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Face aux obstructions dont il fait l’objet de la part du pouvoir : Samory ould Bèye accuse

Jeudi 8 Juin 2017 - 00:41

Face aux obstructions dont il fait l’objet de la part du pouvoir : Samory ould Bèye accuse

Le secrétaire général de la Confédération Libre des Travailleurs de Mauritanie (CLTM), Samory ould Bèye se plaint et dénonce les obstacles que le pouvoir dresse sur son chemin. Il s’agit d’abord,  cite Ould Bèye, de son exclusion  et de sa marginalisation, depuis trois ans,  de la délégation  tripartite à la réunion de Genève, qui statue, chaque année, sur la question des droits de l’homme. « Les préparatifs de ce conclave annuel battent leur plein. Nous n’acceptons pas d’y faire figuration, nous y allons pour dénoncer les pratiques inhumaines de l’esclavage, du racisme et de la ségrégation, pratiquées, par le pouvoir, en Mauritanie ; et, comme notre voix porte, on fait tout pour nous empêcher d’assister à ce grand conclave ».
 

Ould Bèye affirme que c’est, certainement, à cause  de ses  déclarations fustigeant le pouvoir et ses pratiques d’exclusion qu’il a été éjecté  du conseil  d’administration de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), du  conseil économique et social et de l’environnement et d’autres organismes paritaires. Autres difficultés, le refus des autorités de lui laisser jouir de ses droits à la retraite, depuis 2015. Ould Bèye était employé à Radio-Mauritanie, avant d’embrasser la carrière de syndicaliste.
 

« Depuis que nous avons  saisi, par courrier, les Nations Unies et, surtout, leur rapporteur, sur les pratiques esclavagistes en Mauritanie »,  poursuit  Ould Bèye, « le pouvoir nous en veut.  Il redoute que l’organisme onusien décrète des recommandations sur  la non-application des textes pris pour éradiquer l’esclavage et ses pratiques  en Mauritanie […] le pouvoir  perd tout bon sens »,  martèle le secrétaire général de la CLTM. Et de se réjouir de la prise en compte de la réalité qu’il ne cesse de dénoncer,  par le rapporteur spécial  des Nations Unies dans son rapport  2016 (Rapport Alstom) : la marginalisation, à tous les niveaux et dans tous les secteurs  d’activités, des noirs de Mauritanie, de façon générale, et des  Harratines, en particulier.

 

Des textes destinés à la consommation extérieure
 

Dans une correspondance, en date du 10 avril 2017, adressée au rapporteur des Nations Unies,  la veille de son passage en Mauritanie,  le secrétaire général  de la CLTM rappelait que « l’Etat mauritanien s’est construit sur la base d’une idéologie esclavagiste et discriminatoire, pour  pérenniser son  système éhonté», avant de passer en revue tout l’arsenal administratif  et  juridique  que le pays  a adopté,  pour  éradiquer l’esclavage et ses séquelles. Pour Ould Bèye,  ces mesures ne sont que des velléités, du verni, et non une volonté politique réelle de combattre ce phénomène qui assujettit  les Harratines, en particulier.
 

Puis Ould Bèye énumère la  liste toutes les mesures prises par différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays, de 1960 à nos jours : la  Constitution  du 20 Mai  1961, faisant sienne, dans son préambule, la déclaration Universelle des droits de l’homme de 1789 qui  abolit l’esclavage ;  la ratification, par l’Etat mauritanien, de la  convention  n° 29 de l’OIT sur le travail forcé ; en d’autres termes, les pratiques esclavagistes. L’objectif de cette signature, croit le secrétaire général  de la CLTM, se résumait à se faire admettre au sein des Nations Unies. Aucun texte d’application n’a été adopté ni aucun cas  soumis aux tribunaux.
 

