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un grain de sable pour secouer la poussière...

Monsieur le président, voilà ce que je dois à votre Dircab si étranger à votre image…

Mercredi 24 Février 2021 - 16:19

Monsieur le président, voilà ce que je dois à votre Dircab si étranger à votre image…
 
Mon histoire avec votre régime a commencé avant votre élection comme président de la république. Vous me connaissez, inutile de vous rappeler mon engagement pour votre candidature avant même qu’elle ne soit potentielle. Je vous ai présenté au moins comme différent d’Aziz, l’ingrat par excellence, en ceci : la loyauté. La suite toute l’élite francophone et bilingue la connaît : nous avons fait campagne pour vous alors qu’Aziz était encore tout puissant et que tous ses réseaux ne vous épargnaient rien pour vous présenter en président incapable de gouverner, inapte à la fonction suprême par manque de charisme mais surtout à cause d’une vie privée présentée à tort comme dissolue.
Vos années discrètes comme tout puissant chef d’Etat-major général des armées sans la moindre casserole financière en rapport avec le passif d’Aziz ont fini par terrasser les calomnies et bientôt la majorité des forces politiques, civiles, du pouvoir comme de l’opposition, ont compris qu’avec vous, le règne de la brutalité psychologique d’Aziz serait terminé.
Durant la campagne, votre équipe de communication m’a appelé en Italie pour les rejoindre sachant que j’étais déjà en campagne pour vous sans vous connaître, habité par la seule foi en votre réussite. Je leur ai donné mon accord de principe à la seule condition de vous parler avant de les rejoindre. Ils n’ont promis que cela se ferait mais ce n’est jamais arrivé. Aussi ai-je continué, sans la moindre rancune, ma campagne tout seul sans d’ailleurs toujours ménager votre équipe de communication quand j’estimais qu’ils pouvaient vous éviter quelques couacs.
Vous avez été élu et je suis parti en Italie rejoindre mon épouse et ma fille. En décembre 2019, sachant combien j’étais toujours de votre côté via mes articles dès que je pensais qu’un éclairage ou une ligne de défense pouvait vous être utile, j’ai été contacté par une conseillère de l’ex PM me proposant de rentrer afin d’être son conseiller. J’ai donné mon accord de principe mais j’ai demandé 2 à 3 mois le temps de régler mes affaires en Italie. Ensuite est arrivé(e) le ou la Covid. L’Italie s’est mise en rouge, la RAM a cloué ses avions au sol du jour au lendemain le 10 mars, deux jours avant mon départ pour Nouakchott.
Je suis resté bloqué en Italie pendant des mois et pour ne pas perdre le poste, j’ai fini par prendre un vol Air France fin Juillet. Une semaine avant de rencontrer le PM, le gouvernement a changé et Ismail a été remplacé. J’ai décidé de partir n’ayant plus rien à faire à Nouakchott. La conseillère du PM toujours en fonction m’a dit d’attendre et qu’elle allait voir avec le nouveau PM s’il était preneur. Ce sont ses propres termes. J’ai décliné la proposition car je ne pouvais pas passer de PM à PM sans connaître ce jeune promu à la tête du gouvernement ; je voulais être au service d’un homme d’expérience me connaissant bien.
Une semaine plus tard, elle m’a rappelé pour me dire qu’un de vos puissants ministres, ami de longue date, souhaitait me rencontrer. Vu ses fonctions passées, son profil psychologique, ses responsabilités actuelles et sa proximité affective avec vous, j’ai accepté sans hésiter car étant déjà parti pour travailler comme conseiller de l’ex PM j’avais franchi le Rubicon.
En présence de la conseillère, devenue une amie, nous avons parlé longuement, quasiment 2h. Le puissant ministre m’a demandé sous quelle forme je souhaitais qu’on puisse travailler en bonne intelligence au service de votre projet politique pour que le pays se redresse. Je vous passe les détails de notre entretien. Toujours est-il qu’il a estimé que ce serait constructif d’être votre conseiller. Il m’a promis qu’il m'appellerait à 22H en ce mois d’août 2020 quand il aura parlé avec vous ; ce qu’il fit m’assurant de votre accord. C’était un mercredi et il m’a donné un rendez-vous le samedi suivant afin de m’indiquer la procédure à suivre.
Après une longue gymnastique psychologique, plusieurs rendez-vous, autant de messages privés m’assurant que le pays a besoin de sang neuf et que la proposition était acquise, il m'a fallu admettre qu'il y a eu un blocage soudain à la présidence. Même quand j’ai demandé qu’il renonce à la proposition vu que manifestement à la présidence ça bloquait, le ministre a persisté à dire de ne pas m’inquiéter et que cela se ferait sous peu, personne n’y pourrait rien.
