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Vidéos : l’ex numéro 3 d'Al-Qaïda devient une gêne pour l’Etat mauritanien

Jeudi 5 Décembre 2019 - 17:55

Le 5 décembre 2019, en fin d’après-midi à Nouakchott, la police embarque, sous menottes, quelques femmes responsables d’un rassemblement de quartier, tenu la veille contre Abou Hafs, de son vrai nom Mahfoudh Ould Waled, ex-numéro 3 de Alqaida et mufti de Ben Laden, qui tente de s’approprier une parcelle du domaine non cessible de l’Etat, pour y construire un centre d’études islamiques et une mosquée. Le muezzin n’est autre que le Commissaire de police à la retraite, Deddahi Ould Abdellahi, fameux Directeur de la sûreté de l’Etat (Dse), sous Ould Taya et cible d’une plainte, en France, pour torture et actes de barbarie.  En Mauritanie où l’insolite tient plutôt de la routine, Deddahi représente la caution antiterroriste de Abu Hafs. 

 

Les riverains retenus ce jour pendant quelques heures au commissariat du 4ème   ont été libérés en soirée. Abu Hafs et ses disciplines continuent à occuper le périmètre litigieux, sans intervention d’aucune autorité. Ils semblent jouir de puissants relais au sein des échelons intermédiaires du pouvoir puisque l’ordre fut donné, la veille, de geler le chantier, les coordonnés GPS de la parcelle ayant été falsifiés, par Abu Hafs, selon la thèse de ses opposants.  A ceux-ci s’est jointe, depuis quelques jours, la présidente d’une association de soutien aux enfants autistes que Abou Hafs a pu faire expulser de l’aire de jeu, provisoirement accordée par la Communauté urbaine de Nouakchott, la capitale. L’affaire ne manque de sel puisque le projet de construction d’un parc public sur le même terrain bénéficie d’un financement par la région Île de France. Enfin, ironie du sort, parmi les manifestants détenus figurent des parents proches du Commissaire aux droits de l’Homme. 

 

Le blogueur et journaliste Hacen Lebbat, qui revendique en l’occurrence la qualité de lanceur d’alerte, dénonce le risque d’autoriser un énième centre de radicalisation jihadiste. Il fut le premier, en début d’année,  à dévoiler la nouvelle entreprise de Abu Hafs. Ce dernier vient de l’assigner en justice, au grief de dénonciation calomnieuse.  Hacen Lebbat est défendu par le très célèbre avocat Mohamed Ould Moïne. 

 

Sur l’une des vidéos, les enfants autistes jouent désormais dans la rue. Sur une autre Abou Hafs, sous bonne escorte de ses élèves, menace ses détracteurs du châtiment de l’enfer car ils s’opposent à l’enseignement de la parole de Dieu, qui est le message prophétique. Les femmes, elles, l’accusent de porter atteinte à l’équilibre de mineurs en situation de handicap, pour construire des boutiques à louer, sous le couvert habituel d’une mosquée. La bataille s’est transposée sur Facebook. 

 

Le matin même, la Communauté urbaine de Nouakchott portait plainte contre Abu Hafs dont les ouvriers auraient détruit le mur d’enceinte du parc, avant d’entamer des travaux de nuit. Les riverains, pris de court par le progrès du chantier, sont venus l’interrompre, le 4 décembre courant. Alors, Abu Hafs dépose une main courante aux dépens des manifestantes, d’où l’épilogue du jour.

 

A l’origine du contentieux, selon les sources familières du dossier, Abu Hafs aurait demandé et obtenu de l’ancien Président Mohamed Ould Abdel Aziz, après l’élection de son successeur, le bénéfice d’une moitié du parc, pour y ériger un centre d’études religieuses et de prédication. Fort du soutien du Chef de l’Etat, il s’adresse au Ministre de la construction, lequel le renvoie à son collègue des Finances, avec la mention de la recommandation en haut lieu. A son tour, le destinataire reçoit aussi Abu Hafs et lui attribue toutes les autorisations requises mais en exige une caution du Ministre des affaires islamiques. Celui-ci, toujours au terme d’une audience avec Abou Hafs, lui confirme son aval. L’ensemble des démarches s’est achevé, en juillet 2019, soit durant la période de transition, entre le vote et l’investiture du nouveau Président, Mohamed Ould Ghazouani. Ce dernier, à l’occasion de son discours au forum de Dakar pour la sécurité et la paix, insistait sur le défi de la riposte idéologique au jihadisme. La Mauritanie, faut-il le rappeler, est membre de la coalition militaire du G5 Sahel.

 
Sanhaji Ould Barberi
 
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