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un grain de sable pour secouer la poussière...

Tout à l’heure à l’aéroport, le policier a trouvé cet européen suspect…

Mardi 27 Juin 2017 - 04:27

 A 18H45, soudain sur la route de l’aéroport, je reçois un appel de Mauritania Airlines International me demandant si je suis bien le père d’un petit garçon. Je m’étonne du coup de fil car sur son billet d’avion, c’est écrit arrivée 18H50. En fait l’avion est arrivé vers 18h ! Soit 50 minutes d’avance ! Il faudra demander aux pilotes comment ils ont fait machallah sauf qu’avec quasiment 45 min d’avance, bien entendu je ne suis pas là sachant que les enfants non accompagnés sortent en plus les derniers de l’appareil.
 
Je dis à la charmante dame que je suis au niveau du pont, c’est-à-dire l’échangeur et que dans 5 min je suis là. Elle me passe le garçon, je lui dis que j’arrive. J’accélère mais pas trop car les roues de la voiture ont pris il y a quelque temps la fâcheuse tendance à sortir de leur axe. Les mécanos appellent ça un problème de fusée…  Ils disent l’avoir réglé mais les conseilleurs n’étant pas les payeurs, je suis toujours prêt à faire un tonneau aussi je m’arrange, ceinture bien attachée, que la vitesse reste raisonnable.
 
Incapable d’imaginer que je tomberais sur un policier aigri et mal  formé, je me dirige vers l’entrée de l’aéroport avec tous les documents du petit, son billet avec la preuve du voyage non accompagné, la photo de son passeport et mes papiers prouvant que je suis le père.  Dans n’importe  quel pays, avec un service de sécurité aux mains de gens civilisés, on vous laisserait entrer car il s’agit d’un cas particulier le voyage étant encadré par la compagnie qui sait qui viendra chercher l’enfant.
 
Chez nous, vous arrivez à l’entrée de l’aéroport : soudain un policier s’avance. Toujours le moins gradé de toute l’équipe. Derrière le chef de poste regarde son homme exécuter les consignes. Ce n’est pas toujours pareil, car il y a des policiers qui sont humains et pas aigris du tout, mais pas aujourd’hui. Un petit hartani sec avec des yeux de vautour me fusilla du regard avant même que je ne parle. Peut-être mon air, trop frais à ses yeux avec cette expression qu’il juge être celle des nantis, ceux qui mangent à leur faim et se payent le luxe d’avoir des joues, machallah... Si en plus vous êtes bien rasé, tout propre et bien habillé, alors là, il étouffe et l’occasion devient trop belle…
 
Il a pris cette expression car à cette heure-là, il n’y avait aucun vol en partance et comme le vol était arrivé depuis  1h, même les policiers qui scannent les visiteurs n’étaient plus à leur poste. Donc je ne pouvais être que quelqu’un qui ne sait pas où il va.
 
J’ai tenté de lui expliquer la situation, car l’enfant ne peut pas sortir tant que je ne suis pas là. Il n’a rien voulu savoir. Pourtant je sais d’expérience que là-bas c’est le règne du trafic d’influence. Vous connaissez un policier, vous dites un nom, on vous laisse passer car chacun ferme les yeux pour arranger l’autre qui fera passer quelqu’un. Ainsi ils se donnent des passe-droits mais si pour votre malheur vous ne connaissez personne à la police, ou un civil de l’intérieur qui en connaît un, eh ! bien vous restez dehors même avec un enfant non accompagné qui attend à l’intérieur.
 
Que se passera-t-il demain quand il faudra le remettre dans l’avion ? Va-t-on aussi me laisser dehors ? Est-ce un de ces policiers qui ira faire les formalités avec les services civils compétents ?  En l’absence d’instructions raisonnables, tout dépendra du policier que j’aurai devant moi : un être humain éveillé ou une machine écervelée au service d'instructions bornées qui imposent la bêtise…
 
Ce manque de formation des policiers est très grave pour un aéroport. Quant aux services compétents, s’ils avaient un minimum de respect pour les  passagers, ils autoriseraient au moins un accompagnateur par passager pour éviter les attroupements à l’intérieur car nos compatriotes au départ ou à l’arrivée de l’un des leurs se déplacent par dizaines...
 
