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Lô Gourmo Abdoul : La parole droite d’un homme debout

Vendredi 4 Juillet 2025 - 18:46

Lo Gourmo
Lo Gourmo
Il est des hommes qu’on ne juge pas à leurs mots, mais à la cohérence de leur vie.
Lô Gourmo Abdoul fait partie de ceux qui n’ont jamais confondu la franchise avec l’invective, ni la fidélité avec la soumission. Il est de ceux pour qui parler vrai n’a jamais été une posture mais un engagement, payé parfois au prix fort.
 
Juriste, enseignant-chercheur, avocat au barreau de Nouakchott, il a formé et conseillé des générations entières. Mais ce qu’on oublie souvent de dire, c’est ce qu’il fait concrètement pour ces générations d’étudiants mauritaniens, de toutes origines, qu’il aide à entrer et à réussir leurs études supérieures au Havre, mais aussi en Normandie et partout ailleurs en France.

Par pure bienveillance, par ce patriotisme sincère qu’on appelle chez nous « Djinguéré ». Car Gourmo ne demande jamais d’où l’on vient avant d’aider. Il ne détourne pas le regard comme d’autres le feraient. Il tend la main, il protège, sans calcul, sans distinction d’ethnie. Parce qu’à ses yeux, être Mauritanien, c’est porter la responsabilité de tous les Mauritaniens.
Un ami commun m’a rapporté une anecdote qui révèle bien l’homme en devenir que fut très tôt Gourmo. Juste après son baccalauréat, alors jeune étudiant noir mauritanien parti poursuivre ses études supérieures en Tunisie, il n’hésita pas à contredire son professeur, dans une époque marquée non seulement par les crispations identitaires mais aussi par un bouillonnement idéologique intense.

C’était un temps où les jeunesses africaines débattaient âprement des modèles venus de l’Est ou de l’Ouest, des idéaux socialistes ou capitalistes, des grands récits révolutionnaires ou des promesses libérales. Dans la pénombre d’un amphithéâtre tunisien, il osa questionner et provoquer intellectuellement son professeur. Celui-ci, au lieu de le sanctionner, comprit rapidement l’intelligence vive et la maturité précoce de ce jeune étudiant. Il l’invita à débattre et à expliquer devant ses camarades.

Déjà, Gourmo Abdoul démontrait cette capacité rare à s’imposer par la clarté de sa pensée et le respect qu’il inspirait naturellement à ceux qu’il osait interpeller. Il est façonné par une école où la parole se pèse et convaincre importe plus que vaincre. Il garde la mémoire d’une tradition où l’honneur se vit pleinement. Il a su marier la richesse des valeurs héritées avec les exigences du modernisme. Et s’il est respecté au-delà de nos frontières, ce n’est pas seulement pour ses titres ou ses plaidoyers.

C’est parce qu’il a porté la Mauritanie avec dignité, du Havre à Paris, de la Tunisie à la France. Sans renier, sans s’excuser d’être ce qu’il était. Il a choisi de rester Mauritanien. Non par obligation, mais par fidélité consciente. Il a refusé d’autres passeports, d’autres facilités. Il avait hâte de rentrer. De servir. Car servir, pour lui, n’a jamais été un mot vide. Il l’a prouvé dans ses combats. Défenseur des déportés, adversaire de l’esclavage sous toutes ses formes, il a mis des mots là où d’autres mettaient des voiles. Il a parlé de citoyenneté de seconde zone non pour diviser mais pour dévoiler. Parce qu’il sait qu’on ne soigne pas une plaie qu’on cache.

Mais la franchise n’est pas, chez lui, un prétexte pour la violence. Il a toujours plaidé pour le dialogue. Il a cherché à rassembler sans gommer les différences. Il a cru en une opposition unie, capable de se respecter tout en se critiquant. Il a payé ce choix. Mais il n’a jamais cédé. Aujourd’hui encore, il est là. Présent. Vigilant. Prêt à dire, à écouter, à corriger. Quand on parle de dialogue national, je pense à lui. Parce qu’il l’a toujours voulu. Parce qu’il en connaît la nécessité. Parce qu’il a toujours su que la Mauritanie ne se sauverait pas dans les slogans mais dans la parole échangée, risquée, offerte. C’est pour cela que je veux lui dire merci aujourd’hui. Pas demain. Pas quand il sera trop tard. Mais maintenant. Parce qu’il est encore debout. Et que nous avons besoin de cette droiture.
 
Merci, Lô Gourmo Abdoul.
Mansour LY – Juin 2025
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