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Que sont devenues les anciennes " médersa " destinées aux fils de chefs traditionnels ?

Mercredi 18 Avril 2018 - 16:34

Que sont devenues les anciennes " médersa " destinées aux fils de chefs traditionnels ?

1. Les écoles sur la rive droite du fleuve .

En 1903, le colonisateur s’organise solidement auTrarza et au Brakna et prend pied au Tagant et en Adrar.

Sur la rive du fleuve il est très vite, tout a fait installé et il fonde des écoles, de même type,  avec même programme et même méthode que le reste de l’Afrique noire : Kaédi dés 1905 , Boghé a partir de 1912 éduquent  chacune, en moyenne 40 a 45 élèves.

Cependant tous ces élèves sont des noirs. On signale comme étonnante,  la présence éphémère de deux Ida Ouali, un , âgé de 16 ans ,l’autre de 35 ans en 1908.

Des Maures sont envoyés a l’école des fils de chefs a St Louis , mais ne s’y attardent pas et « l’augmentation des bourses n’y fait rien ».

Malgré cette répugnance beaucoup désirent avoir des connaissances pratiques de Français « pour commercer et traiter avec l’administration ».

2. Des Medersa au pays maure

Des « personnalités éclairées » du Trarza Cheikh Sidiya, son frère Sidi El Moktar Cheikh Souleymane des Oulad Deymane ) souhaiteraient une école instituée par l’Administration ou, à l’enseignement arabe traditionnel, se joigne celui du français et des sciences élémentaires. Ainsi mûrit le projet d’une Medersa à Boutilimit prés du grand Cheikh Quadria.

Dés cette époque,  les sous officiers sont chargés de petites écoles préparatoires futures: « écoles de villages classiques » auprès des postes administratifs à l’intérieur du territoire, destinées aux fils de goumiers, fonctionnaires, boutiquiers, serviteurs….

La doctrine officielle des Medersa est plus complexe. Il s’agit de rapprocher par leurs chefs , les tribus Maures restées hostiles d’établir des « Relations de confiance » avec les futurs chefs , de donner plus d’efficacité et de sécurité au système d’administration indirect inévitable en pays nomade ( Dubie).

C’est pourquoi depuis sa fondation jusqu’à sa fin, la Medersa sera réservée aux Maures , fils de notables et chefs . C’est l’intention clairement proclamée dans les arrêtés 12.9.33 et 5.11.40.

Mais Attention…Il y’a toujours un « mais ».

Dans ces recrutements on s’efforce « d’équilibrer » entre marabouts et guerriers. William Ponty le précisait déjà en 1911 : « Toutefois il ne saurait être question de favoriser le développement des écoles corniques en Mauritanie et l’influence de la caste maraboutique. Ils pourraient profiter de cette protection officieuse pour s’efforcer à notre insu de satisfaire leurs ambitions temporelles ».

La medersa de Boutilimit est fondée en 1913 . Elle comptait 9 élèves dont deux fils de chef de la tribu Zaouaya Daiman et deux fils de l’émir du trarza.

Ils font 12 H d’arabe ( exégèse coranique, droit, théologie) et 13H d’initiation en français. On considère qu’un instituteur ou interprète noir n’a pas assez de sciences arabo-islamique et un directeur français n’inspire pas confiance dans l’enseignement religieux dispensé à l’école.

Fermée en 1917 pour cause de guerre mondiale, puis transférée à Mederdra,  pour cause de mésentente du directeur avec les marabouts, la medersa de Boutilimit ré-ouverte en 1922 sera désormais dirigée par un Algérien « traditionaliste en religion ».

Le succès de la Medersa de Boutilimit pousse l’administration coloniale a instituer trois autres medersa en pays Maure : Timbedra 1933 ( à l’époque, rattaché au Soudan, actuel Mali), Atar 1936 et Kiffa 1939.

Il est intéressant de noter qu’à Atar, d’accord avec le gouverneur du territoire , les administrations établissent d’abord un programme uniquement en arabe.

Ce que le gouverneur général Brevie ne peut admettre. Ils instituent alors un enseignement français facultatif. Ce que Brevie finit par accepter , tant qu’il  n’y’a pas moyen de faire autrement  et à condition que cela ne dure pas plus de quatre ans. Effectivement , deux ans après , l’enseignement du français devient obligatoire .

Pour rétablir « l’équilibre » si important pour le colonisateur, entre marabouts et guerriers, l’administration s’efforcera de favoriser le recrutement des guerriers dans la medersa d’atar, plus nombreux et plus influents en Adrar pour contrer les marabouts plus nombreux et plus influents à Boutilimit .

En 1940, il y’aura en Mauritanie quatorze écoles préparatoires d’une seule classe, deux écoles régionales ( Kaédi, Boghé ) allant jusqu’au CM2,  totalisant 780 élèves et trois medersa en comprenant 125.

Que reste-il aujourd’hui des anciennes medersa, en tant que symboles , prouvant que le pays est passé par de nombreuses prouesses et manœuvres historiques avant d’aboutir à ce qu’il est aujourd’hui?

De la medersa d’Atar, en tout cas,  située à Kanaoil ,quartier sud de la ville , il ne reste plus que vestige de l’ancien bureau du directeur et le mur Ouest qui abritait, les latrines,buanderie et  cuisine .

Les salles de classe , pourtant construites suivant une architecture saharienne exemplaire,à base de pierres rouges taillées et embellies de quadrillages en ciment , sont en cours de démolition aujourd’hui , pour laisser place à des charpentes en béton. Un pan de notre histoire s’enfume.

 

L’image contient peut-être : ciel, plage, océan, plein air et nature

Ely Salem Khayar

Tiré en grande partie du livre de Francis de Chassey : « Mauritanie, 1900-1975: facteurs économiques, politiques, idéologiques et …

 

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