Derrière lui, un autre policier perplexe m’a demandé comment est-ce possible qu’un enfant voyage seul ? Il l’a dit avec un ton comme s’il me prenait en flagrant délit de mensonge, prouvant à ses amis son flair de policier ayant compris tout de suite que ce que je dis ne tient pas la route.
 
Abasourdi par la remarque et le niveau pour des gens chargés de la sécurité,  je n’ai pas insisté, je n’ai pas cherché à parler au chef de poste qui par définition est censé être plus éclairé que les automates qu’ils dirigent et qui obéissent à des instructions qui ne prennent même pas en compte ces situations.
 
Je suis parti car la femme de Mauritania Airlines International venait de m’appeler, je l’ai donc rappelée lui disant que j‘étais dehors ne pouvant pas entrer. Elle a fini par sortir  avec le petit pour me remettre son passeport  dehors dans la rue.
 
C’est en l’attendant que j’ai vu sortir un jeune européen, arborant l’expression la plus gentille qu’il a pu réunir sachant certainement qu’il atterrissait dans un pays pas commode du tout.  A peine dehors, il demande au policier où peut-on prendre un taxi. Le policier qui sait très bien qu’il n’y a pas une pancarte, ni un endroit avec des taxis qui attendent, lui demande d’aller voir là-bas du côté de la mosquée.
 
A ce signe, un homme s’approche de l’autre côté et lui propose ses services. Je le regarde qui entraîne l’européen plus loin certainement pour lui annoncer un tarif digne des circonstances à savoir un européen qui débarque apparemment sans connaître personne vu que personne ne vient l’accueillir pas même l’hôtel.
 
Je fais la remarque au policier qui me dit qu’en effet c’est bizarre avec le ton de « suspect ».  

En vérité, il y a encore des aventuriers qui débarquent. Je me souviens d’une fois m’être arrêté sur la route entre l’hôtel Halima et la Wafa banque le long de l’ambassade de Russie. C’est la démarche de ce gaillard et ses nombreux sacs que je trouvais bizarres. Il avait une grande valise, un grand sac, un autre qui contenait manifestement un ordinateur et il marchait comme quelqu’un qui ne connaît personne à Nouakchott et ne sait pas même où il va.
 
J’étais avec une européenne, ce qui l’a rassuré. On lui demande où il va, il monte et nous discutons en chemin. Figurez-vous que c’était un chercheur en géopolitique dans les pays touchés par l’islamisme radical. Il avait une bourse d’étude d’une fondation du Qatar.
 
Il était au Mali jusqu’à ce que les Usa demandent à leurs ressortissants de quitter le pays du jour au lendemain après les attentats. Il a dû débarquer en Mauritanie en urgence le temps de s’organiser pour rentrer aux USA.  A l’aéroport, l’ancien, quelqu’un l’avait déposé à un hôtel de sa connaissance sauf que là pas moyen de payer avec une carte de crédit, l’appareil étant en panne.
 
Il est donc sorti car quelqu'un lui a dit d’aller à l’hôtel Khaïma qui n’est pas à côté quand on marche avec tant de valises.
 
On l’a déposé là-bas, puis en rentrant j’ai appelé un ami à l’ambassade des Usa pour lui dire qu’ils ont un aventurier à l’hôtel manifestement pas très conscient de ce qu’il fait car n’importe qui  à des kilomètres, reconnaît, à sa démarche et aux circonstances, qu’il ne connaît personne à Nouakchott et surtout qu'il marche quasiment à l’aveuglette.
 
Un gaillard pareil ne risque rien, mais il y a aussi des jeunes filles qui débarquent ainsi seules…

VLANE

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