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un grain de sable pour secouer la poussière...

L'ambassadeur de France honore 4 personnalités mauritaniennes

Vendredi 20 Octobre 2017 - 12:59

La résidence de l’ambassadeur de France à Nouakchott a abrité jeudi  soir une cérémonie,  au cours de laquelle plusieurs personnalités nationales, ont été honorées  dont l’ancien ministre et écrivain, la journaliste Hindou Mint  Ainina.

Au cours de cette cérémonie,  ont été  également remis des insignes de  chevalier des arts et lettres à trois écrivains : Idoumou Ould Mohamed Lemine, M’bareck Ould Beyrouk et zakaria Sall.

Madame Hindou Mint Ainina qui avait occupé le poste de ministre de la culture, avait à cette époque, initié et lancé une variété de projets culturels qui ont boosté les missions et activités de  ce département.

La cérémonie intervient quelques jours avant la fin de la mission de l’ambassadeur de France à Nouakchott Joel  MEYER ,qui devrait quitter le pays dans les prochains jours.

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Discours prononcé le 19 octobre 2017 par M. Joël MEYER, Ambassadeur de France en Mauritanie, à l’occasion de la remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres

àMme Hindou mint Mohamed Aïnina.

Nous sommes ici ce soir pour rendre hommage à une femme journaliste, ancienne Ministre, Mme Hindou mint Mohamed Aïnina, à laquelle leurs qualités et leurs compétences remarquables ont valu d’être nommé par la ministre de la Culture, Mme Audrey Azoulay, Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres, Ordre créé, je vous le rappelle, en 1957, destiné à honorer les mérites des «personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu’elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde ».

 

Mesdames, Messieurs,

Je vais décorer Mme Hindou mint Mohamed Aïnina qui a fait honneur à notre République par son action et son engagement personnel.

Avant de lui remettre les insignes, conformément à la tradition, permettez-moi de dire qui est cette personnalité méritante, qui se cache derrière cette femme en retraçant rapidement son parcours qui lui vaut, aujourd’hui, de recevoir cette distinction française, même si la majorité des personnes présentes, ici, ce soir, connaissent bien mieux Mme Hindou que moi.

Après des études pour devenir enseignante, Mme Hindou Mint Aïnina se retrouve journaliste un peu par hasard, en 1989. Avec une bande d’amoureux de l’écriture et des belles-lettres (M’Barek o/ Beyrouk, Idoumou o/ Mohamed Lemine qui sont présents ici ce soir parmi nous (et qui vont aussi être décorés), elle participe au lancement de « Mauritanie demain« , seul journal indépendant de l’époque, dont la périodicité est aléatoire. Ces « contestataires » s’indignent des massacres entre Maures, Haratines, Peuls ou Wolofs à la frontière sénégalo-mauritanienne. « Il y a eu alors beaucoup de morts, déplore-t-elle, alors que tout le monde cohabitait pacifiquement jusque-là. »

En 1993, vous faites partie de la rédaction de l’hebdomadaire Al-Bayane, lui aussi contestataire et lui aussi censuré. La même année, vous devenez la rédactrice en chef du journal d’expression française Le Calame, où vous défendez auprès des lecteurs – je cite – « l’apprentissage de la liberté, de l’égalité et de la démocratie ». Et surtout de l’égalité, car vous affirmez : «on ne naît pas égaux, il faut le devenir. Dans tout le Sahel, si on n’apprend pas l’égalité, il est impossible de sortir du statut social où l’on est enfermé ». Jusqu’en 2007, cette conviction fonde le combat de la rédaction du Calame, dont vous êtes la rédactrice en chef.

En parallèle, le 15 décembre 2005, le Premier ministre de l’époque, Sidi Mohamed Ould Boubacar, vous nomme membre de la Commission nationale consultative pour la réforme de la presse et de l’audiovisuel (CNCRPA).

Puis, vous entrez dans le monde de la politique. Hindou Mint Aïnina est nommée conseillère en communication et en relations avec la société civile du Premier ministre, Zeine Ould Zeidane, de 2007 à 2014.

