. chezvlane



un grain de sable pour secouer la poussière...

La maîtrise chinoise de la désertification soutient les efforts écologiques de la Mauritanie (REPORTAGE)

Mercredi 4 Juin 2025 - 06:58

Sous un soleil de plomb, des rangées de tuyaux d’irrigation goutte-à-goutte s’étendent avec soin sur un terrain étendu sablonneux à Bir El Barka, un village situé dans la région du Trarza, dans l’ouest de la Mauritanie. De jeunes pousses de légumes verts jaillissent du sable jaune.

A proximité, des panneaux solaires convertissent régulièrement la lumière du soleil en électricité, alimentant les pompes qui extraient l’eau souterraine pour irriguer les champs. Le désert morcelé, autrefois stérile, se teinte désormais de vert – une scène saisissante de transformation.

“Il ne s’agit pas d’un projet d’embellissement à court terme, mais d’une véritable transition écologique durable”, a déclaré Tourad Medou, co-coordinateur du Projet pilote de démonstration du Parc des technologies vertes sino-africain en Mauritanie, en parcourant les parcelles, une aubergine fraîchement récoltée à la main.

Diplômé d’un master de l’Université du Hunan en Chine, M. Medou travaille aujourd’hui au ministère mauritanien de l’Environnement et du Développement durable, chargé de promouvoir la coopération écologique avec la Chine.

Derrière lui, plusieurs jeunes travailleurs locaux s’affairaient à labourer la terre et à réparer les tuyaux d’irrigation.

Malgré des températures avoisinant les 45 degrés Celsius, les jeunes plants de légumes semblaient vigoureux et pleins de vie.

“Je n’aurais jamais imaginé cultiver des légumes dans le désert”, confie Mohamed Isselmou, technicien du système d’irrigation du parc.

Fruit d’un partenariat mauritano-chinois, ce projet est conçu et soutenu par l’Institut d’écologie et de géographie du Xinjiang (XIEG), affilié à l’Académie chinoise des sciences (CAS).

Achevé en juillet 2024, le parc de quatre hectares comprend une zone tampon de fixation du sable, une zone de verger, une zone maraîchère, une zone de culture fourragère et une zone d’élevage avicole.

Bir El Barka se situe à environ 70 kilomètres à l’est de Nouakchott, en lisière du désert. “Nous avons choisi un site proche de la capitale pour faciliter les démonstrations techniques, la formation et les extensions futures”, a expliqué Zhou Na, membre de l’équipe de recherche sur les déserts du XIEG participant au projet.

Située dans un climat désertique tropical, la zone souffre d’une sécheresse chronique, de températures extrêmes, de tempêtes de sable et d’une forte salinisation des sols. Il n’existe ni pâturages naturels ni infrastructures agricoles notables. L’endroit n’est pas encore raccordé au réseau électrique, et les habitants dépendent traditionnellement de l’élevage, sans réelle source de revenus durable.

“Les défis écologiques et de développement sont ici profondément liés”, a noté Mme Zhou. “Nous espérons explorer un modèle de développement hautement adaptable et reproductible dans ces conditions naturelles”.

“Cette terre n’était que du sable stérile. Rien ne poussait ici”, a confié M. Medou à Xinhua, en désignant les dunes ondulantes au loin.

Grâce au soutien d’experts chinois et à l’application de technologies chinoises de lutte contre la désertification – notamment l’irrigation intelligente, les grilles en nylon pour fixer le sable, les pompes à eau alimentées par l’énergie photovoltaïque, la plantation sur sable et l’amélioration des sols, ce paysage autrefois désertique commence lentement à reverdir.

Ces technologies, selon Mme Zhou, largement utilisées dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, ont été adaptées avant d’être “transplantées” à travers les continents pour correspondre aux conditions locales mauritaniennes.

Le projet a déjà mené des essais de culture de carottes, betteraves, haricots mungo et autres cultures, dont certaines ont atteint les stades de récolte, posant ainsi les bases d’un cycle écologique vertueux.

Le parc met l’accent non seulement sur les bénéfices écologiques, mais aussi sur l’impact social. “Tous les ouvriers techniques pendant la phase de construction étaient de jeunes locaux, dont certains diplômés d’université. L’équipe chinoise a fourni une formation systématique, transformant le processus de construction en une véritable expérience d’apprentissage”, a précisé Mme Zhou.

Dix-huit Mauritaniens ont participé à la phase de construction, dont six ont ensuite été retenus pour assurer les opérations quotidiennes du parc.

D’anciens éleveurs gèrent désormais les pompes à eau, règlent les systèmes d’irrigation et supervisent la culture des semis. Une nouvelle génération d'”artisans écologiques” émerge ainsi du désert, selon M. Medou.

Le Parc des technologies vertes sino-africain est un projet pilote clé de l’Initiative de la Grande Muraille verte pour l’Afrique, lancée en 2007 afin de créer une barrière écologique de 7.000 kilomètres à travers l’Afrique du Nord et le Sahel pour lutter contre la désertification.

La Mauritanie, qui assure actuellement la présidence tournante de l’initiative, abrite à Nouakchott le Secrétariat panafricain de la Grande Muraille verte, chargé de coordonner les efforts connexes.

En décembre 2024, lors de la 16e session de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, le ministère mauritanien de l’Environnement et du Développement durable, l’Agence nationale pour la Grande Muraille verte du pays ainsi que des représentants scientifiques et industriels chinois ont signé un mémorandum visant à développer 10.000 hectares de forêts puits de carbone. Le projet s’appuiera sur le Parc des technologies vertes comme prototype pour construire un modèle de gestion des terres régional, standardisé, réplicable et adapté.

L’équipe d’experts chinois espère également étendre cette expérience à d’autres zones. “Dans le contexte de la construction d’une communauté de destin sino-africaine, la Chine, premier pays à avoir atteint la croissance zéro de la dégradation des terres, dispose de technologies et d’approches avancées pour lutter contre la désertification”, a affirmé Mme Zhou.

“Le site de démonstration n’a qu’un an d’existence, et nous poursuivrons les observations et recherches pour développer un modèle technique reproductible et évolutif au service de la Grande Muraille verte africaine”, a-t-elle ajouté.

“Le potentiel de coopération écologique sino-africaine est immense, et la Mauritanie est bien placée pour en être l’un des points de départ”, a ajouté M. Medou. “Le fait que le projet pilote ait produit des résultats significatifs en moins d’un an prouve que l’expérience chinoise en matière de lutte contre la désertification constitue une solution pratique et efficace pour les régions arides d’Afrique”.

La maîtrise chinoise de la désertification soutient les efforts écologiques de la Mauritanie (REPORTAGE)

ladepeche.mr

chezvlane

Chroniques VLANE | énergie / mines | politique | économie | affaires religieuses | interview | société | communiqué | droits de l'homme | Actualités de l'opposition | diplomatie / coopération | ONG / associations | justice | sécurité | international | sports | Syndicats / Patronat | TRIBUNE LIBRE | faits divers | vidéos | rumeurs | ndlr | culture / tourisme | pêche | Santé | medias | conseil des ministres | actu.g | TAAZOUR






Rubriques à la une

Recherche