J’ai fini par comprendre que cela a été bloqué par quelqu’un autour de vous plus puissant que le ministre à qui j’ai eu affaire. N’étant pas homme à me laisser balader de la sorte sans savoir à qui je dois un tel coup dans le dos, j’ai fait le nécessaire aussi discrètement que possible afin que d’autres hauts personnages de l’Etat vous alertent à propos de cette histoire où votre parole a été engagée par un de vos plus proches ministres. C’est ainsi que j’ai reçu deux mois plus tard un coup de fil m’annonçant que je devais me rendre sur-le-champ à la présidence.
J’ai ainsi été reçu par votre directeur de cabinet dont j'admire l'intelligence et la franchise avec une distance respectable. Je ne savais pas que c’était un parfait arabisant ne comprenant pas un traître mot de français. Il faut donc imaginer l’entretien baroque entre cet arabisant et un francophone dont le hassania n’égale pas celui d’un deymani ; c’est le moins qu’on puisse dire. Nous avons parlé 1H30. Il ne savait manifestement pas à qui il avait affaire à part quelques infos bancales qu’il a pu récolter par son téléphone arabe.
Autant le ministre qui m’a proposé de travailler à vos côtés savait exactement qui je suis, autant ce monsieur n’en savait manifestement rien de bien fondé. Nous avons eu un entretien cordial puis à ma grande surprise il m’a fait une proposition dont je ne peux dire ici la teneur. J’ai refusé n’ayant jamais travaillé dans ma vie pour de telles motivations. Finalement il a compris que je n’étais pas un journaliste de la presse arabophone qui lui est familière. Il a alors pris ma carte de visite m’assurant qu’il allait me contacter dans quelque temps.
Il m’a raccompagné en m’assurant en hassania, avec le regard d’un ex ministre de l’intérieur, qu’il lui suffisait de parler avec quelqu’un en le regardant dans les yeux pour savoir à qui il a affaire et il a terminé en me disant « manac meun heul mechakeul « . J’ai souri et je suis parti confiant.
Le haut personnage de l’Etat qui vous avait alerté au sujet de cette affaire m’a dit que selon les échos qu’il a eus, l’entretien était positif. Cela dit, ce qui m’inquiétait c’est que votre dircab ne m’a donné aucun numéro pour garder contact ni le sien ni celui d’un secrétaire du cabinet. La suite m’a donné raison car plusieurs mois plus tard je n’ai toujours pas eu le moindre contact avec le dircab et j’ai dû pendant longtemps passer par le haut personnage pour le joindre. J’ai fini d’ailleurs par dire à ce charmant monsieur que je refuse désormais de passer par lui pour joindre le dircab. C’est scandaleux qu’il se cache derrière une si haute personnalité de l'Etat.
Nous sommes aujourd’hui le 23 février, soit 7 mois depuis la proposition du ministre confirmant votre accord. Le dircab qui a voulu se débarrasser de moi d’une façon arabisante ne m’a plus jamais contacté. Je rappelle que ce n’est pas moi qui suis allé demander un poste ou quoi ce soit mais vos collaborateurs au plus haut niveau sachant combien j’étais le partisan de votre l’élan politique sans jamais rien demander.
J’en appelle donc à votre arbitrage en nom de la loyauté que j’ai cru voir en vous afin de réparer les manières cavalières de votre dircab qui a un singulier contentieux personnel avec l’histoire coloniale de ce pays. A ses yeux, je ne suis qu’un francophone et face à son échelle tribale, je ne suis certainement qu’un hartani de Boutilimit. Il semble penser que parler français signifie être un mamelouk de la France comme son nationalisme semble s’arrêter au paillasson des riches pays arabes frères.
Tous mes lecteurs le savent. Je n’ai pas le moindre problème avec la langue arabe et je regrette de ne pas la maîtriser comme notre président du conseil constitutionnel et le ministre de l’économie pour ne citer que des hauts personnages au service du pays. Je suis pour l’arabe comme langue officielle et multiplier les moyens pour que l’enseignement soit disponible gratuitement pour les jeunes et les moins jeunes mais je n’ai pas choisi d’être francophone comme une bonne partie de la population et nos voisins immédiats. Je dois ce butin de la colonisation à l’histoire. Cela dit je m’en félicite en étant partisan d’un bilinguisme décomplexé.
Comment un dircab d’un pays de l’afrique ouest entre le Maghreb arabe et la CEDEAO peut-il à ce point en vouloir aux francophones ? S’il ne s’occupait que des affaires du monde arabe qu’il connaît ce serait constructif mais il outrepasse ses compétences en allant s’occuper des affaires francophones en ruinant les initiatives d’un ministre qui sait mieux que lui ce qu’il vous faut comme collaborateurs afin d’être au service de la Mauritanie plurielle.
En attendant un arbitrage loyal face à cette pénible affaire, je vous prie de croire que je reste fidèle aux espoirs de politique apaisée que vous incarnez.
Respectueusement vôtre
Ahmed Ould Soueid Ahmed
chezvlane

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