En août 2014, le Président de la République, Mohamed Ould Abdelaziz, la choisit comme Ministre déléguée chargée des Affaires maghrébines, africaines et des Mauritaniens de l’étranger, puis, début 2015, comme Ministre de la Culture et de l’Artisanat. Vous occuperez ces fonctions jusqu’en avril 2016. Tout au long de votre mandat, vous vousêtes efforcée de dynamiser votre Ministère et de soutenir, sans distinction, toutes les formes d’expression artistiques. Les artistes mauritaniens ont ainsi pu trouver une écoute bienveillante à leur égard.

Vous êtes également membre active du Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Ouest Saharien (CEROS), association de recherche scientifique basée à Nouakchott qui s’est fixée comme objectif de contribuer au développement de la recherche en sciences humaines et sociales sur l’Ouest Saharien.

Mme Hindou mintAïnina, Mme la Ministre,vous êtes une femme de convictions, résolument moderne, imprégnée d’une réelle culture politique progressiste.Forte de ces convictions et de votre éducation politique familiale, vous dénoncez et luttez contre toutes les formes d’archaïsme et d’obscurantisme qui traverse la Mauritanie contemporaine. Proche des individus, vous êtes une femme simple et humaniste, francophone et francophile, très attachée aux valeurs que la France porte et défend. Vous incarnez une Mauritanie ancrée dans le monde, ouverte sur l’extérieur, fière de ses diversités.

Cette distinction vient souligner et récompenser, d’une part, votre attachement à la liberté – de pensée et d’expression – sous toutes ses formes, et d’autre part, les efforts que vous avez pu déployer, avec de faibles moyens matériels et financiers, pour soutenir les Arts et la Culture en Mauritanie.

Mme Hindou mintAïnina, au nom de la ministre de la Culture, je vous fais Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres.

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Discours prononcé le 19 octobre 2017 par M. Joël MEYER, Ambassadeur de France en Mauritanie, à l’occasion de la remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres

àM. Idoumou o/ Mohamed Lemine.

Nous sommes ici ce soir pour rendre hommage àun écrivain, M. Idoumou o/ Mohamed Lemine, à laquelle leurs qualités et leurs compétences remarquables ont valu d’être nommé par la ministre de la Culture, Mme Audrey Azoulay, Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres, Ordre créé, je vous le rappelle, en 1957, destiné à honorer les mérites des «personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu’elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde ».

 

Mesdames, Messieurs,

Je vais décorer M. Idoumou o/ Mohamed Lemine qui a fait honneur à notre République par son action et son engagement personnel.

Avant de lui remettre les insignes, conformément à la tradition, permettez-moi de dire qui est cette personnalité méritante, qui se cache derrière cet homme en retraçant rapidement son parcours qui lui vaut, aujourd’hui, de recevoir cette distinction française, même si la majorité des personnes présentes, ici, ce soir, connaissent bien mieux M. Idoumou o/ Mohamed Lemine que moi.

Originaire du centre de la Mauritanie, le Tagant, Idoumou ould Mohamed Lemine est professeur de littérature à l’Université  de Nouakchott et à l’Ecole Normale Supérieure de Nouakchott depuis 1985, coordonnateur de la filière de Littérature francophone en Mauritanie. C’est également un écrivain d’expression française de talent, dont la renommée dépasse les frontières de la Mauritanie.

Idoumou ould Mohamed Lemine est résolument le symbole de cette Francophonie mauritanienne, éduquée et qui est passée par le Lycée National de Nouakchott à la fin des années 70, antichambre de la future élite intellectuelle du pays. Vous maniez avec beaucoup de dextérité notre langue, bercé de culture française depuis votre tendre enfance sur les dunes du Tagant, sans toutefois renier votre attachement au Sahara et au continent africain (vous lisezJeune Afrique depuis l’âge de 12 ans me dit-on).