Viennent, ensuite, la ratification, par la Mauritanie, de  la convention n° 29 de l’OIT sur le travail forcé, en d’autres termes,  les pratiques esclavagistes ; la lettre circulaire confidentielle du Garde des sceaux et ministre de l’intérieur, Mohamed Lemine ould Hamoni, en date du 16 Mai 1966, où le Ministre écrivait: « Mon attention est quotidiennement attirée sur la survivance de pratiques esclavagistes incompatibles avec la Constitution et les lois de la République Islamique de Mauritanie » ; le Code du travail (Loi n° 63. 023 du 25 Janvier 1963) qui interdit, formellement, le travail forcé, ainsi que toutes pratiques contraires à la liberté de l’embauche ; - l’ordonnance du 9 Octobre 1981, abolissant l’esclavage ; la loi foncière-Ordonnance n°.83.127 du 5 Juin 1983 ; - Le Code du travail,  révisé en 2004 ; la loi n° 2007-48 du 3 Septembre 2007, criminalisant l’esclavage, abrogée et remplacée par une loi portant  criminalisation de l’esclavage et réprimant les pratiques  esclavagistes ; la fondation de l’agence Tadamoun dont l’objectif principal est de développer les adwaba (villages de Haratines) ; et la feuille de route, devenue loi votée, par le Parlement, au mois d’août 2O15.
 

 


Face aux obstructions dont il fait l’objet de la part du pouvoir : Samory ould Bèye accuse

Pour Samory Ould Bèye, ces mesures ne sont jamais suivies d’effet. Aucun texte d’application n’a été adopté. C’est pourquoi le secrétaire général de la CLTM estime que ces mesures visent exclusivement à satisfaire les exigences de la Communauté internationale, le pouvoir n’a jamais été animé par une volonté d’éradiquer l’esclavage et ses séquelles. Pire, il combat même les militants   et cadres de la composante harratine qui lutte contre cette pratique abjecte. Pour illustrer ses propos, Ould Beye qui préside le Mouvement El Hor, grâce à qui la loi N° 83 portant réforme foncière fut votée, cite les témoignages de victimes de l’esclavage. Il y ajoute ceux des filles harratines victimes d’exploitation et d’esclavage sexuel en Arabie Saoudite. Enfin, le secrétaire général de la CLTM se réjouit de la pris en compte, par le rapport Alstom, des données contenues dans sa correspondance.

 

Quelques extraits du rapport Altom 2016
 

Après son passage en Mauritanie, du 2 au 11 Mai 2016, le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté a produit un rapport dont voici quelques extraits : «  Les Harratines (Maures Noirs) et les Afro-Mauritaniens sont, systématiquement, absents de la quasi-totalité des postes de responsabilité et constamment exclus de nombreux aspects de la vie économique et sociale ».  Se fondant sur le contenu d’un rapport de 2014, le rapporteur ajoute : « seuls 5 des 95 sièges de l’Assemblée nationale sont occupés par des harratines et un seul sénateur sur 56 appartenait à ce groupe. De plus, 2 des 13 gouverneurs régionaux et 3 des 54 préfets départementaux sont Harratines. »
 

Toujours sur la marginalisation, le rapporteur  cite  les chiffres de 2005, selon lesquels 90% des officiers de l’armée étaient des beïdanes, 7% des harratines et 3 % des afro-africains. Le même rapport évoque la question foncière, le registre d’état-civil et le cadre de lutte contre la pauvreté. Mais notre  syndicaliste n’entend pas pour autant se taire face aux injustices criantes perpétrées,  par le pouvoir,  à l’encontre des noirs de Mauritanie et des Harratines, en particulier. Une attitude qui lui vaut toutes ces démêlées. « Quand on se bat pour une cause juste, on  se soucie peu de son sort personnel »,  conclut Ould Bèye qui  s’apprête,  d’ailleurs, à se rendre à Genève, la semaine prochaine.
 

 Rappelons que Samory Ould Bèye est l’auteur de plusieurs correspondances adressées, non seulement, aux Nations Unies mais, aussi, à d’autres organismes partenaires de la Mauritanie. La première,  adressée à M. Ban Ki Moon, en 2010, sous le titre « Cri d’alarme », la seconde, toujours au SG des NU, titrée « Réquisitoire contre le gouvernement mauritanien », la troisième, lors de son passage en Mauritanie. La  quatrième et dernière, intitulée « SOS Harratines de Mauritanie » était destinée à l’Union Européenne. C’est d’ailleurs dans ce  cadre que la CLTM a porté plainte, contre la Mauritanie, auprès du BIT, pour « pratiques esclavagistes », ce qui a conduit au « placement de la Mauritanie, sur la liste noire des pays interpellés par l’OIT », explique Samory qui ira défendre son dossier à Genève, devant la commission des Nations Unies. Une rude bataille en perspective, entre lui et la délégation gouvernementale, promet-il.
 

Dalay Lam

source lecalame.info

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