
On naît, on grandit, pour les plus chanceux on vieillit et on meurt. Je ne vous apprends rien. A chaque tranche de vie pour un être humain, correspond une période d'activité soit-elle scolaire, universitaire, militante, religieuse, sportive, militaire, lucrative, politique ou oisive etc...jusqu'au moment de la retraite. Généralement, elle se situe entre 60 et 70 ans, pour les cadres supérieurs de la fonction publique. L'âge propice pour mourir chez les musulmans est celui de notre prophète, le bien-aimé Mohamed (PSL), décédé le 8 juin 632 (12 al- Hejra). Au-delà de cet âge, la force physique commence à s'étioler, surtout pour les personnes qui ne s'adonnent pas à une pratique sportive permanente. Si Allah vous prête vie, c'est plutôt l'âge d'or, le repos du guerrier comme on dit, même si l'espérance de vie de l'homme a augmenté de nos jours, de par nos variétés alimentaires et les progrès de la science surtout dans le domaine de la médecine.
En Mauritanie et à l'instar de plusieurs pays du monde, la retraite est un droit, même si les textes qui la régissent datent de l'époque coloniale et ne répondent plus au train de vie quotidien, au labeur du travailleur, encore moins à son pouvoir d'achat, aussi bien du public que du privé. Ceci est une des raisons qui pousse les travailleurs mauritaniens à rebuter la retraite, contrairement à la majorité des pays du globe terrestre. Cependant certains des officiers généraux, après plus de 40 ans de service et qui ne doivent pas être concernés par cette "peur de l'inconnu", de par leur parcours florissant et leur traitement envieux, se font des soucis une fois passés à la 2éme section. Ainsi comment peut-on comprendre le sentiment d'affliction chez un général, parce que tout simplement admis à faire valoir ses droits à la retraite? Pourquoi ce sentiment de "déréliction" n'arrive qu'aux généraux au moment de la retraite, et pas aux autres officiers supérieurs du grade de colonel, de commandant, quand ces derniers doivent avoir légitimement plus de soucis à la réinsertion, suite à une longue carrière militaire couplée à une modique retraite ?
A/ Doit-on avoir peur de la retraite ?
Et pourtant c'est le seul moment dans la vie d'un homme où l'on peut s'adonner aux occupations aussi bien affective, didactique ou lucrative pour lesquelles on "avait pas le temps". Un général m'a confirmé récemment, qu'il se sentait très heureux car depuis sa retraite, c'était la première fois qu'il réunissait à chaque fois sa petite famille, discutait à bâtons rompus avec ses enfants, qu'il n'a pas vu grandir, à cause de sa longue carrière militaire qui l'a mené presque dans toutes les casernes de la Mauritanie. Pour cela, la retraite n'est-elle pas une aubaine pour un fonctionnaire de l'Etat, au crépuscule de sa vie?
Tous les généraux ne sont pas du même avis. Et quand la retraite frappe à leurs portes, une année auparavant, c'est le tournis. On oublie, en "bon musulman" qu'il y a une puissance transcendantale à l'origine de tout ce que l'on possède, et qu'il est inutile d'engager des démarches abracadabrantesques pour attirer l'attention du chef suprême des Armées sur son sort, afin de continuer à travailler. C'est ça qu'on appelle "mettre la pression" sur quelqu'un. Nous savons que le président Mohamed Ould Chekh Ghazwani est un officier intelligent, juste et avenant, ne voulant blesser personne. S'il voit la nécessité pour le pays de désigner un général pour une fonction, il le fera sans hésiter. Au fait, sur la soixantaine de généraux, il n'a que 3 qui ont servi en étant à la deuxième section; 2 du temps de l'ancien président Ould Abdel Aziz et 1 du temps de Ghazwani. Il s'agit des généraux Znagui Ould Sidahmed Ely (G5 Sahel), de Hanené Ould Sidi (G5 au Mali d'abord), ensuite ministre de la Défense Nationale jusqu'à nos jours et de Mohamed Ould Meguett, actuel président du parlement, un poste qui lui sied bien, puisque c'est un homme consensuel.
B/ Etre général d'Armée reste un emblème :
Une figure symbolique, qu'il soit sur les rangs ou à la retraite, le général se doit de préserver son intégrité morale, sa dignité. Il y a des emblèmes qui dépassent la simple représentation de la personne, s'affichant en figure de proue. Les lauriers n'ont jamais été issus de la quête obsédante de victuailles, mais plutôt de la grandeur de l'âme, issue d'un comportement exemplaire de l'officier.
Quand un général va à la retraite, il doit soit procéder à la création d'un think tank en nous proposant des argumentaires et des recommandations en matière de géopolitique ou de géostratégie; soit ouvrir une boîte de sécurité, en collaboration avec les différents pôles du renseignement. Ce qui permet l'aboutissement de la surveillance de nos frontières, au catalogue de nos entreprises stratégiques ( gaz, or, pétrole, fer) qui pourraient être d'intelligence avec l'ennemi, par des méthodes corruptives ou mafieuses...etc...Il peut s'adonner aussi à une activité purement personnelle, à caractère lucratif, mais en mettant toujours en exergue le sens de l'honneur et de son auguste rang dans la société. Bonne retraite "sans tambour ni trompette" pour les généraux qui évitent le "m'as-tu vu" /.
Ely Sid’Ahmed Krombelé
France
lecalame