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un grain de sable pour secouer la poussière...

Qui a parlé de " rectitude ou de bravoure " chez le colonel Ould Boubacar et d'"innocence " chez Ould Mkheitir ?

Jeudi 23 Novembre 2017 - 13:01

Qui a parlé de " rectitude ou de bravoure " chez le colonel Ould Boubacar et d'"innocence " chez  Ould Mkheitir ?
Aux trois démentis infligés à la mégalomanie humaine,à savoir l’héliocentrisme, le darwinisme social ou la psychanalyse freudienne, s’ajoute désormais un 4ème. En effet ceux qui font la prétentieuse apologie symbolisant la rectitude ou la bravoure du colonel Abderrahmane Ould Boubacar, d’une part ou la supposée innocence de celui qui a enflammé la rue et les réseaux sociaux mauritaniens, Mohamed Cheikh Ould M’Kheitir, d’autre part sont d’une ignorance digne de la mythologique caverne.

 

Ces deux sujets distincts et qui rappellent le vieux dicton :aller du coq à l’âne,ont monopolisé un temps soit peu l’actualité nationale,quand l’un parle de l’« assassinat » de feu Ely Ould Mohamed Vall, l’autre soulève l’apostasie d’un être meurtri par le stéréotypage de sa société.

Pour justifier la trame de notre démenti tropicalisé, cependant factuel, inversons l’ordre en allant cette fois de l’âne au coq.
 

A/Mohamed Cheikh Ould M’Kheitir:

Franchement je n’ai connu cet individu qu’à travers la presse. Je reconnais que la stratification de notre société mauritanienne est humiliante. Etre mis dans un moule et n’en sortir que par le secours de l’épitaphe,quand on n’a pas choisi ses parents,son milieu etc…est une véritable aberration.

A qui la faute, à qui faut-il s’en prendre? En tout cas pas au prophète de l’islam Mohamed (psl)qui,de l’avis de toute l’observance universelle au chevet de la pathologie humaine depuis le néolithique, demeure le plus grand révolutionnaire de tous les temps, bien avant Maximilien Robespierre, Lénine ou Mao Zédong pour ne citer que ceux-là.

Dès le 7ème siècle oser parler en Arabie anté-islamique d’égalité entre Zeid, Bilal et les sommités arabes de la jahiliya incarnées ça et là par Abou Sofiane ou Abou Leheb, il faut être un adepte de l’émancipation et du progrès. Du temps du prophète Mohamed(psl) en l’an 570-632, il n’y avait que deux grandes entités distinctes voire antinomiques : les hommes libres et les ésclaves ou dans une moindre mesure la plèbe, des « niais du parterre » toujours en marge de l’histoire,même de nos jours.

Pas de notion de forgeron,ni de griot,de cordonnier,de tisserand etc.. comme on peut le constater aujourd’hui dans notre espace sous-régional encore très conservateur,voire arriéré.
 

1/La notion de forgeron ou de castes en général:
 

C’est en 1235 après la victoire de Soundjata Keita, roi du Mandé sur Soumaoré Kanté, roi du Sosso que la notion de forgeron a été galvaudée. Soumaoro l’ancêtre de ceux qu’on appellera forgeron en français, noumou (en bambara), maalem en hassaniya, était un noble,très puissant et craint. D’ailleurs pour le tuer Soundjata était obligé d’échafauder un plan avec son griot Balla Fasséké Kouyaté,en lui donnant en mariage sa soeur Djegué .

C’est après la mort de Soumaoro Kanté et la soumission du royaume du Sosso que les Kanté furent accusés de sorcellerie,de porter la guigne jusqu’à nos jours.Cependant l’islam pratiqué reposait sur les résidus de la période des Mourabitounes qui,après avoir islamisé l’empire du Ghana, portèrent la religion musulmane jusqu’en Guinée,berceau de l’empire du Mali. Ainsi le terme Mrabeth (marabout en français)a été corrompu en Mori ( bambara), Torodo au Fouta etc…
 

Pour promouvoir un islam rigoureux, les Mourabitounes qui dominaient la sous-région religieusement n’avaient pas besoin de l’apport ni des forgerons qui travaillent désormais les métaux,ni de griots qui chantent les louanges de qualité des guerriers et surtout des princes du Mandé.

