Une visite qui sonne comme une refondation de l’État/Wely Sidi Heiba

La récente tournée du président de la République Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani dans le Hodh El Charghi n’a pas adopté le profil habituel des visites officielles.
Elle s’est imposée comme un moment de vérité politique, un acte de rectification plus qu’un déplacement de terrain.
Derrière la solennité du protocole, c’est une nouvelle manière de gouverner qui s’est dessinée, plus directe, plus réaliste, plus ancrée dans la vie du pays.

Un ton nouveau, une méthode différente

Le changement se lit d’abord dans le style.
Loin des discours convenus et des promesses générales, le président a choisi de parler sans façon de la corruption, de l’éducation, de la terre, de la santé et de la sécurité.

Chaque étape de la visite ressemblait à un atelier de réflexion sur un pan essentiel de la vie nationale.
Ce choix du concret traduit la volonté de passer d’une parole de confort à une parole d’action, d’un langage de façade à une logique de projet.

En finir avec la corruption et le tribalisme

Le moment fort de la visite reste sans doute la dénonciation claire du système d’alliances et de protections qui, depuis des décennies, nourrit la corruption et entretient l’impunité.
En liant ces dérives aux structures tribales, le président a pointé le cœur du problème : tant que la loyauté clanique primera sur la compétence, l’État moderne restera inachevé.
Son appel à une administration fondée sur le mérite et la responsabilité marque une rupture assumée avec le passé, celle d’un État de citoyens, non plus de clienttélisme.

L’éducation, une matrice du changement

Le président a également insisté sur le rôle fondateur de l’éducation.
Non pas un enseignement qui distribue des diplômes, mais une école véritablement républicaine qui forme des esprits libres, capables de penser et de participer.
Il s’agit de passer de la mémorisation à la compréhension, du savoir passif à la citoyenneté active.
L’éducation devient ainsi le levier d’un véritable renouveau national.

Produire, soigner, nourrir : la vision du concret

Sur le terrain économique et social, le discours présidentiel s’est voulu lucide et sans détour.
En agriculture, il a mis en lumière les faiblesses du système de production et l’importance de relier sécurité alimentaire et souveraineté nationale.
En santé, il a rappelé que la couverture universelle n’est pas un luxe, mais un droit.
Partout, un même fil conducteur : placer l’être humain au centre du développement.

La sécurité, pilier de toute renaissance

Dans une région frontalière vaste et parfois fragile comme le Hodh El Charghi, le chef de l’État a rappelé que la sécurité n’est pas seulement affaire d’armée ou de frontières.
C’est une condition de la confiance collective, du développement et de la cohésion nationale.
Renforcer les forces de défense, oui, mais aussi combattre les causes profondes de l’insécurité : la pauvreté, l’ignorance et l’exclusion.
La paix durable, a-t-il semblé dire, se construit par la conjugaison de toutes les volontés : celle de l’armée qui accomplit sa mission avec professionnalisme, et celle des citoyens, appelés à faire preuve de vigilance et de patriotisme.

Vers un nouveau contrat entre l’État et le citoyen

Au-delà de la visite elle-même, c’est une philosophie de l’action publique qui s’affirme.
Transparence, équité, responsabilité : trois mots simples, mais porteurs d’un projet d’État.
Si la promesse se traduit en actes, la Mauritanie pourrait bien entrer dans une nouvelle étape de son histoire : celle d’un État fort par la justice, respecté par sa rigueur, et réconcilié avec ses citoyens.