Woij'a : finalement c'est une catastrophe diplomatique certainement à cause de mauvais conseillers ou parce qu'il n'écoute personne : Aziz perd son sang-froid et perd la partie...
Maintenant que toutes les cartes disponibles sont sur la table, on peut avoir une idée plus claire face à la crise diplomatique désormais déclarée entre la Mauritanie et la Sénégambie à propos du départ royal de Yahya Jammeh.
Jusque-là, nous avons un peu accablé notre président estimant qu'il se mêlait d'une affaire sensible qui ne concerne que la CEDEAO et pour laquelle il n'avait aucun mandat même en tant que secrétaire général de la ligue arabe. Aziz s'en est mêlé car la Mauritanie a des liens diplomatiques étroits avec la Gambie sur certains sujets, ce qui a toujours été mal vu par Dakar qui a dû régulièrement avaler des couleuvres notamment à propos de la Casamance pour ne citer que ce dossier.
http://www.chezvlane.com/2017/01/tout-sexplique-yayah-jammeh-lheritier.html
Nous tenions ces propos avant que le Sénégal et même le nouveau président Gambien ne viennent dire des mots durs pour minimiser l'énergie et le mérite de notre président dans cette affaire.
Aujourd'hui, il faut défendre un peu Aziz puisque notre diplomatie est attaquée mais nous devons le faire de façon objective et nous en tenir aux faits et aux déclarations officielles des uns et des autres.
C'est Aziz le premier qui officiellement a manqué de diplomatie en déclarant à Nouakchott, en présence d'Alpha Condé baissant les yeux, qu'il ne comprend pas ce qui s'est passé ( à savoir le commencement de l'opération militaire de la CEDEAO ) alors dit-il que Yahya Jammeh lui avait dit clairement qu'il comptait quitter le pouvoir pacifiquement.
Après coup même si personne ne peut savoir ce que mijotait Aziz, je pense qu'il avait raison mais pour une fois il a sous-estimé l'orgueil du camp d'en face.
http://fr.ami.mr/Depeche-39240.html
Que croyait-il ? Que la CEDEAO clairement engagée à sortir Yahya Jammeh par la force avec l'accord de l'ONU allait rester les bras croisés pour laisser un putschiste multirécidiviste, manipulateur de génie, président d'un pays qui a quitté la CEDEAO et qui est ami du Yahya honni par Dakar de prendre l'affaire en main jusqu'au bout surtout que le Maroc, si proche de Dakar, venait de rentrer bredouille après une mission diplomatique ?
https://ledesk.ma/enoff/gambie-nasser-bourita-retourne-bredouille-de-sa-mission-aupres-de-jammeh/
C'est la première fois qu'on découvre un Aziz naïf mais c'est aussi une habitude qu'il a de déraper quand il parle à chaud sans texte préparé. Sa spontanéité lui crée régulièrement des problèmes, on l'a vu avec l'affaire de la fécondité des hratines ou lorsqu'il a dit que rien ne pouvait l'empêcher de se représenter ( pas même un serment islamique ). Il a donné l'air de vouloir gagner tous les points diplomatiques et humilier les africains : la suite engage cette hypothèse car sitôt le départ de Yahya Jammeh officiel, Aziz a dit que c'est une victoire du camp de la paix contre celui des va-t-en-guerre.
Deuxième manque de diplomatie de la part d'Aziz dans une affaire encore sur le feu engageant la CEDEAO, nos voisins directs.
La CEDEAO pouvait-elle rester silencieuse ? A ce jour, rien n'est venu de son président pour mettre de l'huile sur le feu. Au contraire, De Souza félicite tout le monde même les pays amis qui ont aidé à cette sortie de crise. Il a parlé de " toutes les missions présidentielles de médiation ainsi que tous les pays amis de la CEDEAO..."