Pour cela il faut attendre l’arrivée de la dernière vague des Arabes Beni Hassane, les Mghavré entre les 14ème et 15 ème siècles.Une célèbre tribu avoisinant le Mali, après avoir quitté le Tagant au 18ème siècle,a été séduite par la mélodie d’un griot touareg venu de l’Azawad,un dénommé Ag Mouthar.

Depuis les princes Oulad Mbarek et leurs cousins Oulad Nacer (qui les ont suivis dans leur exode jusqu’aux confins du Mali actuel) ne pouvaient plus se passer de « ces cordes du tidinit » qui les galvanisaient pendant leurs nombreuses batailles. Ainsi la notion de griot, de forgeron(confectionnant le baroud et les cartouches pour les fusils), de marabout s’occupant du savoir, d’esclaves etc…est née.
 

Voilà le nouvel ordre social des Beidhanes calqué sur celui de l’empire du Mali. Tout est une invention du grand empire du Mali qui s’étendait à une partie de la Mauritanie actuelle, du Sénégal, de Gambie, du Burkina, du nord de la Côte d’Ivoire, jusqu’à Tombouctou dans l’Azawad. La seule différence c’est que les nouveaux vainqueurs Hassane ont instauré le système d’émirats sur lequel est calqué le découpage géographique et administratif de nos jours.

Si les Maures ont islamisé les Soninké, les Bambara ou Malinké, les Peuls, les Wolofs etc., ces derniers ont reçu au retour la stratification complexe de la société négro-africaine de la sous-région. Un voisinage millénaire ne peut laisser que des traces indélébiles,souvent anachroniques ,contraires à toutes les lectures de l’islam.Le vieil ordre sociétal a la peau dure.

Il maintient de braves personnes,d’éminents érudits,de libres penseurs à la merci de la « lobotomisation » de l’esprit. Si la pensée est libre, si elle peut même vagabonder,les âmes sont enchaînées.
 

Ce qui est contraire aux préceptes de notre sainte religion. J’ai des amis forgerons à qui on ne peut rien reprocher sur le plan comportemental, mais on constate qu’ils souffrent intérieurement de cette  » chape de plomb » invisible qui les terrorise psychologiquement. La faute à qui?.. à la bêtise humaine.

Mais l’on constate que Mohamed Cheikh Ould M’Kheitir s’est trompé de vis à vis. Si la frustration chez un homme de caste, en sortant du magma de l’inconscient à la conscience claire peut déborder,il lui est alors permis d’indexer le fautif. Encore faut-il que cet alibi victimaire soit chaste sous peine de combattre l’injustice par une autre forme de l’arbitraire en heurtant la sensibilité des croyants.
 

C’est ce qu’a fait Ould M’Kheitir. Il a accusé le prophète Mohamed(psl) pour rien. Cet individu doit user de moyens endogènes perspicaces pour changer la société mauritanienne dans son ensemble de par des outils pédagogiques adaptés.

L’apport exogène qui ignore nos valeurs,nos aspirations,notre Histoire ne lui sera d’aucune utilité autant que persistera le système de castes pratiqué par toutes les composantes de la république islamique de Mauritanie et même au-delà.

Importer des slogans du monde judéo-chrétien ayant déjà fait sa spychanalyse de la conscience,en voulant les imprimer sur un ensemble qui sort à peine du « long sommeil hivernal »,est contre productif. La société est lourde et ce ne sont pas quelques coups de gueule d’un homme frustré ou d’un avocat pro domo qui la changeront.
 

2/Le colonel Abderrahmane Ould Boubacar ou le « prince » de Cheggar (sic)

A suivre la semaine prochaine Inchallah

Ely Ould Krombelé

source adrar-info.net

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