Du moins indirectement car à ce jour, malgré les sorties des ministres, malgré l’insistance du porte-parole qui engage le gouvernement, malgré le débat lancé de toutes parts, les oulémas du pouvoir n’ont pas donné leur avis sur cette question du parjure.
Pourtant eux seuls peuvent déverrouiller le débat en trouvant des arguments islamiques permettant de cautionner la propagande de tous les acteurs du pouvoir qui nourrissent le débat à propos du parjure.
Même Bodiel, même Messoud n’osent pas parler du volet islamique du serment qui engage Aziz à ne pas soutenir ni directement ni indirectement toute initiative visant à déverrouiller son serment.
Bodiel a dit à plusieurs reprises que non seulement Aziz lui a dit qu’il ne se présenterait pas à un autre mandat mais qu’en plus Aziz n’en a pas parlé spontanément… Bodiel assure que c’est lui qui lui en a parlé. Personne à ce jour n’a pu dire qu’Aziz a spontanément parlé de ne pas se présenter alors on peut comprendre ce qui s’est certainement passé…
Quand on regarde la première sortie à l’assemblée nationale du ministre de la justice à propos d’Aziz qui mérite plusieurs mandats, on le voit hésiter, puis sourire gêné sachant qu’il lance une bombe. Il ne venait que d’allumer officiellement la mèche. Faire tomber le premier domino…
Ensuite il est probable que le premier ministre voyant qu’Aziz n’a rien dit contre son ministre de la justice et même son ministre des finances qui alla dans le même sens, le PM a certainement cru deviner le jeu du patron sans l’obliger à se mouiller directement surtout à l’heure où personne n’est à l’abri d’être enregistré pour la retraite ou même pour éviter le risque que le PM ou un autre n’aille dire à son entourage « Aziz m’a dit… » car alors tout le parti, toute la république allait s’ y mettre mettant le chef de l’état dans l’obligation de réagir…
Pour éviter cette réaction et laisser le champ libre au ballon d’essai, le PM envoya le porte-parole faire une première sortie au sujet du parjure. Toujours aucune réaction d’Aziz ni directement ni indirectement, or qui ne dit mot consent, alors le porte-parole a fait d’autres sorties de plus en plus engagées jusqu’à sourire à propos du dialogue où l’on peut parler de tout même de sécession...
L’UPR voyant qu’Aziz ne dit pas un mot contre ses ministres, son porte-parole et le PM en chef d’orchestre, l’UPR n’a pas voulu être en reste de peur de paraître manquer de finesse dans l’interprétation des volontés du chef de l’état : ainsi ont vu le jour les fameuses propositions monarchiques d’aménagement de la constitution où il y est indirectement question de déverrouiller la constitution à propos du mandat.
Jusque-là, le plan Azizien présumé, en tout cas sa volonté manifeste de soutenir indirectement le débat à propos du parjure, avançait comme il faut, voyant les uns et les autres s’engager dans le débat car ceux qui ne le faisaient pas sont taxés de manque de finesse politique dans l’interprétation des volontés du chef de l’état ou pire de manque de soutien envers les troupes déjà engagées pour le parjure.
Tout ce qui manquait à Aziz pour que son impulsion réussisse c’était que les oulémas banaveu s’y mettent aussi sans qu’Aziz ne les y invite de sorte à ouvrir le débat islamique sur le parjure, laisser les islamistes s’affronter savamment et sonner la fin de la récréation en cas de dérapage dangereux pour la stabilité ou cueillir les fruits du débat en cas de victoire des banaviens.
Hélas pour lui, à ce jour, à part quelques lanceurs d’alerte musulmans sans conséquence, les oulémas de l’opposition fourbissent leurs armes en attendant le déclenchement des hostilités mais les oulémas banaveu ne sont pas entrés dans la danse pour le parjure sans que l’on sache si c’est par crainte de Dieu ou dans l’attente d’un ordre direct du commandeur des croyants engagé pour l’instant qu’indirectement pour le parjure.
Aziz aura beau augmenter la durée du débat, les oulémas banaveu sont restés silencieux mais c’est un silence coupable car ils ne peuvent pas prétendre ignorer le débat en cours. Débat dont le seul véritable verrou est religieux car il s’agit d’un serment fait au nom de Dieu dans une république islamique en plein air dans un stade plein de citoyens musulmans devant le président du haut conseil islamique.
Le silence des oulémas banaveu est aussi coupable que la caution indirecte au débat venant d’Aziz qui a présidé le dialogue or cela est très grave si on considère sacrée la nature d’un serment fait au nom de dieu par le commandeur des croyants devant ses oulémas administrateurs de l’invisible selon le bon mot du Pr Abdel Wodoud Ould Cheikh.
Mais le silence est toujours mieux que l’engagement diabolique décomplexé pour le parjure venant de tous ceux qui s’y sont déjà lancés surtout qu’Aziz a dit que l’islam est au-dessus de la démocratie et des libertés quand l’affaire Ould Mkheitir était au comble de l’hystérie collective.
Ni son porte-parole, ni son gouvernement ni l’UPR ni le peuple mauritanien tout entier ne peut le délivrer de son serment.
Les seuls à pouvoir le faire sont les oulémas de bonne foi. Aussi il est temps qu’ils s’expriment afin que l’on sache quels sont leurs arguments sinon dans l’état actuel de leur démission face à un tel sujet, cela revient à faire de la Mauritanie désormais soit une république hypocrite soit une république laïque.
Quand les ignorants entendent laïque, ils pensent que cela signifie athée alors qu’il s’agit juste d’éloigner les administrateurs de l’invisible de la réalité visible surtout quand ils sont incapables de prendre leurs responsabilités religieuses de peur de déplaire au prince du moment indirectement engagé dans le parjure déjà entamé...
Face à de tels oulémas banaveu, il vaut mieux une république laïque que risquer une république hypocrite…