Ainsi, après des études supérieures en Lettres françaises (CAPES, 1984), en Mauritanie, à l’Ecole Normale Supérieure puis au Maroc où vous obtenez un DEA de Lettres françaises à l’Université Mohamed V de Rabat, vous vous investissez rapidement dans la presse écrite en participant, dès 1987-88, à la création de l’unique mensuel indépendant d’expression française de l’époque, « Mauritanie demain« , avec votre ami M’Barek ould Beyrouk (ici présent), bien avant, le vent de libéralisation de la presse mauritanienne de la fin des années 90. Vous collaborerez à de nombreux journaux et revues (Directeur/fondateur d’Al Moustaqbal  (l’avenir en arabe) en 1992, traducteur à l’Agence Mauritanienne d’Information, avant de diriger pendant quelques années l’édition française du journal Al Joumhouria (La République en arabe). Vous dirigerez, de 2001 à 2007,  le Centre de Renforcement des Langues (CREL) de l’Université de Nouakchott, avant d’occuper de hautes fonctions politiques en tant que Conseiller principal chargé de la Communication du Président Sidi Mohamed ould Cheikh Abdellahi. Le 1er août 2008, [quelques jours avant le coup d'Etat], vousêtesnommé Président de la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA) pour quelques semaines à peine.

Depuis cette date, vous vous consacrez exclusivement et avec passion à la littérature mauritanienne francophone, avec pour objectif de combler le déficit du traitement de ce genre de littérature en Mauritanie et à l’extérieur du pays. Dès 1992, vous participez en tant que co-auteur à un Guide de la littérature mauritanienne, anthologie méthodique, édité et publié chez L’Harmattan. Vous avez fait paraître de nombreuses nouvelles littéraires et poèmes dans les journaux. Votre activité de critique littéraire, s’intéressant aussi bien à la littérature française qu’aux littératures francophones, vous ont amené à contribuer au numéro spécial de la revue Notre Librairie portant sur la littérature mauritanienne en 1996.

Plus récemment, en 2016, vous collaborez activement en tant que co-auteur, aux côtés notamment du Pr Mamadou Kalidou Bâ, à l’Anthologie de littérature mauritanienne francophone, publiée à Nouakchott par les éditions Joussour (Ponts en langue arabe) avec le soutien de cette ambassade.

En 2015, vous publiezvotre premier roman, Igdi, les voies du temps (Editions Langlois Cécile, Paris) qui reste dans le droit fil de vos préoccupations de journaliste et d’homme politique. A travers cette première œuvre, vous venez approfondir cette analyse, sans far, de la société mauritanienne. Votre œuvre est l’évocation des mutations d’une société confrontée aux impératifs de la modernité, les travers et les déviances de régimes politiques autoritaires et cyniques. Le récit, d’une portée poétique, fait aussi le lien avec la culture hassanya ou arabe classique.

Votre second roman, Le fou d’Azzawan, sorti à la fin de l’année 2016, dans lequel vous décrivez les péripéties d’un monde nomade mauritanien en voie d’extinction, est également particulièrement empreint de poésie.

Vous êtes actuellement vice-Président de l’Association mauritanienne pour la Francophonie, créée en 2011, et depuis peu, membre et secrétaire à l’édition de l’Association des Ecrivains mauritaniens d’expression française (créée en janvier 2016) ainsi que Président d’honneur de l’Association des professeurs de français de Mauritanie.

Cette distinction vientainsi souligner et récompenser un ardent défenseur de notre langue ainsi qu’un auteur talentueuxqui manie notre langue avec beaucoup de finesse et de poésie, sans se départir d’une visée politique contemporaine. Vous êtes un auteur francophone, symbole d’une francophonie sahélienne apaisée et citoyenne. Cette distinction vient également utilement compléter les Palmes académiques, reçues en 2003, pour votre carrière d’enseignant.

M. Idoumou Mohamed Lemine, au nom de la ministre de la Culture, je vous fais Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres.

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Discours prononcé le 19 octobre 2017 par M. Joël MEYER, Ambassadeur de France en Mauritanie, à l’occasion de la remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres

àM. Djibril Zakaria Sall.

Nous sommes ici ce soir pour rendre hommage àunpoète, M. Djibril Zakaria Sall, à laquelle leurs qualités et leurs compétences remarquables ont valu d’être nommé par la ministre de la Culture, Mme Audrey Azoulay, Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres, Ordre créé, je vous le rappelle, en 1957, destiné à honorer les mérites des «personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu’elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde ».

