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Le théâtre mauritanien : un long chemin à parcourir pour embrasser le professionnalisme (dramaturge)

Vendredi 13 Avril 2018 - 07:35

La pratique théâtrale en Mauritanie a encore un long chemin à parcourir pour embrasser le professionnalisme, a affirmé le dramaturge mauritanien, Baba Mine.
 
“La pratique théâtrale en Mauritanie, qui n’a pas encore dépassé le stade d’amateurisme, a plus que jamais besoin d’une forte volonté politique et d’un intérêt particulier de la part des autorités pour franchir le monde du professionnalisme”, a-t-il déclaré dans un entretien à la MAP à l’occasion de la Journée mondiale du théâtre, célébrée le 27 mars de chaque année.
 
M. Mine, qui est aussi acteur et président de l’association des dramaturges mauritaniens, a expliqué qu’à la différence de la Mauritanie, les autres pays arabes ont été soucieux à accompagner le théâtre amateur qui a porté le flambeau de la pratique théâtrale dans ses débuts, en envoyant des missions d’étudiants à l’étranger afin d’enrichir l’expérience théâtrale dans leurs pays.
 
Dans ce sens, il a fait état d’une “rareté flagrante” des spécialistes en théâtre, dont le nombre ne dépasse pas trois en Mauritanie, relevant que parmi ces dramaturges figurent Ahmed Habibi et Abdelhay Taqi, qui ont poursuivi leurs études académiques en Tunisie à leurs frais.
 
Ces dramaturges ont milité sur deux fronts en tentant, d’une part, de convaincre les organismes officiels de l’impératif d’encourager le théâtre en Mauritanie et en ciblant, d’autre part, différentes catégories de la société traditionnelle qui considéraient ce genre dramatique comme “une abomination de l’œuvre du diable”, explique-t-il encore.
 
Il a déploré, à cet égard, que depuis l’indépendance en 1960, le ministère mauritanien de l’Education n’a envoyé aucun étudiant pour poursuivre des études spécialisées dans l’une des différentes disciplines théâtrales, tels que la mise en scène, la décoration, l’écriture ou la scénographie, ce qui explique le caractère amateur de la pratique théâtrale dans le pays.
 
Ce diplômé de l’Institut des arts dramaturges en Libye en 1997 et de la faculté des beaux-arts en Egypte en 2000 a de même relevé que jusqu’à présent, aucune décision n’a été prise pour créer un institut ou une école supérieure du théâtre, faisant état toutefois de l’existence de certains clubs et associations dans les provinces et les écoles, qui fonctionnent sans aucun soutien de la part des organismes officiels.
 
“Même au niveau du ministère de la Culture, il n’existe pas de service ou cellule en charge de cet art”, a-t-il déploré, regrettant également l’absence de théâtre national qui permettrait de mettre en valeur le patrimoine national et la richesse de l’identité mauritanienne.
 
Face à cette “stagnation” ou l’indifférence des autorités à l’égard du théâtre, des groupes de jeunes amateurs se sont mobilisés pour donner une nouvelle impulsion au théâtre et assurer une présence active sur la scène artistique arabe, soutient-il.
 
Dans ce sens, il a souligné la nécessité de mettre en place un cadre formel qui embrasse cette jeune expérience, ainsi que d’adopter des programmes ambitieux capables de promouvoir ces pratiques.
 
Le dramaturge a exprimé le regret de la faiblesse des revenus qui contraint de nombreux professionnels à abandonner tôt ou tard ce créneau qui ne permet pas de garantir une vie décente et un avenir meilleur en Mauritanie, appelant à promouvoir le théâtre national et à tirer profit de la richesse du patrimoine mauritanien. Le chercheur a également déploré la forte présence des productions étrangères qui rencontrent un grand succès en Mauritanie et qui viennent meubler le vide dont souffre la scène artistique mauritanienne, mettant en garde contre les impacts de cette “invasion” sur la société et l’identité mauritaniennes.
 
Le théâtre mauritanien est appelé plus que jamais à proposer des alternatives artistiques qui traduisent les spécificités du public mauritanien, estime encore M. Mine. “Le théâtre que nous voulons est celui qui présente nos personnalités historiques, nos héros et notre culture, d’autant plus que les Mauritaniens vouent un amour particulier au théâtre”, a-t-il précisé.
 
Il a estimé que la réalisation de ce vœu reste pour le moment dans l’ordre de l’impossible tant que l’amateurisme dans le domaine du théâtre l’emporte sur le professionnalisme, plaidant pour une pratique théâtrale puisant ses forces et ses fondements dans les règles connues et reconnues universellement en la matière.
 
Les réalisations accomplies dans le pays dans ce domaine sont l’œuvre de dramaturges appartenant aux trois dernières générations, notamment feu Malek Hammam Fall, Mohamed Ould Dahi, Mohamed Ould Massoud et Mohamed Fall Ould Abderrahmane, ainsi que Mohamed Ould Ahmed Lamine.
 
En guise de conclusion, le dramaturge mauritanien s’est dit convaincu de voir émerger dans les prochaines années un théâtre national capable de concurrencer les théâtres arabes et internationaux, à la faveur de la richesse de son patrimoine et de la diversité de ses formes.
 
 
 
KA
 
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