Soudain voilà qu'on apprend que certainement agacé par les attaques de Nouakchott à propos de la diplomatie des va-t-en-guerre, le ministre sénégalais des affaires étrangères déclare contrairement à ce qu'a annoncé Aziz : que Yahya Jammeh ne bénéficie d'aucune assurance d’amnistie et qu'aucun accord en ce sens n'a été signé par quiconque. Il dit même que cette déclaration est un faux concocté par le camp Jammeh. C'est grave mais c'est techniquement vrai...
Aziz aurait-il pu déclarer que Yahya Jammeh sera épargné lui et les siens s'il n'avait pas eu des assurances de la CEDEAO sachant que le démenti ne tarderait pas ?
C'est là qu'on imagine qu'Aziz a été certainement berné pour une fois par plus fin que lui. Aziz a cru que la parole suffit comme cela arrive en Mauritanie où les tyrans passent et l'armée éponge l'ardoise entre frères d'armes au nom de la paix civile... Il oublie que la CEDEAO c'est devenu autre chose, ils ont une avance au moins sur les apparences démocratiques. Le ministre sénégalais s'étonne d'ailleurs qu'on puisse croire qu'une amnistie s'accorde de la sorte...
Soudain je reçois une avalanche de liens, me disant que ce revirement des sénégalais est peut-être un coup des français, peut-être du Maroc et chacun s'étonne de la raison qui veut couler le mérite d'Aziz.
Plusieurs liens dont deux essentiels :
L'un vers le centre d'information de l'ONU qui confirme les dire d'Aziz mais j'ai moi-même déjà pris ce centre en flagrant délit de fausse info à propos du passage d'un rapporteur de l'ONU en Mauritanie.
http://www.chezvlane.com/2016/05/lexplosif-est-ailleurs-apparemment.html
Est-ce juste une revue de presse ?
http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=38830&Cr=Gambie&Cr1#.WIUq71XhDX6
L'autre lien sur facebook qui donne des extraits d'une traduction présumée de l'accord et c'est cencé être signé à Banjul sans aucun lien vers l'originale censée être la déclaration de la CEDEAO introuvable sur leur site officiel. Qui de la CEDEAO était à Banjul pour signer au nom de la CEDEAO, Aziz n'ayant aucun mandat pas plus qu'Alpha Condé ? Rien d'officiel...
http://faceabidjan.com/jammeh-obtient-finalement-son-amnistie-totale/
Soudain nous arrive un autre lien, le plus terrible, vers une interview ce dimanche du nouveau président Gambien, Adama Barrow. C'est en oualof et je parle oualof comme Aziz et bien des mauritaniens.
https://www.youtube.com/watch?v=ewek4ciZ1p8
Ce que dit le nouveau président Barrow est terrible pour la diplomatie mauritanienne mais il ne fait que réagir après la double sortie du chef de l'état mauritanien contre la CEDEAO et particulièrement ceux qui poussaient les armes à savoir principalement le Sénégal, premier concerné par la situation.
Aziz défendait son ami Jammeh. Barrow sort défendre son ami Macky Sall. C'est de bonne guerre...
Barrow dit clairement que rien n'a été signé assurant à Jammeh l’amnistie. Il dit de toute façon qu'en démocratie seules les recommandations d'une commission de réconciliation nationale peuvent amnistier ou non Jammeh mais avant il faut d'abord faire un état des lieux après 22 ans de ce régime. Il dit que l'accord dont on parle a été proposé par le camp de Yahya, il fait l'objet de discussion mais rien n'a été signé confirmant ainsi la sortie du ministre sénégalais des affaires étrangères.
Quant à Aziz : Barrow est clair même s'il reste diplomate. Il explique en souriant que c'est la peur de l'armée de la CEDEAO qui a poussé Jammeh à comprendre qu'il doit partir car on ne plaisante pas. Quant à Aziz, Barrow diplomate dit que lorsqu'il s'agit de situation malheureuse comme celle-ci, les amis qui veulent aider sont toujours les bienvenus mais il n'a pas dit s'il agissait des amis des deux camps ou du Jammeh seul... Mais il est catégorique, c'est la menace militaire de la CEDEAO qui a poussé Yammeh dehors. Est-ce étonnant ?
