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un grain de sable pour secouer la poussière...

Carnet de route : de Tichit à Tidjikja

Vendredi 20 Janvier 2023 - 10:05

Le festival des Cités du Patrimoine se tient, cette année, à Tichit. Après Oudane, ceux qui veulent être de la partie pour Tichit, une destination autrement plus difficile à cause de l’enclavement ; cette moughataa étant encore l’une des rares du pays non encore reliées au goudron. Pour beaucoup, cet enclavement tue à petit feu la ville de Tichit. Les banderoles confectionnées et fixées sur les tentes accueillant les vagues de voyageurs, notamment à Lekhcheb, portent comme doléance principale la réalisation de ce goudron entre Tidjikja et cette cité ancienne.

En attendant les possibilités budgétaires de réalisation de cette route, la fréquentation entre Tidjikja et Tichit est des plus réduites. Les personnes se rendant à la cité historique de Tichit peuvent recourir aux services des agences de location, au prix fort de 3500 MRU/jour, à partir de Nouakchott, ou se rabattre sur les services d’une voiture tout terrain assurant la navette à 900 MRU par voyageur (800 au retour).

D’autres, comme cette écolière rencontrée au marché de Tidjikja, candidate au bac cette année, cherche une “occasion”,profitant du flux important des voitures se rendant au festival.

L’expérience que nous avons vécue de la route Tidjikja-Tichit a débuté à 10h10 exactement. Le départ de la capitale du Tagant vers la cité historique de Tichit s’est déroulé avec une certaine appréhension. Cette route est, pour moi, l’inconnu. Même sa longueur est objet de controverses : 200 km? 230? 250?

Les voitures de l’Agence Mauritanienne d’Information (AMI) s’ébranlent avec une consigne claire : rouler en convoi. Le chauffeur qui a avoué lui-même n’avoir jamais pris cet axe est pris en sandwich par les deux autres qui ont chacun l’expérience de cette route Tidjikja-Tichit dont la principale étape de gîte est la localité de Lekhcheb.

Trois heures de route à 40 km/h, sur un terrain rendu incertain par les cordons de dunes desquelles émergent de temps à autre de grosses pierres dangereuses pour les pneus des voitures, et nous voilà à Lekhcheb. De loin, nous apercevons un impressionnant alignement de voitures et de tentes blanches qui nous a fait penser à un meeting imminent du parti El Insaf. Mais non. Les gens de Lekhcheb étaient mobilisés, depuis plusieurs jours, pour accueillir tous les voyageurs se rendant à Tichit dans le cadre du festival des Cités du Patrimoine.

Les passagers de toute voiture qui arrive sont accueillis par des “merehba”, “tvadhlou” et dirigés vers l’une des maisons ou des tentes où sont servis boissons, dattes, thé et méchoui. Un service royal accommodé de sourires bienveillants qui vous font sentir comme chez vous et rappellent que l’hospitalité bien mauritanienne a survécu à l’urbanisation qui gagne du terrain en zones rurales.

Partis de Leghcheb à 16h00, on nous avait prédit 6 heures de “calvaire”. Pour seulement 120 km ! Je trouvais la chose impensable pour qui roule en 4X4 réputé être le dompteur de tout (type de) terrain, y compris les redoutables cordons dunaires et les regs redoutés pour leurs roches tranchantes.

Vers la localité dite Zik, à quelque 30 km de Tichit, la route sablonneuse avait resserré son étau sur une voiture conduite par un jeune chauffeur qui faisait, apparemment, son baptême de…sable. Ce sont les passagers de plusieurs voitures arrêtées au motif que le véhicule embourbé transporte des femmes qui vont le dégager en le portant littéralement et en le poussant, ensuite, pour le faire redémarrer.

En temps normal, le transport des personnes est assuré par une navette hebdomadaire (chaque jeudi) qui vous dépose à Tichit et ne vous ramène à Tidjikja que le jeudi prochain ! Pour 900 MRU.

Le goudron est, pour toutes ces raisons, une priorité, disent les habitants de Lekhcheb et de Tichit qui balaient d’un revers de la main l’argument, souvent évoqué à tort ou à raison, de la non rentabilité économique de ce tronçon qui, s’il est envisagé un jour, devrait nécessiter la mobilisation de dizaines de milliards d’ouguiyas. Ce serait alors une route “sociale” qui permettrait alors à Tichit de continuer à vivre et à faire prévaloir, fièrement, son rôle de l’une des quatre Cités du Patrimoine célébrées chaque année par un festival qui, non seulement est une manifestation culturelle à l’échelle nationale mais est également un cadre choisi par le gouvernement pour investir des milliards d’ouguiyas dans le développement local. Au grand bonheur des habitants de Chinguitti, Ouadane, Oualata et Tichit.

Sneiba Mohamed.

AMI

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