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Querelle autour de l’Union nationale mauritanienne de tir à la cible traditionnelle : Positions inconciliables ?

Jeudi 30 Janvier 2020 - 08:26

Le 12 Janvier 2020, des membres de clubs de tir à la cible ont empêché, par la force, la tenue de l’assemblée générale appelée à élire le nouveau bureau de l’Union nationale  mauritanienne de  tir à la cible traditionnelle (UNMTC). Khattri ould Dié venait d’achever son second mandat mais entendait rempiler pour un nouveau de quatre ans,  ce qui a visiblement suscité l’ire de ses adversaires, déterminés à perturber le scrutin. Un spectacle désolant, alors que l’absence du représentant de la tutelle interroge. Autre question : pourquoi, à chaque renouvellement du bureau de cette Union qui ne bénéficie d’aucune subvention de l’État,  des protagonistes se livrent-ils en spectacle ? Que se cache-t-il derrière cette « union »? Le Calame a tenté de comprendre, en donnant la parole aux principaux protagonistes…

 

À charge, l’ancien président de l’Association Mauritanienne de tir à la cible
 

« Le président sortant n’a  pas  de prérogative pour convoquer et organiser l’élection d’un nouveau bureau,  encore moins la présider ;  il est  désavoué  par plus de 80% des membres de l’Union », dixit Mohamed Salem Ely Vall, ancien président de  l’Association  de clubs de tir à la cible traditionnelle. La compétence en revient, ajoute-t-il, au ministère  de la Culture et de l’artisanat, en accord avec le ministère de la Défense et celui de l’Intérieur. C’est à celui-là de mettre en place une commission chargée d’organiser l’élection, en confectionnant la liste électorale et fixant la date du scrutin. Dès lors, le  président sortant  ne peut plus présider l’Union. C’est pourquoi les 80% des clubs qui le désapprouvent ont tenu d’empêcher, par la force, la « mascarade » qu’il voulait organiser à l’hôtel Mauricenter : « il était  pour nous  inacceptable qu’un président sortant en rien concerné par l’opération s’érige en  juge et partie,  pour  confisquer la  fédération et nous mettre devant le fait accompli. Nous ne pouvons pas accepter, comme par le passé, qu’il usurpe les signatures du PV pour s’auto-désigner président de l’Union », avertit l’ancien président.
 

Pour Ould Ely Vall, le président sortant  est  mis en minorité. Il doit par conséquent s’incliner. « Nous sommes en démocratie, on ne peut pas se faire élire par 19 clubs sur les 33 qu’il prétend détenir. Je rappelle que l’Union en compte 105, répartis en trois groupes. 77 sont hostiles au président sortant,  le 3e groupe est affilié à Soueidatt Ould Bohada, lui aussi candidat à la présidence de l’Union. La  forfaiture ne peut pas passer », poursuit Ould Ely Vall. « Ould Dié ne peut, en aucune façon,  diriger la fédération, sa page est définitivement tournée ! ».
 

« S’il persiste dans son entêtement, il aura à assumer la responsabilité de ce qu’il adviendra : dislocation de l’Union ou  nomination, par la tutelle, d’un comité provisoire chargé de la gérer.  Est-ce l’objectif  visé par un président convaincu de ne plus pouvoir démocratiquement présider  l’Union ? », se demande Ould Ely Vall.  Depuis quelques  jours, des  rumeurs ont laissé croire que la tutelle s’acheminerait vers cette option.  Une hypothèse démentie par Ould Ely Vall indiquant  que le ministère de la Culture s’est saisi de la question et recherche la meilleure voie pour organiser  une élection inclusive et consensuelle du nouveau bureau.  Il lui reste à préparer en ce sens la liste électorale des clubs, fixer la date du scrutin et convoquer les électeurs.

Sur la suite du feuilleton, l’ancien président dit compter sur sa tutelle et les deux départements concernés (Intérieur et Défense) en vue « d’organiser un scrutin inclusif et transparent, nous sommes favorables au dialogue pour sortir de l’impasse », annonce Ould Ely Vall.

 

À décharge, le président sortant
 

 « Nous n’accepterons jamais une quelconque modification de textes à la veille d’un scrutin, c’est contraire à la loi ». Face à la lourde charge de ceux qu’ils considèrent en détenteurs de « récépissés fossiles » et d’une liste minoritaire, le conseiller  du président sortant Khattri ould Dié, candidat à sa propre succession, apporte une cinglante  réplique. Et de préciser que la liste conduite par le président sortant appelle au respect du décret N° 118/2013 fondant l’UNMTC, de ses statuts et  règlement intérieur qui  fixent les conditions d’élection d’un nouveau bureau. Ould Hamoud rappelle qu’au terme de son  mandat de quatre ans, l’Union a saisi par écrit sa  tutelle (Culture) et  les autres ministères concernés (Défense et Intérieur) pour les informer de sa volonté d’organier l’élection d’un nouveau bureau, conformément à la législation.

