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un grain de sable pour secouer la poussière...

A propos d’Aziz : Jean-Baptiste Placca de RFI est à côté de la plaque…

Samedi 26 Juin 2021 - 17:13


En matière de jurisprudence démocratique, l’arbitre des élégances africaines chez RFI s’est plaint de l’incarcération de Mohamed Ould Abdel Aziz car ce serait un mauvais signal pour les autres tyrans qui seraient tentés de ne jamais quitter le pouvoir sinon par la force ou le repos éternel dans leur lit douillet après la limite d’âge de tout mortel même bien nourri bien logé bien blanchi bien protégé bien soigné car un jour il faut bien partir soit de la présidence soit de la terre ferme.


Si on devait écouter le Placca, ( cliquez ici ) les tyrans partiraient à la retraite selon leur bon vouloir alors qu’ils pourraient rester à vie comme mille autres et s’ils savaient, grâce aux conseils à la côté de la plaque de père Placca, qu’ils ne seraient jamais inquiétés, on risquerait alors une succession de tyrans dont le départ laisserait au suivant la jurisprudence Placca les assurant qu’ils ont carte blanche pour tout piller sans parler de l’atteinte à l’unité nationale quand il s’est agi pour certains comme Aziz d’attiser le feu entre les communautés pour diviser et mieux régner.

Quant à donner des raisons au peuple pour justifier cette incarcération : monsieur Placca devrait se renseigner, les raisons données ne manquent pas. La dernière en date est de n’avoir pas respecté son obligation d’aller trois fois par semaine signer à la police alors qu’il était en résidence surveillée bien installé dans son petit palais. Aziz voulait qu’on laisse les gens qu’il a pu ameuter l’accompagner en bloquant les rues avec force klaxons de 4X4 et griots en tout genre. Cela revenait à manifester dans les rues avec le risque de trouble à l’ordre public sans parler du risque sérieux pour sa propre sécurité car l’ex-tyran sympathique a des ennemis redoutables. Dans n’importe quel pays, il faut une autorisation pour manifester et en l'occurrence c’est dangereux.

L’Etat a alors permis à Aziz de marcher avec deux accompagnateurs, ses gardes du corps, puisqu’il tient à aller à pied vu qu’en voiture, il a réussi à se présenter en victime harcelée par les policiers en civil qui le suivaient. Aziz voudrait sortir de chez lui sans aucun oeil de la police ; faire des selfies avec les passants et lâcher des phrases contre le pouvoir comme s’il était poursuivi pour une affaire mineure alors qu’on parle d’un pillage de l’Etat et de blanchiment d’argent.

Pour le reste à savoir si Aziz peut être laissé libre ou non vu la procédure judiciaire en cours, monsieur Placca devrait mieux se renseigner et faire une nouvelle chronique urbi et orbi pour que l’on sache, en la lumière des éléments nouveaux à sa disposition que chacun chez nous connaît, ce qu’il faudrait faire pour être digne de son élégance démocratique sachant ceci :

Rien n’indique qu’Aziz ait quitté le pouvoir de propre chef vu que ses partisans avaient déjà commencé à rassembler les signatures des députés afin de changer la constitution et lui permettre de briguer d’autres mandats. Cette initiative n’a été arrêtée par Aziz, alors en déplacement, qu’au dernier moment alors qu’il pouvait l’arrêter bien avant. Tout semble indiquer que l’armée mauritanienne ne voulait pas le suivre dans cette aventure. Ceux qui aujourd’hui tiennent le pays semblent, pour s’en débarrasser pacifiquement, l’avoir convaincu de jouer une carte plus subtile à savoir quitter le pouvoir démocratiquement et revenir ensuite comme un Poutine sachant que dans un pays comme le nôtre sitôt qu’on quitte le pouvoir tout se referme derrière soi à jamais car derrière les ambitieux ne manquent pas et la loi du genre est de laisser la place au suivant qui se trouve fatalement être le numéro 2 du pouvoir à moins d’un coup d’Etat plus profond qui ferait venir un nouveau groupe comme ce fut le cas en 2005 avec Aziz et ses amis qui ont coupé l’herbe sous les pieds des anciens devant eux.

Cela dit admettons qu’il soit parti de son propre chef. Si le nouveau régime avait voulu l’inquiéter ou l’humilier selon les termes du Placca, il n’allait pas le laisser quitter le pays tranquille en remplissant de valises un avion de ligne. Monsieur Placca devrait se demander pourquoi tout d’un coup Aziz a été inquiété par ses amis d’hier.

Dire qu’Aziz n’a été inquiété que parce qu’il aurait tenté de faire un coup d’Etat ou parce qu’il a voulu faire de la politique serait accuser le pouvoir actuel d’avoir engagé le procès dit de la décennie que pour briser dans l’oeuf son éternelle soif de pouvoir et lui rendre les coups dignes de cette trahison qui consiste à passer à l’opposition malgré une sortie pacifique assurée par ses amis d’hier. 

