Mauritanie et les initiatives sahraouies pour la paix : Une neutralité active et un appui aux nouvelles voix/Par Hamoud Ghaillani*

Au cœur des tensions persistantes entourant la question du Sahara occidental – un dossier enlisé depuis des décennies – la Mauritanie continue d'adopter une politique équilibrée fondée sur une neutralité positive et active, comme l’a récemment réaffirmé le ministre mauritanien de la Culture, de la Jeunesse, des Sports et des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, M. El Houssein Ould Meddou, dans une interview accordée à France 24, citée par Alakhbar. Cette neutralité, loin d’une simple posture passive, reflète une volonté sincère de contribuer à une solution politique équitable, au service de la stabilité régionale et des intérêts de toutes les parties.

Ce qui distingue aujourd’hui la position mauritanienne, c’est sa disposition à jouer un rôle central dans la facilitation du dialogue entre les acteurs, en favorisant un climat de confiance et en dépassant le blocage politique. Dans ce contexte, il devient impératif de repenser la carte représentative traditionnelle de la question sahraouie, en s’ouvrant à de nouvelles voix émanant de l’intérieur du corps sahraoui, au premier rang desquelles figure le Mouvement Sahraoui pour la Paix (MSP).

Ce mouvement, fondé sur le rejet de la violence et de l’extrémisme, incarne une approche rationnelle et ouverte parmi les Sahraouis, cherchant à parvenir à une solution pacifique par le dialogue inclusif et le consensus constructif. L’existence de liens solides entre les dirigeants du mouvement et diverses composantes de la société mauritanienne – acteurs politiques, médias, société civile – fait de la Mauritanie un terreau naturel pour accueillir toute initiative sérieuse en faveur de la paix.

Redynamiser le dossier
 

De nombreux Mauritaniens, tant au niveau officiel que populaire, ont exprimé leur compréhension du discours du mouvement et de ses objectifs pragmatiques. Ce dernier ne renie pas l’identité sahraouie, ne poursuit pas l’utopie, mais appelle plutôt à une reconnaissance mutuelle, à un partage équitable du développement et à une coexistence digne. Une telle approche rejoint parfaitement l’appel constant de la Mauritanie à une solution consensuelle garantissant la stabilité régionale.

Face à l’impuissance croissante de la communauté internationale à relancer le dossier et à l’impasse des négociations classiques, des initiatives alternatives comme celle du MSP revêtent une importance stratégique nouvelle. Plutôt que de les marginaliser, leur inclusion dans les forums onusiens et régionaux, avec le soutien actif de la Mauritanie, pourrait insuffler un élan inédit au processus politique en suspens.

Ignorer ces initiatives sahraouies émergentes ne ferait que renforcer l’immobilisme et aggraver la souffrance des populations dans les camps et les zones contestées. À l’inverse, l’ouverture à ces nouvelles voix, notamment celles disposant de réseaux d’appui et de confiance en Mauritanie, pourrait redynamiser le dossier et placer les parties prenantes face à des options réalistes et réalisables.
En conclusion, la Mauritanie, de par sa position géographique, ses liens sociaux et son attachement à la paix, est bien placée pour jouer un rôle de facilitateur crédible, et contribuer ainsi à l’émergence d’une solution durable au conflit du Sahara occidental.

* observateur mauritanien intéressé par les affaires régionales
lecalame