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Ambassadeur Allemagne : « 2019 est un tournant politique en Mauritanie » (Interview)

Lundi 10 Décembre 2018 - 08:00

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Nouakchott et Berlin discutent, à partir de ce lundi 10 décembre, du renouvellement de leur accords de coopération financière et technique.

 

L’occasion pour Alakhbar d’interviewer l’Ambassadrice d’Allemagne à Nouakchott.

 

Gabriela Guellil livre son point vue sur la Force conjointe du G5 Sahel, estimant que les partenaires « pourraient contribuer un peu plus ».

 

La diplomate souhaite également que les élections présidentielles de 2019 en Mauritanie soient : « inclusives » et que la transition se passe « dans un climat de confiance » (Interview)

 

ALAKHBAR _ Quel a été le volume des échanges commerciaux entre la Mauritanie et l’Allemagne, en 2018 ?

 

Gabriela Guellil : Le volume de nos échanges commerciaux avec la République Islamique de Mauritanie a été considérable, en 2018 l’Allemagne a investi globalement un montant de plus de 43 millions d'euros, soit 16,633 milliards d'ouguiyas (MRO).

 

ALAKHBAR _ Pouvez-vous définir le cadre de coopération Mauritanie - Allemagne ?

 

Gabriela Guellil Nous avons des priorités décidées conjointement avec le gouvernement mauritanien. Elles concernent les secteurs clé dans lesquels l’Allemagne dispose d’une compétence particulière, comme la formation professionnelle. La plupart des Mauritaniens sont jeunes. Ils ont donc besoin d’une formation qui leur garantit l’avenir.

 

Nous sommes aussi engagés dans le domaine de la pêche, à travers la protection des ressources halieutiques, pas seulement au profit des oiseaux et animaux marins, mais aussi pour les populations qui dépendent de ces ressources, de même que pour les villageois que nous aidons à exploiter les ressources sans les épuiser.

 

Nous travaillons aussi pour le renforcement des capacités de l’administration mauritanienne. Il s’agit, pour l’Allemagne, d’apporter une contribution constructive et positive pour un meilleur déroulement technique, pour une meilleure gouvernance, sans trop se mêler dans la politique.

 

En ce qui concerne le domaine de la santé, nous sommes engagés mais surtout à l’échelle internationale notamment à travers nos contributions à l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Par exemple, nous participons dans la lutte contre les maladies épidémiques.

 

Dans le cadre de coopération, le secteur de sécurité est aussi un domaine d’intervention. Souvent, nous le faisons dans un cadre régional, par exemple le G5 Sahel ou en coordination avec les partenaires européens.

 

ALAKHBAR _La Mauritanie tend à devenir un grand producteur de gaz. Pourquoi vous n’avez pas cité le secteur énergétique ?

 

Gabriela Guellil Tout ce qui relève du secteur économique est considéré par les Allemands comme indépendant. On nous demande souvent - comme représentants du pays – de faire la promotion d’un secteur ou un autre pour y attirer plus d’investissements allemands. Mais, nos possibilités de promotion sont limitées. En Allemagne, ceux qui font les affaires sont autonomes. Ils n’attendent pas que le gouvernement fédéral les oblige de s’engager parce qu’il y a du potentiel ou des opportunités quelque part. Ils observent le marché et ils connaissent les chances et les risques.  Ils se dirigent vers nous pour solliciter appui de leur part : il faut que tel ou tel pays partenaire améliore telles ou telles conditions, sinon nous ne viendrons pas. Là, nous les diplomates, risquons dans ce cas de figure de tomber dans un piège, parce que des deux côtés, il y a des attentes difficiles à satisfaire. Il faut transmettre leurs critiques, dès fois brutales, à nos partenaires locaux, sans impliquer la coopération bilatérale.

 

ALAKHBAR _ À votre avis, comment régler les difficultés de financement de la Force conjointe du G5 Sahel ?

 

Gabriela Guellil Je ne cache pas, que j’éprouve une certaine gêne. Je voudrais qu’on réponde plus à la demande de nos partenaires du G5 Sahel qui ont besoin d’appui et qui cherchent coopération concrète avec des résultats immédiats et non seulement des promesses lointaines et peut-être même vagues. C’est dans cet esprit que mon gouvernement cherche à obtenir plus d’efficacité dans l’interaction avec nos partenaires.

 

ALAKHBAR _  Comment jugez-vous l’opérationnalité de la Force conjointe ?

