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un grain de sable pour secouer la poussière...

INSAF parle de bonne gouvernance : L’hôpital qui se moque de la charité

Vendredi 8 Novembre 2024 - 18:00

Le principal parti de la majorité présidentielle, l’INSAF, avait annoncé sa volonté d’entreprendre d’importantes réformes pour soutenir la mise en œuvre du programme du président de la République (Mon ambition pour la Patrie). La réflexion sur les différentes thématiques a été lancée au lendemain de l’investiture de celui-ci puis précisée après la déclaration de politique générale du Premier ministre. Dans une interview exclusive au Calame, le tout nouveau président du parti, Sid’Ahmed ould Mohamed, avait également parlé d’un chantier de réformes à achever, retardé qu’il avait été par les élections locales et présidentielle. Depuis, l’INSAF est apparemment comme dans une sorte de transition vers des échéances majeures.
 

Le parti entame donc le déroulement de son programme qui devrait être clôturé par le renouvellement de ses instances. Dans cette optique, il a organisé, il y a une dizaine de jours, un colloque de haut niveau au nouveau Palais des Congrès «Mourabitounes ». Cette rencontre a réuni les partis de la majorité et de l’opposition mais également des membres de la Société civile, autour du thème « Bonne gouvernance entre engagement ferme de l’État et adhésion sincère des élites et de la société ». Tout une problématique dans la mesure où cette thématique ne cesse d’alimenter les débats, faisant couler l’encre et la salive mauritaniennes. On ne cessait d’en parler depuis l’arrivée d’Ould Abdel Aziz au pouvoir en 2009. L’homme en avait fait son cheval de bataille… avant d’en être lui-même la victime, dès après son départ en 2019. Une commission parlementaire avait été mise en place pour statuer sur la gestion de « sa » décennie. Après plus de deux ans d’enquête, l’affaire laissa les Mauritaniens stupéfaits des présumés milliards d’ouguiyas pillés par l’ex-Président, ses collaborateurs et proches.
 

Le successeur de celui-ci, Mohamed Cheikh Ghazouani, enfourcha à son tour le chameau pour rattraper les pilleurs des biens de l’État. Cinq ans plus tard, on ne pourrait dire que la moisson ait été fameuse et notre méhariste de service a donc décidé d’en faire un des leviers de son second et dernier quinquennat. Un défi énorme. Et c’est conscient peut-être de cela que l’INSAF a organisé son colloque dont il faudrait entendre le thème plutôt en forme d’interrogations : l’État est-il ferme ? Les Mauritaniens et leurs élites sont-ils déterminés à mener sérieusement le combat contre la corruption et la mauvaise gouvernance ? Dans tous les cas, ils sont tous conscients que cette pandémie gangrène notre pays, entendant tous les jours les pouvoirs publics réaffirmer leur volonté d’éradiquer ce fléau ; hélas en vain, semble-t-il. Chaque jour révèle certes de nouveaux signes ostentatoires de gabegie – de richesse insolente même – mais les mesures draconiennes ne sont pas prises pour sanctionner les auteurs de ces crimes et délits économiques. Certains sont même encouragés…

 
 

Un autre pétard

Le colloque de INSAF vient donc à son heure, quelques semaines après l’éclatement de présumés scandales de tels détournements. La décision du procureur d’ouvrir une enquête pour élucider ces affaires a suscité un nouvel espoir chez les Mauritaniens : l’enquête allait, cette fois, se poursuivre jusqu’au bout ! Mais ils ont vite déchanté. Comme les « précédentes », celle-ci s’est dégonflée. Un autre pétard mouillé ! On se demande donc aujourd’hui comment l’INSAF pourrait concrètement pousser le gouvernement et les Mauritaniens à faire, de cette lutte pour la bonne gouvernance, un vrai combat du quinquennat. Dans les faits, il semble bien qu’entre recycler les présumés voleurs et choisir des responsables sur des critères d’éthique, les pouvoirs qui se succèdent continuent plutôt à hésiter.
 

Or, si les Mauritaniens ont faim et soif, ils ont surtout besoin de justice et celle-ci commence par le respect des droits les plus élémentaires. Ould Ghazouani s’y est été engagé dans son premier discours de candidature en 2019. Mais, pour l’essentiel, on attend toujours. Ould Djay peut-il secouer le mammouth engraissé, depuis des décennies, par les biens pillés de la République ? Le nom du Premier ministre a changé. La méthode – et les résultats… – suivront-ils ? Cela fait tout de même plus de quinze ans que ces questions se posent… mais la faim, elle, n’attend pas et perdure.

 

Dalay Lam
lecalame

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