 

Mesdames, Messieurs,

Je vais décorer M. Djibril Zakaria Sallqui a fait honneur à notre République par son action et son engagement personnel.

Avant de lui remettre les insignes, conformément à la tradition, permettez-moi de dire qui est cette personnalité méritante, qui se cache derrière cet homme en retraçant rapidement son parcours qui lui vaut, aujourd’hui, de recevoir cette distinction française, même si la majorité des personnes présentes, ici, ce soir, connaissent bien mieux M. Djibril Zakaria Sallque moi.

Djibril Zakaria SALL est un poète et écrivain mauritanien d’expression française, dont la famille, peul, est issue du Sud-ouest de la Mauritanie (Hayré Mbar dans le Brakna). Né durant la période coloniale, il suit ses études primaires et secondaires à Rosso et notamment au célèbre Collège Moderne Xavier Coppolani, de 1953 à 1960, d’où sortit la première élite de la Mauritanie postcoloniale. Il continue jusqu’au baccalauréat qu’il ne passe pas et, devient, en 1960, instituteur adjoint stagiaire.

Mais en 1961, vous changez de vocation et décidez de rejoindre l’Ecole de police mauritanienne pour devenir inspecteur. Vous passez par l’Ecole fédérale de Dakar (Sénégal) et par l’Ecole supérieure de Police de Saint-Cyr-Au-Mont-d’Or, en France. En 1965, l’inspecteur Sall est promu commissaire où il exercera sur l’ensemble du territoire national mauritanien (Rosso, Zouerate, Atar, Nouakchott avant de devenir chef de brigade mobile dans l’est du pays).

C’est en octobre 1967, alors que vous êtes commissaire à Rosso que vous commencez à écrire de la poésie. C’est la nuit que vous rédigezvos poèmes, réveillé par l’inspiration que vous couchez d’abord – me dit-on – sur des carnets publicitaires d’une marque d’automobile japonaise. En 1969, vous avez déjà écrit 25 poèmes que vous envoyez à LeopoldSédar Senghor alors Président de la République du Sénégal qui vous répond et vous conseille d’abandonner la rime  – je site – pour se « consacrer à la poésie négro-africaine pure qui est rythme et image ». Fort de ces recommandations, vous continuez à écrire avec ferveur.

Il faut attendre 1970, avec le soutien du premier Président de la République islamique de Mauritanie, Moctar ould Daddah, pour qu’un premier recueil, « Lumières noires« , soit édité et publié. Muté à Zouérate, dans le Nord du pays, en 1972, vous découvrez dans la presse française l’existence du Concours de l’île des Poètes de Lyon, auquel vous envoyez deux recueils de poèmes. Deux mois après, vous obtenez un prix d’honneur de ce concours.

Vous enchaînerez les postes à responsabilité dans la Police nationale mauritanienne jusqu’en 1975.

Vous connaîtrez deux intermèdes dans votre carrière policière. Le premier, entre 1975 et 1977, durant lequel vous serez détaché au Ministère mauritanien de la Culture pour préparer le Festival des Arts Nègres qui eut lieu, en 1977, à Lagos au Nigeria, où des poèmes à vous seront lus. A cette époque, M. Sall a déjà publié ses deuxième et troisième recueils  (1976, « Soweto » et 1977, « Cimetière rectiligne« ), toujours avec le soutien du Président Moctar ould Daddah. En 1975, alors que vous étiez de passage à Washington-DC, la revue américaine BalckWorld publia quelques-uns de vos textes qu’elle fit traduire en anglais. Vous avez également été primé lors d’un concours littéraire, en 1976, à Ouagadougou, au Burkina-Faso.

C’est pourtant à cette époque, en 1977, que la censure frappe. Suite à une publication d’un poème intitulé « le coup de piston » dans le journal Chaab, hebdomadaire officiel qui vous sollicitait régulièrement pour des textes, on vous interdit désormais de publier en Mauritanie, arguant d’une incompatibilité avec sa profession de commissaire de police. Depuis lors, aucun de vos recueils ne sera publié en Mauritanie.

