Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, la gendarmerie mauritanienne a démantelé un réseau de contrebande de médicaments dans la sous-région, et découvert des « entrepôts secrets » dans différents quartiers de la capitale Nouakchott, remplis de médicaments, y compris des pilules hallucinogènes, des médicaments neurotoxiques très sensibles et dangereux, des aphrodisiaques et d’autres médicaments « non autorisés ».
Des sources ont indiqué à Sahara Media que l’opération est toujours en cours, confirmant que mardi après-midi, certains suspects en fuite sont traqués, en plus de la recherche d’entrepôts secrets dans certains quartiers de Nouakchott, y compris un « grand entrepôt » dans le quartier de Sebkha.
Les sources ont ajouté que le nombre d’arrestations a atteint 14 personnes, dont un étranger de nationalité indienne, un nombre susceptible d’augmenter dans les prochaines heures à mesure que l’enquête et l’investigation des équipes de la Gendarmerie nationale se poursuivent.
En attendant, les autorités sécuritaires ont imposé de nouvelles mesures pour retrouver les fugitifs, notamment l’obligation pour tous les passagers des sociétés de transport urbain d’indiquer leur numéro national, en particulier sur la ligne Nouakchott-Rosso, la plupart des suspects étant originaires de la région du Sud.
Le début du fil
Des sources spéciales qui se sont confiées à Sahara Media sous couvert d’anonymat ont indiqué que la première piste qui a conduit au réseau de contrebande et de distribution de médicaments a été un camion arrêté par les services de sécurité algériens il y a plus d’un mois, plus précisément dans les derniers jours du mois sacré du Ramadan.
La sécurité algérienne a informé les autorités mauritaniennes et une opération de sécurité a été lancée entrainant le démantèlement du réseau propriétaire du camion, grâce aux services de la Gendarmerie nationale.
Selon les informations disponibles, la cargaison de médicaments saisie par les Algériens à bord du camion était en route vers la Libye, alors que des sources indiquent que le réseau distribuait ses médicaments « sans licence » sur les marchés de la Mauritanie, en plus du reste des pays du Maghreb.
La gendarmerie mauritanienne a commencé à planifier l’opération de sécurité au début du mois d’avril dernier, et des instructions strictes ont été données pour confisquer tous les médicaments trouvés en situation illégale et pour saisir les entrepôts clandestins opérant en dehors de la loi.
Démantèlement du réseau
Dans la soirée du jeudi 1er mai, les équipes de la gendarmerie ont mené une opération qui a duré plus de vingt-quatre heures. Le samedi 3 mai, à l’aube, la gendarmerie a annoncé le « démantèlement d’un réseau d’importation et de distribution de pilules hallucinogènes et de substances prohibées », précisant que l’opération spéciale a duré vingt-quatre heures.
Durant les dernières heures de la nuit de vendredi à samedi, la gendarmerie nationale a élaboré son plan médiatique pour annoncer l’opération de sécurité et a convoqué des équipes des médias publics, qui ont passé la nuit avec les équipes de la gendarmerie à filmer et à documenter les résultats de l’opération.
La gendarmerie a expliqué que l’opération a eu lieu après « des investigations minutieuses menées par la compagnie de Nouakchott 1 et la brigade de recherche » qui a abouti à l’arrestation de 14 personnes « dont des distributeurs, des vendeurs et des propriétaires soupçonnés d’être impliqués dans le réseau ».
La gendarmerie a également annoncé la saisie d’entrepôts secrets dans les quartiers d’Arafat et de Dar Naim, où des médicaments non homologués étaient stockés à côté de denrées alimentaires en guise de camouflage, dans de mauvaises conditions de stockage qui ne répondent pas aux normes les plus élémentaires de ventilation et de sécurité sanitaire, selon le communiqué de la gendarmerie.
Contrebande et tentative de corruption
Les informations révélées par la gendarmerie nationale comprenaient l’indication qu’elle avait saisi un camion rempli de sacs de pilules hallucinogènes, qui était en route vers la ville de Zouerate.
Des sources ont confirmé à Sahara Media que le camion arrêté par la gendarmerie sur la place de l’ancien aéroport était un camion frigorifique, et que la cargaison était destinée à l’un des pays du Maghreb.
La gendarmerie a indiqué que les membres du réseau, lors de leur arrestation, ont proposé un pot-de-vin « d’un montant énorme aux membres de la gendarmerie, pour tenter de mettre fin à l’affaire, une proposition rejetée par les membres de la force d’exécution ».
Les sources indiquent que la valeur du pot-de-vin avoisinait le milliard MRO afin d’éviter d’atteindre un certain nombre de personnes actuellement détenues par la Gendarmerie nationale.
« Les enquêtes se poursuivent pour découvrir d’autres pistes liées à ce réseau », a annoncé la gendarmerie.
Stéroïdes et hallucinogènes
Les photos publiées par la gendarmerie nationale montrent que les médicaments saisis étaient chargés dans des cartons, estimés par des sources privées à environ 900 cartons, et qu’ils étaient stockés dans de mauvaises conditions d’aération et de conservation.
La plupart des médicaments trouvés étaient des aphrodisiaques et des médicaments neurologiques utilisés comme pilules hallucinogènes, ainsi que quelques antibiotiques.
Parmi les médicaments se trouvaient Devil 50 et Devil 100, un aphrodisiaque classé parmi les pilules de Viagra mondialement reconnues, dont l’utilisation présente des risques importants pour la santé.
Ils ont également trouvé une grande quantité de capsules de Pregabalin 300, un analgésique pour les douleurs persistantes causées par des lésions nerveuses, dont la vente est interdite sans ordonnance parce qu’il est utilisé par certains toxicomanes.
En ce qui concerne les antibiotiques, la gendarmerie a trouvé de grandes quantités de Métronidazole, qui est également un antiparasitaire appartenant à la famille des imidazoles et qui est utilisé dans le traitement de certaines maladies infectieuses ou parasitaires qui affectent les intestins et l’appareil génital.
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