pannes fréquentes des machines. Et qui ne peut pas disposer du précieux liquide pour boire et satisfaire aux besoins du foyer ne pensera jamais à faire le maraîchage qui aurait pu être un débouché pour les milliers de désœuvrés qui attendent une hypothétique réinsertion sociale dont les programmes promis et miroités à l’infini, n’ont jamais été mis en place.
 
C’est ici que l’espérance de vie est des plus faibles dans le pays : frappés de désuétude, les hommes disparaissent relativement tôt, les femmes continuent de mourir pour donner vie aux nouveaux nés et les épidémies ne cessent de frapper les populations désarmées. L’hôpital régional de la ville, mainte fois réhabilité, souffre du manque cruel de moyens souvent détournés à partir de Nouakchott, ou dès leur réception sur place. A tous les niveaux de la vie et de (sous)-développement, les ressources humaines sont manquent si elles ne sont inexistantes..
 
Au plan de l’éducation, les infrastructures sont loin de satisfaire à la demande : les écoles sont délabrées, les classes pléthoriques et les élèves suivent les cours à-même le sol. Partout, l’absentéisme est le maître mot au vu et au su d’une hiérarchie administrative qui semble n’accorder aucune importance à l’enseignement et l’éducation des enfants issus de communautés cibles résidant dans la ville.. 
 
En matière de la citoyenneté, la situation n’est pas meilleure : les populations peinent encore à se hisser, en termes de droits, au même niveau que leurs concitoyens. L’état civil demeure un casse-tête. L’État ou ceux qui disent agir en son nom, déclare des choses et fait exactement le contraire. Récemment, quand le président de la République a engagé l’état civil à faire des « facilités" » à l’enrôlement, c’est un message contraire qui semble avoir été adressé aux centres d’état civil qui a amené les agents à être davantage sévères, menant des interrogatoires, souvent insolents et humiliants.
 
En matière de droits de l’homme, le terrain est vierge. Ici comme dans toutes les régions de la vallée, les manifestations publiques sont strictement interdites. L’unique réponse adressée à ceux qui osent « montrer le nez », est le bâton, ou plus précisément, la grenade lacrymogène si ce n’est, la balle réelle. On se rappelle encore du meurtre du jeune, Lamine Mangane, arraché aux siens en 2013 lors d’une manifestation à Magama, sur le recensement de la population. Que dire de l’incident de la semaine dernière dans la région du Guidimagha proche, où des jeunes de Dafor empêchés d’organiser un bal, sont mis aux arrêts suite à des altercations avec des forces de l’ordre ?
 
L’organisation de la fête de l’indépendance à Kaédi est salutaire. Ne serait-ce que parce qu’elle permet de réhabiliter une ville de la vallée et de lever un coin du voile sur les populations longtemps laissées à elles-mêmes dans la misère et le dénuement !
Oumar. E.M
 
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