Le quatrième recueil de Djibril Sall, « Les yeux nus« , paraîtra donc à Dakar, en 1978, aux Nouvelles Editions Africaines.

Le second intermède dans la carrière policière de Djibril Sall couvre la période 1982/1994, durant laquelle vous serez détaché à la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en qualité de Directeur du Département des Affaires sociales et culturelles, basé à Lagos, au Nigeria.

A votre retour, en 1994, vous obtenez le grade de commissaire principal et vous prendrez votre retraite cinq années plus tard, en avril 1999. Ces cinq années seront pourtant très difficile à vivre puisque vous êtes mis en « vacances forcées » dans votre village d’Hayré Mbar, dans la région du Brakna. Les événements de 1989 étaient passés par là.

Vous profiterez néanmoins du jumelage de votre village avec la commune française de Saint-Benoît-du-Sault, dans l’Indre, pour publier un nouveau recueil de poèmes, « Sillons d’espoir« .

Au début des années 2000, vous découvrez avec joie que vos textes commencent à être lus et diffusés en Mauritanie, notamment par le biais du Centre culturel français mais également du fait de certains professeurs qui l’enseignent et l’invitent dans les classes.

Votre poème « le village » sera même donné comme examen de maîtrise à l’Université de Nouakchott.

Il faut ajouter pour être tout à fait exhaustif que Djibril Sall s’est aussi essayé au théâtre. Vous avez écrit deux pièces, l’une traitant des problèmes de voisinage lorsque vous officiez à Atar dans le Nord du pays et, l’autre, « le Cri du drogué« , traitant du problème de la drogue. Les deux n’ont jamais fait l’objet d’une publication.

L’activité littéraire de Djibril Sall s’est aussi faite en langue peul, sa langue maternelle, avouant qu’il découvrait ainsi la liberté de ne plus être français comme on le lui avait inculqué à l’école, en même temps qu’il explorait les possibilités littéraires de sa langue.

Cette distinction vient souligner et récompenser  non seulement une personnalité attachée aux Arts et à la Culture comme vecteur d’union nationale, mais également un ardent défenseur de notre langue et du modèle français de soutien public à la culture et à l’éducation populaire. Elle vient également récompenser un véritable un ami de la France.

M. Djibril Zakaria Sall au nom de la ministre de la Culture, je vous fais Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres.

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Discours prononcé le 19 octobre 2017 par M. Joël MEYER, Ambassadeur de France en Mauritanie, à l’occasion de la remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres

à M. M’Barek ould Beyrouk.

Nous sommes ici ce soir pour rendre hommage àun écrivain, M. M’Barek ould Beyrouk, à laquelle leurs qualités et leurs compétences remarquables ont valu d’être nommé par la ministre de la Culture, Mme Audrey Azoulay, Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres, Ordre créé, je vous le rappelle, en 1957, destiné à honorer les mérites des «personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu’elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde ».

 

Mesdames, Messieurs,

Je vais décorer M. M’Barek ould Beyrouk qui a fait honneur à notre République par son action et son engagement personnel.

Avant de lui remettre les insignes, conformément à la tradition, permettez-moi de dire qui est cette personnalité méritante, qui se cache derrière cet homme en retraçant rapidement son parcours qui lui vaut, aujourd’hui, de recevoir cette distinction française, même si la majorité des personnes présentes, ici, ce soir, connaissent bien mieux M’Barek o/ Beyrouk que moi.

Né à Atar, dans le Nord de la Mauritanie, M’Barek ould Beyrouk appartient à la tribu Tekna(aristocratie commerçante) et est le fruit d’un métissage entre maures et noirs d’Afrique, dont il compte une arrière-grand-mère d’origine bambara (Mali) et un arrière-grand-père originaire du Sud marocain établi dans l’Adrar mauritanien au début du siècle dernier.

