
Alors que les autorités mauritaniennes annoncent une nouvelle vague de reconnaissances de partis politiques, plusieurs voix dénoncent une ouverture sélective qui perpétue l’exclusion de certaines formations jugées trop critiques ou issues de franges marginalisées de la population.
Parmi les partis récemment agréés, on retrouve notamment « Nemaa », dirigé par Zeinabou Mint Taghi, ancienne députée islamiste ayant quitté le parti Tawassoul. Sont également reconnus : « La Mauritanie en avant » de Nourreddine Mouhamedou, ainsi que des formations dirigées par d’anciens cadres ou personnalités politiques connues, comme « Ijmaa » de Jamil Mansour (ex-leader des islamistes modérés), « Al Khiyar Al Akhar » de Mohamed Lamine Ould El-Wafi, « Shūrā» de Mamina Bahayda, « Construction Nationale » d’Ahmed Salem Abaydi, et « Hassād », fondé par Abderrahmane Ould Mini, ancien député du RFD.
Mais cette ouverture officielle ne bénéficie pas à tous. Des partis comme Réforme et Action Globale (RAG) ou les Forces Progressistes du Changement (FPC), malgré leur ancrage populaire et leurs démarches engagées de longue date, restent privés d’agrément. Ces exclusions suscitent des critiques croissantes, accusant les autorités de verrouiller le pluralisme au profit d’une scène politique domestiquée.
IRA s’indigne que tous ces partis aient franchi les conditions imposées par le ministère de l’Intérieur — notamment le parrainage de 5 000 citoyens répartis sur au moins 8 des 13 wilayas du pays — alors que d’autres mouvements issus des franges marginalisées se heurtent systématiquement à des obstacles administratifs ou à des refus non motivés.
L’IRA-Mauritanie dénonce un retour à un régime d’autorisation préalable, où le ministère de l’Intérieur décide seul, sans recours possible, de l’accès au jeu politique. Cette pratique, jugée contraire aux principes du multipartisme, viserait selon l’organisation à maintenir l’ordre sociopolitique en écartant les formations issues des communautés noires ou haratines, porteuses de revendications profondes en matière de justice et d’égalité.
Tout en réaffirmant son engagement pour une lutte non violente, IRA met en garde contre les risques d’instabilité qu’une telle politique pourrait engendrer. À ses yeux, l'inclusion de toutes les voix politiques reste une condition essentielle pour bâtir une démocratie véritablement représentative en Mauritanie.Mais ils avertissent : le maintien de ce système anachronique, dans un contexte régional tendu, expose le pays à des risques majeurs si aucune réforme inclusive n’est engagée.
lecalame