Pour ce faire, elle a établi et affiché la liste électorale, le ministère a informé les media publics pour diffuser l’information et venir couvrir le jour J. Pour Ould Hamoud, tout était donc normal jusqu’au 12 Janvier, date fixée pour l’assemblée générale élective à l’hôtel Mauricenter. À 18h, les détenteurs des « récépissés fossiles » débarquent dans la salle et « empêchent, avec force, la tenue de l’élection à laquelle ils ne devraient et ne pouvaient prendre part », indique le conseiller du président sortant. Ils affirmaient, à qui voulait les entendre, que la tutelle ne serait pas représentée. Et, en effet, aucun représentant du ministère de la Culture ne s’est présenté à l’hôtel, ce qui a obligé celui de l’Intérieur à repartir. « Le ministère aurait dû nous saisir du report ou de l’annulation du scrutin, si telle était sa volonté », regrette Ould Hamoud.
 

Expliquant  les raisons pour lesquelles les intrus ne pouvaient participer à l’élection, il précise : « pour figurer sur la liste électorale et donc participer à l’élection,  il faut remplir un certain nombre de conditions, ce qui n’était le cas de ces clubs : détenir un récépissé délivré par le ministère de l’Intérieur, adhérer et s’acquitter des devoirs (droit adhésion, cotisations annuelles, frais de participation aux compétitions annuelles) et  avoir participé à au moins deux compétitions sur les cinq annuelles des deux dernières années du mandat en cours ».

Pour Ould Hamoud, « seules deux parties sur les trois qui se disputent l’Union remplissent ses conditions, soit 35 clubs, et étaient donc inscrits sur la liste électorale,  avec 70 voix autorisées à voter. Ceux qui sont venus empêcher le déroulement du vote n’étaient en rien concernés par le scrutin, parce qu’ils ne sont pas membres de l’Union et ne peuvent pas changer les règles du jeu. Ils ne  disposent pas de majorité, comme ils le prétendent –  si c’était le cas, pourquoi refusent-ils d’aller à l’élection ? – leur objectif est d’empêcher ou de retarder le renouvellement du bureau, ce qui est inadmissible. Cette situation a porté un grave préjudice moral et financier à l’Union et  la  liste majoritaire du président sortant Khattri ould Dié. En effet, le président sortant devait faire face à une liste minoritaire de jeunes, sur les 35 inscrits sur la liste électorale. Elle aurait pu générer  des dégâts, n’eut été l’attitude responsable du président sortant et de ses soutiens qui se sont abstenus de répondre par la force aux provocateurs », souligne Ould Hamoud.
 

Répondant à l’argument selon laquelle le bureau sortant ne pouvait pas organiser une élection à laquelle il était candidat et, donc, juge et partie, et que le pouvoir en revenait à la seule tutelle, le conseiller indique que « les textes  et les procédures ont tous été scrupuleusement respectés. Le bureau est bien habilité à organiser le scrutin », rappelant que « si une commission composée des représentants des trois départements avait piloté la dernière élection, c’est parce qu’il s’agissait de la première assemblée constitutive de l’Union procédant à l’élection du bureau ; le ministère ne pouvait qu’être informé pour y envoyer son représentant ».  
 

 Sur le nombre de mandats et l’impossibilité  pour le président sortant d’en briguer un autre, le conseiller ajoute : « le décret instituant l’Union des clubs de tir à la cible traditionnelle ne limite pas le nombre de mandats à deux et le président sortant Khattri ould Dié peut, par conséquent, bel et bien rempiler, si les électeurs lui renouvellent leur confiance. Pour cela, il faut aller à l’élection, bien sûr, après en avoir rempli les conditions, ce qui est loin d’être le cas de nos concurrents ou adversaires ».
 

Que faire alors pour sortir de ce blocage ? « Appliquer scrupuleusement le décret, les statuts et règlement intérieur de l’Union », réclame Ould Hamoud, avant d’indiquer que « nous avons rencontré à deux reprises le ministre de la Culture pour lui demander de veiller à l’application des textes régissant l’Union » ; et d’ajouter : « nous n’admettrons jamais une quelconque modification des textes à la veille du scrutin. Nous avons la majorité et les élections devront se faire, toute autre procédure ou mesure serait injuste et contraire à la loi ».

Face à cette situation déplorable au sein de cette organisation qui « n’a jamais bénéficié de subvention de l’État », tient à rappeler le conseiller du président Khattri, la tutelle traîne des pieds à trancher.  Surtout qu’il y a plus d’un mois que l’élection a été ajournée. Pourquoi ? Mystère !
 

DL

lecalame.info

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