Mais c’est votre père, un instituteur comme il en fut jadis dans les écoles mauritaniennes, qui vous transmettra l’amour de la belle langue et des grands écrivains français. C’est à lui que vous devez d’avoir découvert Victor Hugo à 12/13 ans et d’être depuis « habité par un amour immodéré de la belle littérature ». Vous confiez d’ailleurs vouer une passion au français depuis cette période.

Après avoir grandi à Atar, l’importante capitale de l’Adrar mauritanien, vous passez une maîtrise de droit public au Maroc, à l’Université Mohamed V de Rabat, et  vous vous lancez très rapidement dans la presse, comme journaliste, à l’Office de Radiotélévision de Mauritanien, avant d’animer une chronique au quotidien national « Chaab« (le Peuple, en arabe), sous le titre de Clin d’oeil. Vous fondez, en 1988, le mensuel « Mauritanie demain« , le premier journal indépendant d’expression française en Mauritanie aux côtés de votre confrère et ami, Idoumou ould Moh. Lemine, présent ici ce soir et d’Hindou que je viens de décorer. Vous devenez, de manière concomitante, le premier Président de l’Association Nationale de la Presse Indépendante (ANPI).

En 1995, vous collaborez avec l’hebdomadaire « Jeune Afrique« , avant d’occuper en 1998 les fonctions de directeur des informations de l’Agence Mauritanienne d’Information (AMI) et, en 2006, celle de membre de la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA). Président du Conseil d’administration de la Télédiffusion de Mauritanie (TDM) jusqu’en février 2015, vous devenezSecrétaire général du Ministère de la Jeunesse et des Sports puis Conseiller à la Présidence de la République, chargé des affaires culturelles à compter de juin 2015 (jusqu’à ce jour).

Parallèlement à vos activités professionnelles, vous écrivez. Vous avez signé un premier roman, en 2006, Et le ciel a oublié de pleuvoir aux Editions Dapper et pour lequel vous avez reçu le Prix du roman francophone maghrébin en 2007. S’en suit, la publication d’un recueil de Nouvelles publiées chez Présence Africaine en 2009 sous le titre Nouvelles du désert. Votre second roman, Le Griot de l’émir, est publié en 2013 aux Editions Elyzad (Tunis). Enfin, vous venez de publier votre dernier roman, Le tambour des larmes, en 2015, toujours aux Editions Elyzad, avec lequel vous avez reçu le Prix Ahmadou Kourouma, en février 2016, à l’occasion du Salon international du Livre et de la Presse de Genève ainsi que le Prix du roman métis des lycéens 2016 (à Madagascar et à La Réunion, 6e édition).

Vous le savez, l’œuvre de Beyrouk traite des tensions qui traversent la société mauritanienne contemporaine, celles d’une modernité envahissante et d’une authenticité tenace. Les personnages principaux de l’écrivain sont typiques de cette société mauritanienne d’aujourd’hui, que ce soit une jeune fille esclave affranchie, rebelle, qui règle son compte à son passé comme à son présent dans Et le ciel a oublié de pleuvoir, un griot aggripé aux gloires du passé et nostalgique du temps des Emirats tribaux saharo-sahéliens qu’il souhaite voir ressusciter dans Le griot de l’émir ou encore une galerie de visages de la Mauritanie des années de sécheresse  pris dans les affres de l’exode rural vers les villes, et plus particulièrement Nouakchott, la capitale du pays, dans les Nouvelles du désert.

On retrouve également chez vous, la question de la place des femmes, à la fois rebelles et garantes de la stabilité et de la transmission des valeurs qui doivent faire face aux préjugés et aux archaïsmes tribaux.

Vous êtes un auteur profondément marqué par la culture du Sahara mais aussi un auteur aux identités hybrides, à l’image même des sociétés mauritaniennes hétéroclites, faites de brassages arabo-africains et de synthèses de multiples appartenances culturelles.

Cette distinction vient souligner et récompenser, d’une part, votre attachement à la liberté – de pensée et d’expression – sous toutes ses formes, et d’autre part, une littérature contemporaine, ouverte sur le monde et porteuse de valeurs d’humanisme, de métissage et de diversité.

M. M’Barek o/ Beyrouk, au nom de la ministre de la Culture, je vous fais Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres.

source adrar-info.net

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