Tout est prêt pour cela. On s’étonne seulement que les mauritaniens des régions marginalisées et insultées à longueur d’années par ce régime n’aient pas réagi plus tôt. Ces mauritaniens ont fini par comprendre que les valeurs qui les unissent dans les grands ensembles où ils ont grandi sont plus forts et plus dignes d’être défendus que le feu de diversion que ce pouvoir, de ce premier ministre, a cultivé : guerre médiatique et politique entre non plus négro-mauritaniens et maures mais entre hratines et maures.
Histoire coloniale révisée pour insulter le nom des bâtisseurs de ce pays contre les héritiers des collabos à la solde du royaume du nord alliés aux aigris de l’Est. Issu du Trarza et du Tagant, métis d’une Mauritanie plurielle, il m’a fallu une longue observation de ce qui se passe actuellement dans ce pays pour comprendre où les nouveaux maîtres veulent mener une bonne partie de la Mauritanie : marginalisation aujourd’hui pour que leurs enfants soient ignorants et dominés demain.
Le piège où ces régionalistes haineux, racistes et culturellement complexés ont voulu mener le pays a échoué pour l’instant. Ils auraient voulu voir les maures et les hratines se diviser définitivement pour cacher la vraie guerre psychologique en Mauritanie entre une Mauritanie éclairée, juste, moderne, ouverte sur le monde et sans complexe face à la pacification et une Mauritanie archaïque, complexée, esclavagiste, foncièrement raciste.
La couleur, la « race » n’ont à rien voir dans le pedigree de ces deux ensembles. Il s’agit d’identité psychologique et de valeurs or tout les oppose. Le malheur a fait que la Mauritanie sombrant depuis 40 ans dans la décadence, ce soient les mauvaises herbes, comme les lichens qui aient prospéré sur la décomposition.
Aujourd’hui qu’ils tiennent le pouvoir, les voilà qui ne préservent même plus les apparences. Ils n’ont qu’un mot à la bouche « c’est la faute à l’étranger ». Tout ce qui arrive à la Mauritanie serait la faute de la colonisation, les légumes la faute aux marocains, les poissons la faute aux sénégalais, la saleté la faute à Pizzorno, l’incompétence la faute à la mauvaise foi.
Pourtant, les dix dernières années sont là pour témoigner du bilan des nouveaux maîtres. Quel résultat ? Une Mauritanie plus divisée que jamais, des régions entièrement marginalisées. Le Trarza étant l’exemple le plus scandaleux avec cette route de Rosso comme chemin de croix. Faut voir la ville de Rosso, on dirait un camp de réfugiés. Les gens du Trarza pour ne citer qu’eux voient leurs ancêtres, leurs grands-parents insultés jour et nuit par des gens dont les parents ont été pacifiés comme les autres et dont la mémoire offre à la postérité tant de photos si bien médaillées par la France.
Il ne faut pas non plus s’étonner du sort réservé à l’élite hratine. Si vous avez quelques talents, un ton non domestique, malheur à vous si avez une goutte de sang hartani. Ils ont un nez pour cela et surveillent tout dans l’œuf. Le culte de la médiocrité est leur seconde religion quant à la première, Dieu suffit pour témoin quand on voit la division et l’injustice qu’ils sèment au nom de l’islam.
Jamais la Mauritanie n’a été aussi symboliquement archaïque, malheureuse, paumée livrée à la folie des grandeurs de gens ayant perdu tout sens des réalités. Les photos des promotions des écoles militaires, celle du gouvernement montrent une discrimination assumée mais pendant que les innocents verront leur race au pouvoir ils oublient qu’en grattant un peu on ne retrouve en vérité que les cousins et les parents de tel et tel marginalisant sa propre tribu !
La Mauritanie a atteint un seuil critique du culte du mensonge, de la haine et de l’humiliation au seul profit de l’archaïsme, du complexe identitaire haineux.
On assassine sous nos yeux tout symbole d’une autre Mauritanie possible : la Mauritanie plurielle ouverte sur le monde.
A ce rythme, demain les mauritaniens éclairés comprendront qu’il n’y aura plus que deux choix : l’exil ou le combat par tous les moyens contre la dictature régionaliste arrogante et arriérée.
VLANE
VLANE