Le gouvernement mauritanien a proposé, ce week-end, le versement de plus de 27 milliards d’anciennes ouguiyas, soit environ 59 millions d’euros, en faveur des ressortissants négro-mauritaniens victimes des violences interethniques survenues entre 1989 et 1991. Présentée comme une avancée vers la reconnaissance du « passif humanitaire », cette initiative suscite toutefois des réactions partagées. Selon Lo Souleymane, un des représentants des victimes impliqué dans les discussions, cette proposition est l’aboutissement d’un long processus de négociations. « Les pourparlers ont duré plusieurs mois. Nous avions soumis au président de la République une demande de 35 milliards d’anciennes ouguiyas pour régler définitivement ce dossier. L’État en propose un peu plus de 27 milliards mais il ne s’agit que d’une base de discussion que nous devons encore soumettre aux ayants droit », a-t-il déclaré.
Du côté des associations de victimes, la déception domine. Le Collectif des veuves et orphelins de Mauritanie estime que l’indemnisation ne saurait remplacer la vérité ni la justice. « Ce que nous demandons avant tout, c’est que la lumière soit faite sur ces événements et que les responsables soient jugés. L’argent ne remplacera jamais la vie de nos proches. Nous réclamons une commission d’enquête indépendante », a affirmé sa présidente, madame Maïmouna Alpha Sy. Ces violences qui avaient éclaté à la fin des années 1980 avaient profondément marqué la société mauritanienne. Des milliers de personnes principalement issues des communautés noires avaient été victimes d’exactions, d’expulsions et d’exécutions sommaires. À travers cette offre d’indemnisation, l’État mauritanien espère tourner une page douloureuse de son histoire. Mais pour nombre de familles, la réconciliation passera d’abord par la vérité.
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Passif humanitaire : l’État propose 27 milliards pour les victimes des violences de 1989-1991