Soudain au coeur d’un énième rebondissement de l’affaire Mkheitir malmenant le sommet du pouvoir jusqu’à Aziz pris par la furie des foules radicalisées, voilà que sortent des terribles enregistrements audios, vidéos mettant en scène le redoutable Moustapha Limam Chavi, homme des réseaux tentaculaires en Afrique, conseiller de plusieurs chefs d’état dont le malheur est d’être actuellement en exil au Maroc avec à ses trousses entre autres Mohamed Ould Abdel Aziz.
L’effet est immédiat : l’affaire Mkheitir passe au second plan, il n’est plus question du médiatique père Mkheitir, ex-préfet en exil en occident, plus question même de l’affaire Ghadda : tous ceux qui peuvent, suivent avec intérêt ce feuilleton assassin dont Moustapha Limam Chavi est la victime.
Quasiment tous les journalistes qui comptent dans les premiers pays concernés reçoivent par volées de bois vert audios, vidéos, photos de Dakar à Alger, de Rabat à Ouaga, de Niamey à Abidjan. Partout c’est la stupéfaction car chacun se demande qui est à l’origine de ces fuites qui pour l’instant indisposent surtout le président Sénégalais qu’on entend parler de « bandits » sans qu’on sache s’il parle des pratiques des services de renseignements mauritaniens aux trousses de Chavi ou des prétendus services sénégalais de Wade tombés aux mains des mauritaniens pour nuire à Macky Sall ou les deux.
Les réseaux sociaux mauritaniens s’enflamment contre le président sénégalais comme si ce mot malheureux avait été prononcé publiquement. D’autres s’amusent d’un enregistrement de la vie intime du redoutable intermédiaire dans les affaires de libération d’otages notamment occidentaux. Rien de grave en somme juste un entretien plein d’humour avec une dame que certains disent reconnaître comme étant la fille d’un ministre d’un pays africain. Une phrase fit rire même ses pires ennemis, phrase prononcée certainement le soir où il a su qu’un mandat d’arrêt international est lancé contre lui, on l’entend dépité dire à la dame qui rit avec lui « Aziz a gâté notre soirée »
Coup terrible pour la famille, méthodes terrifiantes comme celles qu’a subies l’ex-sénateur Ould Ghadda dont les conversations compromettantes auraient pu lui faire perdre la tête ou provoquer une attaque cardiaque s’il n’était pas si jeune. Tout cela ressemble à une sorte de vengeance venant de quelque part car que ça soit Chavi ou Ghadda, tous deux ont bien ri du Ghanagate avec un Aziz alors en mauvaise posture surtout que c’est sorti quand il était chef d’état.
A cela s’ajoute que tous les opposants en exil ou de l’intérieur ne se rendent pas compte qu’ils ont affaire à Aziz, un homme qui risque sa vie et qui tient un état pour se défendre ou attaquer. Ainsi, on entend un dirigeant de l’IRA dire à Chavi que Birame et lui ont épuisé leurs ressources financières. Un R.V est pris pour en parler. Dans ces conditions, qui peut les protéger face à un pouvoir avec des ennemis un peu partout déclarés ou non ?
Pourtant Chavi, quand on écoute certains échanges, peut encore compter sur certains amis puissants ici et là qui soutiennent qu’il est poursuivi pour des raisons politiques et qu’on peut pas l’accuser de terrorisme ou de soutien au terrorisme sous prétexte que c’est un intermédiaire parlant plusieurs langues des régions concernées.
Ces fuites remuent les services de renseignements de plusieurs pays les uns voulant aider Aziz à malmener Chavi, d’autres essayer de calmer le jeu et le protéger. De là que certains pensent que les fuites engageant le président sénégalais, c’est pour lui faire payer ce soutien. De plus, on apprend que tout son monde n’a pas lâché Chavi et qu’il peut compter sur des fidèles au coeur du pouvoir mauritanien, ce qui lui permet de savoir que des hommes auraient été envoyés de Nouakchott pour lui nuire au Sénégal.
Un interlocuteur lui fait comprendre qu’Aziz est capable de tout et qu’il faut faire attention. On sent un Chavi en mauvaise posture qui comprend le danger mais reste combattif et plus ou moins serein sans rien perdre de son humour.
C’est la première fois que le mauritanien lambda a accès à des discussions au coeur de monde-là. Un monde où les frontières entre les services de renseignements sont poreuses. Malheur à celui qui est pris au milieu d’une guerre froide entre eux. Reste qu’on demeure stupéfait de découvrir que des gens à ce niveau de responsabilités parlent aussi librement au téléphone de nos jours. C’est certainement l’urgence car il faut bien communiquer quand on ne peut pas se téléporter aux quatre coins de la région pour avoir des informations afin de sauver sa peau.
Le pouvoir mauritanien ne semble pas rester les bras croisés à un moment où le régime subit des tirs croisés venant de puissances étrangères qui ne sont pas toujours africaines. On sent une fébrilité, de là que les opposants reçoivent des coups médiatiques pas toujours au-dessus de la ceinture.
VLANE