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un grain de sable pour secouer la poussière...

Les habitants d'une île de Corée du Sud sceptiques sur le sommet intercoréen

Jeudi 26 Avril 2018 - 08:11

Quand un obus d'artillerie nord-coréen s'est écrasé sur sa maison il y a près de huit ans, pulvérisant le dernier étage, Kim Soo-ok, terrifiée, s'est précipitée pieds nus dans la rue, en hurlant que c'était la guerre.

La pluie d'obus qui s'est abattue en novembre 2010 sur l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, dans la mer Jaune, avait fait quatre morts et réduit des logements à l'état de ruines fumantes. 


Cette première attaque nord-coréenne contre des civils depuis la guerre de Corée (1950-53) fait encore trembler les habitants, qui témoignent d'un scepticisme amer à l'endroit de Pyongyang avant le sommet intercoréen de vendredi.

"A chaque fois que j’entends un gros bruit, je vais vérifier dehors par réflexe", dit Kim, gérante de café. "Je me couche toujours avec une valise prête au cas où".

Les 2.200 habitants de Yeonpyeong vivent à tout juste un kilomètre et demi d'une frontière maritime disputée avec le Nord.

Baptisée "ligne de limite du Nord" (NLL), cette frontière n'est pas reconnue par Pyongyang, qui argue qu'elle fut tracée par les forces des Nations unies emmenées par les Etats-Unis à la fin de la guerre.

La ligne de démarcation fut le théâtre d'affrontements maritimes brefs mais sanglants entre les deux Corées, en 1999, 2002 et 2009. La Corée du Nord avait affirmé que l'attaque de 2010 était une réponse à des bombardement sud-coréens dans ses eaux territoriales.

- "Ni par l'homme, ni par Dieu" -

Le long d'une route, une bannière proclame: "Le bombardement de Yeonpyeong ne sera toléré ni par l'homme ni par Dieu".

Par une journée dégagée, on aperçoit du haut d'une montagne des bâtiments en béton et des cabanes grises en Corée du Nord.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a inspecté plusieurs fois l'unité militaire déployée sur l'îlot de Mu auteur de l'attaque. Il lui a décerné le titre de "Détachement héroïque de défense", qualifiant l'incident de 2010 de "bataille la plus délicieuse".

Mais événement inimaginable il y a peine quelques mois, M. Kim rencontre vendredi le président sud-coréen Moon Jae-in pour seulement le troisième face à face du genre depuis la fin de la guerre.

S'ils saluent tous les signes d'apaisement, les habitants se méfient des intentions de la Corée du Nord.

"Ils ont passé les dernières 60 ou 70 années à fabriquer des choses pour tuer (...), pour bombarder les gens et torpiller leurs navires", dit Park Dong-ik, un résident de 80 ans.

A leurs yeux, le rapprochement actuel est superficiel et un autre conflit peut éclater à tout moment.

Kim Sung-ja, une habitante, explique que la situation à l'air peut-être paisible. "Mais qui sait ce qu'ils feront ensuite", demande-t-elle. "S'ils devaient nous bombarder aujourd'hui, on serait impuissants. On mourrait tous".

- "Zone de danger" -

Le souvenir glauque de l'attaque meurtrière est omniprésent sur l'île, de même que les signes de sa proximité avec la Corée du Nord.

Séoul a déployé sur Yeonpyeong des soldats et des armements supplémentaires. Des postes militaires parsèment le territoire. Le son des explosions des exercices de l'artillerie perturbent régulièrement la tranquillité ambiante.

Les exercices d'évacuation en urgence sont fréquents et sont généralement organisés dans l'un des quelques bunkers construits sur l'île.

Les barrières permettant d'accéder aux plages de l'île sont fermées à 18H00. Les soldats patrouillent le rivage à la recherche d'explosifs nord-coréens qui auraient pu venir s'échouer là.

Au centre du village de Yeonpyeong, deux maisons bombardées en 2010 ont été préservées en l'état, servant de rappel de l'attaque et d'attraction touristique macabre, avec leurs vélos incendiés rouillés et des escaliers en ruines.

Les habitants se plaignent de la chute de la fréquentation touristique ces huit dernières années. L'île n'est plus desservie que par un opérateur de ferries, contre trois auparavant, avec un seul bateau par jour.

Certains se prennent à espérer que le sommet chasse les peurs des touristes.

Pas Kim Young-sik, pêcheur de 68 ans, né sur cette île où il a vécu toute sa vie. "Yeonpyeong-do est bien connue dans le monde entier. Elle a la réputation d'être une zone de danger".



(©AFP / 26 avril 2018 10h02)
 
 
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