 

Gabriela Guellil Concernant l’opérationnalité de la Force conjointe du G5 Sahel, je ne voudrais pas répondre par un jugement général en utilisant la classification : bon ou mauvais. Nous sommes en face d’une situation très complexe et d’un processus assez compliqué. Le progrès consiste dans le fait qu’il y a un projet de coopération et volonté politique de la part des pays voisins en difficulté. La Mauritanie se trouve dans une situation relativement confortable – stable -, comparée aux autres pays membres du G5 Sahel en proie aux actes terroristes sanglants des groupes armés. Ça brûle un peu au Mali, ça commence à brûler au Burkina Faso et - depuis un certain temps - ça va mal au Tchad. Le phénomène et le contexte diffère d’un pays à un autre ; mais les cinq chefs d’Etat sont apparemment déterminés à faire quelque chose ensemble. Cette approche mérite d'être encouragée. Chez nous, l’OTAN, comme organisation de sécurité, a pris beaucoup de temps et d’argent pour se développer. Il faut de la passion et de la patience.

 

ALAKHBAR _ Qu’est ce qui empêche l’inscription de la Force conjointe dans le chapitre 7 de la charte de l’ONU pour lui garantir un financement pérenne ? 

 

Gabriela Guellil Il y a une réalité mondiale : tant que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies ne se mettent pas tous d’accord, il n’y aura pas de financement selon la Charte. C’est le droit de véto. Aujourd’hui, le contexte général n’est pas favorable à un compromis entre les cinq puissances. Comme on sait, les Etats Unis ont déclaré, à plusieurs reprises, qu’ils veulent que tout engagement international soit efficace et limité avec la possibilité de retrait. Souvent les missions des Nations Unies ont été installées pour une phase intérimaire, mais finalement, elles sont devenues permanentes parce qu’il y a toujours une raison de les maintenir.

 

La différence entre la Force conjointe et les missions de Casques bleus, c’est que ces derniers sont déployés en dehors de leurs pays comme troupes internationales. Pour le G5 Sahel, c’est une alliance entre pays voisins, avec des armées nationales engagées pour protéger les frontières et leurs propres territoires. 

 

ALAKHBAR _ Quand sera opérationnelle la Force conjointe ?

 

Gabriela Guellil Je ne peux pas répondre à cette question. Mais nous espérons que cela aille vite, plus vite. Côté matériel, on a besoin d’appui financier. C’est un préalable pour devenir opérationnel. On est convaincu que le général mauritanien Hanana utilisera son mandat pour accélérer l’opérationnalité de la Force conjointe. Le général est une personnalité très respectée mais il ne dispose pas de matériels et d’hommes propres pour mener des interventions. La Force conjointe est constituée de contingents sous commandements nationaux.

 

Il y a un exemple qui résume les difficultés logistiques. Si le Secrétaire permanant du G5 cherche un entretien d’urgence avec le général Hanana, il n’y a pas de transport aérien pour que les deux se rencontrent immédiatement. Tout le monde connaît les connections entre Bamako et Nouakchott. Il faut faire le tour du monde…. J’espère que des partenaires dans la lutte contre l’extrémisme pourraient contribuer un peu plus. Je pense par exemple à l’Arabie saoudite dans le contexte de la visite du prince héritier Mohamed Ben Salmane en Mauritanie.

 

ALAKHBAR _ Quel est le regard de l’Allemagne sur les Droits de l’Homme en Mauritanie ? Est-ce que votre gouvernement discute de l’Affaire Biram Dah Abeid ?

 

Gabriela Guellil C’est étonnant qu’un député élu et qui n’est pas condamné soit en prison. Il paraît que les circonstances sont un peu particulières. A mon avis, il faut respecter la loi. Mais il faut trouver une solution. Est-ce qu’il n’y a pas de possibilité d’accélérer le processus de clarification ? Est-ce qu’il n’y pas de possibilité de suspendre les poursuites surtout au vu de l’état de santé de Biram. Est-ce qu’il n’y a pas une solution « élégante » tout en respectant la loi mauritanienne ? Je ne suis pas juge. Mais ce sont des questions que les observateurs des droits de l’homme en Allemagne et dans l’Union européenne posent à mon gouvernement lequel me demande de trouver les réponses. Je répète que je ne suis pas le juge. Mais je suis sûre qu’on pourra trouver une solution honorable et souveraine. Il dépendra de la volonté de toutes les parties ainsi que de la coopération de la part de l’intéressé qui souffre des conditions carcérales. Ce sera dans l’intérêt de la Mauritanie de trouver une sortie de l’affaire tout en attirant plus de respect et d’attention positive internationale.

source alakhbar.info

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