’Nous nous attendons à un dialogue inclusif qui améliorera la stabilité politique, sociale et économique du pays’’
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Le Calame : Le gouvernement a ordonné la régularisation du personnel non permanent de la SOMELEC et des pigistes des media publics, comme il a décidé de faciliter l’accès aux logements pour les enseignants. Que pensez-vous de ces mesures ?
Fatimetou Habib : Merci de l’opportunité que Le Calame me donne de me prononcer sur certaines questions d’actualité. Je saisis cette occasion pour remercier et féliciter Son Excellence le président de la République monsieur Mohamed Cheikh Ghazouani pour la résolution de ces problèmes qui duraient depuis plusieurs décennies et que j’apprécie donc entièrement à sa juste valeur. Comme vous le savez, le volet social demeure un marqueur du premier mandat de Son Excellence et ce travail sera poursuivi activement tout au long de son second quinquennat, avec l’objectif principal d’améliorer les conditions de vie de ses concitoyens. Comme vous l’avez constaté, ces gestes ont suscité une réaction positive des bénéficiaires. Ils se sont mobilisés pour remercier le président de la République et louer ses égards à l’endroit des citoyens et l’équité qui guide son action.
- Le coordonnateur national du dialogue politique en gestation, monsieur Moussa Fall, a annoncé, lors d’une récente conférence de presse, que la première phase de préparation de celui-ci devrait s’achever d’ici deux à trois semaines. Pouvez-vous nous présenter les propositions de la majorité remises au coordonnateur ? Qu’attendez-vous de ce conclave ?
- Nous suivons avec intérêt le travail de préparation que mène le coordinateur national monsieur Moussa Fall, nous apprécions son approche et sa méthodologie novatrice. Nous espérerons que tous les acteurs politiques et toutes les personnes-ressources – d’une manière plus générale, l’ensemble des patriotes – lui apporteront leur soutien et contribueront à la réussite de ce dialogue initié par Son Excellence le président de la République, sans aucune contrainte. Pour sa part, l’INSAF, comme certainement tous les partis de la majorité, s’investit pour la réussite de ce dialogue. C’est dans ce cadre qu’ils ont formulé, de manière consensuelle, leurs propositions et les ont remises au coordinateur national, il y a quelques semaines déjà. Comme tous les Mauritaniens, j’attends un dialogue inclusif qui améliorera la stabilité politique, sociale et économique du pays.
- Comment évaluez-vous de la mise en œuvre de la déclaration de politique générale du Premier ministre devant le Parlement, il y a quelques mois ?
- Votre question vient comme pour prolonger la première où j’ai rappelé l’importance que le président de la République accorde au volet social et l’attention particulière qu’il porte aux couches vulnérables du pays. Aussitôt après son passage devant le Parlement, le Premier ministre, monsieur El Moctar Djay, s’est mis au travail pour traduire en actes les engagements électoraux du président de la République. Et l’on a vu aussitôt émerger des chantiers structurants et un programme d’urgence pour la modernisation de Nouakchott. On a vu, partout dans les régions du pays, des projets d’infrastructures d’appoint aux programmes des différents ministères, notamment la santé, l’éducation, l’eau, l’électricité, les routes… avec cette particularité de répondre aux préoccupations des populations. Les ministres sont allés écouter et recenser leurs priorités. Une approche participative novatrice à même d’associer celles-ci et les élus locaux à la réalisation de leurs projets. Il s’y ajoute que le premier ministère a mis en place des comités interministériels pour la coordination et le suivi des actions du gouvernement sur le terrain. Des visites de contrôle sont également régulièrement organisées. C’est dire que le gouvernement veille aux respects des normes et la qualité des infrastructures. On peut donc avancer que la mise en œuvre des engagements de politique générale du Premier ministre devant le Parlement se déroule dans de bonnes conditions et nous nous en félicitons car il s’agit de la volonté de Son Excellence le président de la République de répondre aux attentes des citoyens.
- Face à la récurrence des cas de viols et de violences contre des filles et même des femmes, les activistes des droits humains, en particulier celles-ci, ne cessent de réclamer l’adoption de la loi Karama qui traîne depuis des années entre le Parlement et le gouvernement. D’abord, qu’est-ce qui explique, à votre avis, cet accroissement des viols sur des femmes et des filles même mineures ? Ensuite, qu’est-ce qui retarde le vote de la loi censée les protéger ?