Personne ne peut répondre à cette question sinon quelques têtes de l’armée. Toujours est-il qu’il y a une procédure en cours. Cette procédure a commencé par une enquête parlementaire dont les conclusions donnent le vertige même si cela n’a rien appris à personne tant chaque citoyen a pu voir sous ses yeux  le train de vie du chef de l’Etat et son entourage sans parler du gaspillage des fonds publics et du surendettement pour des projets délirants qui n’étaient pas une urgence pour le pays et qui se sont avérés un gouffre financier gratuit ( le nouvel aéroport, le palais des congrès, un boeing dernier cri acheté neuf etc ).

Dès que la procédure a été engagée avec l’audition de tout un entourage de l’ex-chef de l’Etat, premiers ministres, ministres, directeurs de grandes entreprises nationales etc, que fallait-il faire d’Aziz ?

Dans n’importe quelle démocratie, vu les enjeux financiers et politiques du procès, vu la personnalité du chef de l’Etat et sa capacité de nuisance, il eût été emprisonné de façon préventive car il a tous les moyens de fuir à l’étranger.
Au lieu de le jeter en prison, il a été d’abord laissé libre de circuler dans le pays, son épouse qui a souvent été accusée par certains observateurs d’avoir elle aussi fait fortune n’a jamais été inquiétée ni elle ni ses enfants malgré leur royal train de vie. Au lieu de préparer sa défense tranquillement en profitant de la clémence du pouvoir, Aziz a voulu entrer en confrontation directe comme s’il était un simple opposant libre de faire de la politique.

A chacune de ses sorties, le pouvoir a serré la vis autour de lui mais cela n’a servi à rien. Il a eu le droit de faire des conférences de presse, s’exprimer sur des chaînes internationales comme france24 et autres. Où a-t-on déjà vu quelqu’un dans sa situation judiciaire avoir une telle liberté ? Nulle part.

Aziz n’est pas n’importe qui. Il s’agit d’un dictateur, d’apparence très sympathique, mais qui tient des secrets d’Etat. Notre Etat est jeune, il n’a pas 80 ans sans parler de notre processus démocratique. On ne peut pas laisser un tel ex-président jouer à l’innocent et menacer ceux qui tiennent l’Etat sous prétexte qu’il détiendrait des dossiers. Des dossiers il en a ce qui est normal vu ses responsabilités passées mais même dans la plus grande démocratie personne n’aurait le droit de s’en servir une fois qu’on quitte ses fonctions. 

Même en économie, quand vous quittez une entreprise vous ne pouvez pas aller chez la concurrence et vous servir des secrets d’entreprises, que dire de secrets politiques et militaires ?
La seule chose qu’on puisse reprocher au régime actuel c’est la longueur de la procédure judiciaire en cours mais c’est juste parce que le pouvoir actuel ne veut pas de procès expéditif. De là une longueur comme dans tout pays démocratique.

 

Tout ça pour dire que monsieur Placca est à côté de la plaque en regrettant le sort réservé à Aziz mais pouvait-il en être autrement vu que monsieur Placca parle en chroniqueur idéaliste dont les recettes ne sont cuisinées nulle part où il est question de réalité des forces en présence comme d’autant de raisons d’Etat. Son avis ou plutôt son opinion est destinée à nourrir de stériles débats de salon auxquels je participe malgré moi car il faut bien ne pas laisser la place au parfumeur là où tout le monde se pince le nez.

Aziz veut être un opposant sans subir le sort des opposants qu’il a fait subir à ceux qui se sont opposés à lui. Pour l’instant, le pouvoir est clément avec lui ; une clémence que monsieur Placca ne trouvera nulle part dans les annales des pays démocratiques ou tyranniques face à un tel profil. Dans un autre pays un accident serait si vite arrivé afin justement de n’avoir pas à ménager pareil fauve impossible à dompter car sa soif de pouvoir est maladive. 

L’urgence est d'en finir avec la procédure en cours. La justice n’a qu’à dire s’il est coupable ou non ensuite il faudra appliquer le verdict sans trembler : la prison ou la liberté sachant qu’Aziz a déjà gagné la guerre médiatique : les mauritaniens ne comprendraient pas qu’il soit seul inquiété et l’envoyer en prison ne changerait pas son caractère ni sa soif de pouvoir. Il sortirait tôt ou tard, toujours aussi riche, l’aigreur en plus.

En clair, Aziz sait qu’il est intouchable et qu’il fera de la politique tout le reste de sa vie ; personne n’y pourra rien ; il faut juste l’accepter et l’affronter sur ce terrain ; l’Etat en a les moyens. Si Aziz a réussi à rendre la vie difficile à Bouamatou même au Maroc alors l’Etat mauritanien pourra rendre à Aziz la monnaie de sa politique quel que soit l’endroit où il irait s’installer…

Ahmed Ould Soueid Ahmed
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