Pour le reste, il a parlé de retour de la Sénégambie non comme confédération mais comme union sacrée d'alliés. Il a dit que Macky Sall est le premier à l'avoir appelé quand il a été élu et ils ont longuement discuté et même en poular car il a dit à Macky que sa mère est peule. C'était très émouvant d'entendre ce président d'un pays coupé par le colon parler des liens étroits avec le Sénégal qu'il fallait reconstruire solidement. C'est tout ce qu'on leur souhaite car la Gambie et le Sénégal c'est un peu comme la Mauritanie et la sahara occidental ou comme le Maroc et ce même Sahara ou comme les peuples des deux rives du fleuve Sénégal. On comprend les liens comme on comprend combien on peut mal voir quiconque essaye de les diviser.
Barrow a dit qu'il n'allait pas dissoudre l'assemblée en attendant de nouvelles élections en avril et il a même dit que même s'il a deux épouses, une seule serait la première dame, l'autre aura aussi un rôle à jouer. Ce n'est pas une première a-t-il rappelé.
Conclusion
Plus grave : Barrow dit qu'on lui apprend que les caisses de l'état sont vides... Il en saura plus quand il sera sur place. Que dira-t-on alors de la Mauritanie dont le chef de l'état aura payé de sa personne en dormant sur place à Banjul pour que le tyran ait le temps d'emporter tout ce qu'il souhaite lui et ses hommes grâce à l'appui des avions Mauritaniens ?
La Mauritanie a raté une belle occasion de se rapprocher de la CEDEAO et du nouveau président de la Gambie mais peut-être que le passif était trop lourd à pardonner dans ce dossier. C'est triste mais encore une fois dire qu'Aziz n'est pour rien dans cette sortie de crise pacifique, ce n'est pas sérieux car le Jammeh a bien l'air d'être assez inconscient pour rester jusqu'au bout mais Dieu sait mieux.
C'eût été une bonne occasion pour la Mauritanie et la CEDEAO de se féliciter ensemble de cette sortie de crise. Aziz en a décidé autrement en s'exprimant à tort et à travers pour égailler l'opinion mauritanienne souvent désinformée et toujours excitée contre l'étranger en général et briller dans les médias du monde arabe vu qu'il est à la tête de la ligue arabe qui tourne le dos aux 100.000 enfants qui crèvent de faim dans leur guerre au Yémen.
http://www.unicef.ca/fr/guerre-au-yemen-les-enfants-en-situation-de-crise
Nos relations avec le Sénégal n'avaient pas besoin de ça surtout à l'heure où nous avons en partage des ressources gazières.
Quel gâchis !
A qui la faute ? Diplomatiquement d'abord à Aziz, je crois car vu les liens entre la Mauritanie et la Gambie de Jammeh dans le dossier casamançais, la Mauritanie devait avancer avec des pincettes, aider et même accepter que son rôle soit minimisé dans cette sortie de crise. D'ailleurs personne ne lui avait rien demandé et Aziz a dilapidé l'argent du contribuable mauritanien en rotations intempestives. C'eût été plus grand de rentrer et féliciter tout le monde comme le fit De Souza plutôt que de créer une crise diplomatique ouverte en s'envoyant des fleurs alors qu'Aziz n'a aucun document officiel signé par quiconque pour attester d'un accord d'amnistie que seuls le peuple gambien et ses élus peuvent accorder à Jammeh.
Mais le ministre sénégalais des affaires étrangères n'est pas en reste en matière d'erreur pas parce qu'il a recadré Aziz mais parce qu'il a parlé comme si Barrow était numéro deux dans cette affaire.
Cela dit nous n'acceptons pas qu'on fasse croire qu'Aziz n'a été pour rien dans cette sortie de crise pacifique. Il a sauvé la paix et Jammeh qui s'en est sorti peinard comme un roi, faisant tranquillement ses bagages, emportant tout ce qu'il souhaite, saluant ses amis avant un exil doré... Pour combien de temps ? L'avenir le dira...