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un grain de sable pour secouer la poussière...

Plusieurs milliers de manifestants à Moscou pour des "élections libres"

Samedi 10 Août 2019 - 13:05

Plusieurs milliers d'opposants à Vladimir Poutine se sont rassemblés samedi à Moscou pour dénoncer l'exclusion des candidats indépendants aux élections locales, le quatrième week-end consécutif de manifestation en l'absence de presque tous les leaders d'opposition, emprisonnés.

Encadré par une forte présence policière, le rassemblement à démarré sous la pluie à 14H00 (11H00 GMT) sur l'avenue Sakharov, près du centre de la capitale russe, le seul lieu pour lequel les autorités ont donné leur accord.

Au début officiel de la manifestation, environ 7.200 personnes étaient présentes selon l'ONG Compteur Blanc, qui comptabilise les manifestants.

Dans le calme, ceux-ci portaient des pancartes sur lesquelles était écrit "Donnez-nous le droit de vote" ou "Vous nous avez assez menti" tandis que d'autres brandissaient des drapeaux russes ou les portraits d'activistes arrêtés lors des précédentes manifestations.

"Je suis outrée par cette injustice à tous les niveaux. On ne laisse pas se présenter des candidats qui ont rassemblés toutes les signatures nécessaires. On arrête les gens qui manifestent pacifiquement", a déclaré à l'AFP Irina Dargolts, une ingénieure de 60 ans.

"J'ai l'impression que le pays est prisonnier et ses citoyens en otage (...) Personne ne représente les gens", assure de son côté Dmitri Khobbotovski, un militant du mouvement "Russie ouverte" de l'ex-oligarque en exil Mikhaïl Khodorkovski.

Le 20 juillet, pour la dernière manifestation autorisée par les autorités locales, plus de 20.000 personnes avaient répondu à l'appel sur cette même avenue Sakharov.

Interdits, les deux rassemblements suivants se sont soldés par respectivement 1.400 et un millier d'interpellations, témoignage d'un durcissement de la répression face à la contestation.

AFP/Archives / Vasily MAXIMOVHeurts entre manifestants et forces de police, le 3 août 2019 à Moscou

Ce durcissement s'exprime aussi par les nombreuses perquisitions ayant visé des opposants ou de simples manifestants, l'ouverture d'une enquête pour "blanchiment" visant l'organisation du chef de file de l'opposition Alexeï Navalny, et les courtes peines d'emprisonnement auxquelles ont été condamnés presque tous ses alliés politiques.

Parmi les leaders de l'opposition libérale, seule l'avocate Lioubov Sobol était encore en liberté grâce à son enfant, la loi russe interdisant les peines de détention administratives pour les femmes ayant des enfants en bas âge. Elle a toutefois été interpellé avant la manifestation après une perquisition de la police dans son local de campagne.

"Je ne vais pas aller à la manifestation. Mais vous savez quoi faire sans moi. Je suis fière de tous ceux qui sont venus", a-t-elle déclaré sur Twitter.

Si l'opposition est décimée, plusieurs personnalités parfois éloignées de la politique ont annoncé leur intention de manifester, comme le Youtubeur Iouri Doud ou l'un des rappeurs les plus populaires de Russie, Oxxxymoron. Celui-ci est apparu à la manifestation portant un t-shirt de soutien à Egor Joukov, un étudiant de 21 ans emprisonné.

AFP/Archives / Vasily MAXIMOVInterpellation de l'opposante Lioubov Sobol lors d'une manifestation interdite, à Moscou le 3 août 2019

Si l'autorisation délivrée par la mairie de Moscou devrait permettre d'éviter les arrestations massives vues ces dernières semaines, l'équipe d'Alexeï Navalny a appelé à une marche en ville après le rassemblement. La police a prévenu qu'elle serait "immédiatement stoppée".

D'autres rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes de Russie. A Saint-Pétersbourg, 20 personnes ont notamment été interpellées, selon l'ONG OVD-Info.

- Ligne dure -

AFP/Archives / Robin BJALONL'opposition russe défie le Kremlin

La contestation a démarré après le rejet, pour des prétextes douteux, d'une soixantaine de candidats indépendants aux élections locales du 8 septembre, qui s'annoncent difficiles pour les candidats soutenant le pouvoir dans un contexte de grogne sociale.

Jour après jour, la ligne dure choisie par le pouvoir pour faire face à ce mouvement de contestation inattendu, inédit depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin en 2012, semble s'affirmer.

Cette semaine, le Parquet a ainsi demandé le retrait de ses droits parentaux à un couple ayant manifesté avec son bébé et laissé peser une menace similaire sur les parents tentés de faire de même. Les inculpations pour "troubles massifs" à la suite de la manifestation du 27 juillet se multiplient.

AFP / Alexander NEMENOVLe militant d'opposition russe Ilia Iachine pendant son procès pour participation à une manifestation non autorisée, le 8 août 2019 à Moscou

Quant à Alexeï Navalny, son "Fonds de lutte contre la corruption" est dans le viseur de la justice, qui a déjà gelé les comptes de l'organisation.

Parallèlement, les autorités tentent par tous les moyens de décourager les jeunes Moscovites de manifester. Comme la semaine dernière, la mairie de Moscou a sorti de son chapeau un festival de musique gratuit, organisé à la hâte samedi et dimanche dans un parc de la capitale.



AFP

Le populaire tabloïd Komsomlskaïa Pravda a lui publié un article titré "Ils veulent du sang" et citant plusieurs personnalités du monde de la culture, notamment des recteurs d'université, mettant en garde contre les manifestations.

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