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M, Yacoub Lemrabott, président du Mouvement KEVANA : ’Dans son format actuel, le dialogue politique est une mascarade’’

Samedi 2 Août 2025 - 14:07

M, Yacoub Lemrabott, président du Mouvement KEVANA : ’Dans son format actuel, le dialogue politique est une mascarade’’

Le Calame : Les préparatifs du dialogue politique initié par le président de la République se poursuivent ; le lancement est même donné pour proche. Votre mouvement y prendra-t-il part ? Si oui, qu’est-ce qu’il en attend ?  Sinon, pourquoi ?
 

Yacoub Lemrabott : Tel qu'il est promu et préparé dans son format actuel, le dialogue politique est une mascarade. On peut l'appeler tout, sauf dialogue. Il souffre de l’absence de deux critères essentiels : des garanties quant à la mise en œuvre des résultats et la prise en compte de toutes les propositions. Les questions populaires sont non négociables pour le mouvement Kevana qui ne se mêle pas aux transactions absurdes. Un véritable dialogue commence par la libération des prisonniers d'opinion et la traduction en justice des responsables de détournement de fonds publics. Ce dialogue semble prédéterminé et ses objectifs se limitent à redorer l'image du régime.

 

Le coordinateur national du dialogue, monsieur Moussa Fall, a récemment publié une feuille de route synthétisant les différentes propositions ou doléances des acteurs politiques et de la Société civile. Qu’en pensez-vous ? Le contenu vous satisfait-il ? 
 

Nous pensons que la feuille de route annoncée est sélective et néglige des questions essentielles, telles que l'indépendance de la justice, la responsabilité de la justice sociale, la sanction, la justice sociale. Il ne suffit pas de recueillir des propositions mais d’adopter une vision politique courageuse consistant à écouter les citoyens exclus et défavorisés ; ce que l’actuelle feuille de route ne prend pas en considération telles que l'indépendance de la justice, la responsabilité de la justice sociale, la sanction, la justice sociale. Il ne suffit pas de recueillir des propositions mais au contraire d’adopter une vision politique courageuse consistant à écouter les citoyens exclus et défavorisés des fils de la Nation ; ce que l’actuelle la feuille de route ne prend pas en considération. 

 

Au vu de la volonté politique affichée par le président de la République, de la démarche et de la méthodologie du coordinateur national, n’avez-vous pas le sentiment que le gouvernement voudrait véritablement faire avancer le pays ?  Les acteurs politiques et le pouvoir sont-ils dans de bonnes dispositions pour « faire bouger les lignes », comme on dit ? 
 

- Nous ne croyons pas à une véritable volonté politique positive au sein du régime actuel. Les déclarations ne suffisent pas. Les véritables indicateurs sont l'arrestation de journalistes, le musèlement des opposants, le mépris envers les appels de la jeunesse, la manipulation de la loi, le refus de reconnaissance de certains partis politiques et la gestion persistante du pays selon une mentalité tribale et de pillage. Nous pensons que le véritable changement ne viendra pas des autorités mais de la prise de conscience et de la pression pacifique du peuple.

 

À la veille de la désignation du coordinateur du dialogue, l’opposition tentait d’harmoniser ses positions. Au vu du déroulé du processus, elle n’y est pas parvenue, chaque parti étant allé de son côté…
 

- Ce qui s'est passé ne nous surprend pas. Les autorités ont délibérément fragmenté l'opposition par une tactique de concertation individuelle, ce qui a fait échouer jusqu'à présent, en dépit de tentatives répétées, le projet d'unification de sa position. À Kevana, nous avons été clairs dès le départ : tout dialogue qui ne repose pas sur la confiance, l'égalité et la clarté des objectifs n'est qu'un exercice de façade pour un régime qui refuse toute véritable réforme. Le problème ne réside pas tant dans l'opposition que dans la logique d'isolement et d'exclusion adoptée par le régime.

 

Depuis quelque temps, on suit le démantèlement, par les forces de défense ou de sécurité, des réseaux de trafics de produits psychotropes, médicaments contrefaits et falsifications de documents du foncier. On a même saisi une cargaison de tenues militaires détournées… Que vous inspire cette situation ?
 

- Ces indicateurs dangereux révèlent la fragilité du système de sécurité et la faiblesse du contrôle interne. Nous apprécions tous les efforts déployés pour lutter contre la criminalité mais nous nous interrogeons : comment en est-on arrivé là ? Faux documents fonciers, trafic de drogue, cargaisons d'uniformes militaires, etc. : il s'agit d'une faille institutionnelle qui ne peut être résolue par des campagnes ponctuelles mais plutôt par une réforme en profondeur des systèmes judiciaire et sécuritaire et par la lutte contre la complicité au plus haut niveau.

 

Il y a quelques semaines, des djihadistes et rebelles ont perpétré de violentes attaques au Mali, notamment dans des villes et localités très proches des frontières mauritaniennes. Ne faudrait-il s’inquiéter de ces bruits de bottes ? Que doivent faires les autorités mauritaniennes pour éviter des débordements sur notre territoire ?
 

- Oui, l'inquiétude est légitime et nécessaire. Il ne s'agit pas d'incidents isolés mais d'une menace régionale directe. L'État doit revoir ses priorités en matière de sécurité et assurer la protection des zones frontalières. Mais il doit surtout rester attaché à une neutralité positive et éviter de s'impliquer dans des conflits complexes qui pourraient nous entraîner dans des conséquences indésirables.

 

Quelle évaluation faites-vous de la situation économique et sociale de notre pays ? Le pétrole et le gaz pourraient-ils améliorer le panier de nos ménagères ?
 

- Le pays traverse une véritable crise : le chômage est élevé, les prix épuisent les citoyens et les services s'effondrent. Le pétrole et le gaz peuvent améliorer les indicateurs globaux mais, sans volonté politique équitable et répartition transparente des richesses, les citoyens ne verront aucune amélioration. Nos ressources sont gérées selon une logique de clientélisme et non de développement.

 

Comment votre mouvement a-t-il accueilli la décision du gouvernement de régulariser le personnel non-permanent de la SOMELEC et les pigistes des media publics ?
 

- Cette mesure était attendue depuis longtemps et nous la trouvons positive. Mais nous exigeons qu'elle soit étendue à tous les travailleurs vulnérables des institutions publiques. La dignité du travailleur commence par son contrat, chaque employé a le droit de travailler dans un environnement stable et sûr, au lieu de contrats humiliants et temporaires qui durent des décennies. Au sein de Kevana, nous restons attachés à la justice, au peuple, à la véritable patrie et non à celle administrée depuis des bureaux fermés.

 

Propos recueillis par Dalay Lam
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