Nouadhibou : l’activiste Ely Ould Bakar rejette la liberté provisoire sous caution et dénonce des conditions « injustes »
Toujours détenu depuis près de deux mois, l’activiste écologiste mauritanien Ely ould Bakar a catégoriquement refusé la proposition de libération provisoire formulée par la justice, estimant que les conditions imposées sont « excessives et inacceptables ». Mardi, la Chambre d’accusation du tribunal de Nouadhibou avait fixé à environ cinq millions MRO le montant d’une caution en contrepartie de sa libération. Mais Ould Bakar a rejeté cette offre, qu’il considère comme « une reconnaissance implicite de culpabilité ». Et de déclarer à ses proches, en demandant à ses avocats de faire appel : « Cette caution est une excuse déguisée, dénuée de sens. Je la rejette totalement. »
Ses défenseurs dénoncent également d’autres conditions jugées « disproportionnées », parmi lesquelles l’interdiction d’utiliser les réseaux sociaux et WhatsApp, ainsi que l’obligation de remettre son passeport au tribunal. « Ces mesures ressemblent davantage à une sanction visant à réduire mon client au silence qu’à une procédure judiciaire normale », a estimé Abderrahmane Zerroug lors d’une conférence de presse à Nouadhibou.
La famille et les soutiens de l’activiste se sont pourtant dits prêts à régler la caution exigée mais Ould Bakar insiste pour rester en détention jusqu’à ce qu’une décision de libération sans condition financière soit prononcée ou jusqu’à son procès. Ses avocats prévoient de déposer un recours afin de faire annuler la décision de la Chambre d’accusation. Depuis son arrestation pour avoir critiqué la politique environnementale du gouvernement, des manifestations se multiplient à Nouadhibou et plusieurs partis politiques, ainsi que des organisations de la Société civile, réclament sa libération, dénonçant une atteinte à la liberté d’expression.
« Tronc d’arbre utilisé comme estrade : pas de violation environnementale », tranche le MEDD
L’utilisation d’un tronc d’arbre comme estrade lors d’un festival culturel dans la région du Hodh El Gharbi a suscité une vive polémique en Mauritanie, dans un contexte de sensibilisation accrue à la lutte contre la déforestation et à la préservation de l’environnement. Le ministère de l’Environnement et du Développement durable a annoncé avoir ouvert une enquête pour vérifier qu’aucune infraction environnementale n’avait été commise. Selon le communiqué officiel, le tronc avait été précédemment déraciné par une tempête de sable et aucune atteinte volontaire aux arbres n’a été constatée.
Les organisateurs du festival ont souligné que la protection du couvert végétal figure parmi les principes fondateurs de l’événement et que le tronc a été utilisé pour sa valeur symbolique dans la culture islamique et le patrimoine local. Le ministère a réaffirmé sa tolérance zéro envers toute atteinte à l’environnement, et rappelé les risques liés à la déforestation, à la désertification et aux changements climatiques, confirmant ainsi son engagement à préserver le couvert végétal conformément aux lois environnementales en vigueur. Enfin, le communiqué souligne que les festivals culturels saisonniers reflètent une image positive du pays, suscitant un intérêt croissant auprès du grand public, des amateurs de culture, d’art, de tourisme.
Naufrage au large de la Mauritanie : au moins soixante-neuf morts et une centaine de disparus
Une nouvelle tragédie migratoire frappe les côtes mauritaniennes. Une pirogue transportant environ cent soixante-dix migrants a chaviré dans la nuit du mercredi 27 Août au large de Tanit, à une soixantaine de kilomètres au Nord de Nouakchott. Le bilan provisoire fait état d’au moins soixante-neuf morts et une centaine de disparus, selon plusieurs sources concordantes. Seuls dix-sept hommes ont survécu, après avoir nagé pendant plus d'une heure jusqu’au rivage. Parmi eux, onze sont originaires du Sénégal et six de Gambie. Ils ont été repérés par une patrouille de la garde côtière mauritanienne aux alentours de 23h30. D’après leurs témoignages, le groupe avait quitté la Gambie six jours auparavant. En panne de moteur, leur embarcation attendait en mer lorsqu’un passeur aurait tenté un transfert risqué vers une autre pirogue venue de Mauritanie. Ce transfert aurait déclenché un mouvement de panique, causant le chavirement du bateau.
Depuis le naufrage, les recherches se poursuivent.
Deux vedettes de sauvetage et un patrouilleur ont été mobilisés pour tenter de retrouver d’éventuels survivants. Les images de plusieurs corps échoués sur la plage, dont celui d’un jeune homme identifié grâce à ses papiers, ont circulé sur les réseaux sociaux. Ce drame s’ajoute à une série d’incidents survenus ces derniers mois. Depuis Juin, les autorités mauritaniennes ont secouru plus de huit cents migrants en mer. La route migratoire vers les îles Canaries, bien que moins fréquentée en 2025 comparée à 2024, reste extrêmement dangereuse. Selon le ministère espagnol de l’Intérieur, 11 883 migrants sont arrivés aux Canaries cette année, contre 22 304 l’an dernier à la même période — une baisse de 47 %, mais le flux reste toujours significatif. La Mauritanie demeure un point de passage stratégique mais périlleux pour des centaines de migrants désespérés. Ce naufrage rappelle l’urgence d’un renforcement des dispositifs de prévention et de secours mais, surtout, d’alternatives légales à ces traversées mortelles.