- Merci pour cette question. Elle me permet d’apporter une clarification à nos concitoyens qui l’ignorent peut-être. Le projet de loi Karama n’a jamais été présenté et discuté à l’Assemblée nationale, ce propos est pure allégation. Quand elle sera déposée par le gouvernement, les députés en débattront et se prononceront, le moment venu. Cette précision étant faite, j’attire votre attention sur le fait que les parlementaires sont très sensibles, aux violences auxquelles vous faites allusion ; ce sont des pères, des mères, des oncles, des tantes, des sœurs, des frères, des cousins et cousines mais, avant tout, des humains. Nous ne pouvons pas demeurer indifférents à l’égard de ces crimes perpétrés par des malfrats. C’est pour cette raison que nous réclamons avec force et fermeté une loi dissuasive, ferme et sans équivoque, respectant les principes de notre sainte religion, l’islam, qui protège les filles et les femmes et punira sévèrement les auteurs de ces odieux crimes inacceptables.
C’est vrai, on constate malheureusement une augmentation inquiétante et inacceptable de la violence – particulièrement le viol de femmes et de filles – qui peut s’expliquer, entre autres, par la consommation des drogues, la diffusion incontrôlée des films et vidéos de viol et de violence, la montée fulgurante des réseaux sociaux et, bien évidemment, l’absence de textes juridiques punissant lourdement ces méfaits et crimes. En attendant, c’est le lieu d’inviter l’ensemble des Mauritaniens à un sursaut de responsabilité. Les parents doivent veiller et éduquer leurs enfants en les mettant en garde contre le danger de certaines vidéos et films qui inondent la Toile, en particulier sur les réseaux sociaux. Il y va de l’avenir de leurs enfants mais également de notre cher pays. Le travail de sensibilisation et de prévention doit être suivi à tous les niveaux.
- Notre pays enregistre un autre problème, à savoir l’invasion de produits psychotropes et de médicaments contrefaits. En démantelant récemment un réseau de trafiquants de ces produits, les autorités ont promis que justice sera dite. Pensez-vous que les Mauritaniens sont rassurés pour autant ?
- Rassurés, oui car les autorités font du bon travail et ont promis de faire toute la lumière chaque fois que survient un drame. Mais ce travail ne saurait suffire à lui seul, il requiert une forte implication de l’ensemble des citoyens, des élus, des guides religieux, des organisations de la Société civile et des jeunes. La vigilance doit rester de mise et le travail préventif permanent. Comme je l’ai dit précédemment, le rôle des familles, la sensibilisation sur les dangers et la gravité de la consommation de ces produits nocifs sont indispensables et déterminants dans le combat contre ce fléau.
- Le trafics de migrants constitue lui aussi une autre préoccupation. Quel danger représente-t-il pour le pays et sa jeunesse ? Pensez-vous que les mesures prises par le gouvernement pourraient venir à bout de cet autre fléau ?
- Oui, c’est un problème mondial et qui peut être un facteur majeur d’instabilité des nations. Parmi les dangers qu’il représente, on peut citer l’insécurité du pays, le trafic de drogues et d’alcool, la prolifération des réseaux illégaux de trafic des personnes, la perte d’emplois par concurrence illégale. C’est pour prémunir justement les citoyens mauritaniens contre ce danger que le gouvernement a entrepris, il y a quelque temps, de sécuriser les frontières et contrôler ainsi, avec des moyens légaux, le flux de migrants qui entrent illégalement dans notre pays. C’est son devoir et il a besoin, pour relever ce gros challenge, de l’appui de tous les citoyens mauritaniens.
- La Commission nationale des femmes de l’INSAF vient de recevoir une délégation de ses consœurs palestiniennes à Nouakchott, au moment même où Israël massacre les populations de Gaza. Quelle signification donnez-vous à ce geste ? Que font les femmes mauritaniennes pour soutenir le peuple palestinien ?
- Je pense que notre commission à l’INSAF, comme l’ensemble des militantes, ont bien fait d’accueillir à bras ouverts nos chères sœurs palestiniennes pour leur exprimer notre solidarité et soutien inconditionnel devant l’injustifiable barbarie qu’elles subissent, hélas, de la part des Sionistes, au su et à la vue du monde entier. Ce soutien a été mainte fois réitéré par Son Excellence Monsieur le président de la République et le peuple mauritanien, majorité et opposition unanimes, n’a cessé et ne cessera de condamner vigoureusement le génocide que subit le peuple palestinien, particulièrement à Gaza. Les Mauritaniens ne ménagent aucun effort pour soutenir nos frères et sœurs ; nos consœurs palestiniennes savent qu’elles peuvent compter sur nous, avec, en tête, madame la docteure Mariem Vadel Dah, seule Première dame au Monde à avoir rejoint les marches de soutien aux Palestiniens. Comme vous le savez, ce soutien est exprimé par toutes les Mauritaniennes jusqu’aux fins fonds de notre pays parce que la cause palestinienne est juste et le combat légitime. Je vous remercie.
Propos recueillis par Dalay Lam
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