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BAD: l’élection d’un Mauritanien est le fruit du «travail du président Ghazouani à l’UA», explique son chef de la diplomatie

Vendredi 6 Juin 2025 - 21:58

C'est au troisième tour, avec 76% des voix, que le candidat mauritanien Sidi Ould Tah a été élu président de la Banque africaine de développement, le 29 mai dernier à Abidjan. Le score paraît très confortable, mais jusqu'au deuxième tour, rien n'était joué, car le Zambien Samuel Maimbo gardait toutes ses chances. Quelles sont les vraies causes de la victoire de la Mauritanie et quel rôle a joué secrètement le président Ghazouani ? En ligne de Nouakchott, son ministre des Affaires étrangères Mohamed Salem Ould Merzoug dévoile les coulisses du vote, au micro de Christophe Boisbouvier.


RFI : Le docteur Sidi Ould Tah est le dernier candidat à s'être déclaré et pourtant il a gagné. Comment vous expliquez ce paradoxe ?

Mohamed Salem Ould Merzoug : C'est un long processus. La campagne et puis le travail diplomatique sérieux ont commencé bien avant la déclaration formelle de sa candidature étant entendu que le travail qui a été fait l'année dernière par le président de la République pendant son mandat en tant que président en exercice de l'Union africaine a été un peu le terreau fertile sur lequel nous avons construit toute notre stratégie.

Toute l'année dernière, c'est le président de la Mauritanie, Mohamed Ould Ghazouani, qui était à la tête de l'Union africaine...

Tout à fait.

On dit que, dès le début de cette année, le président ivoirien Alassane Ouattara vous avait dit qu'il serait derrière la candidature du docteur Ould Tah. Est-ce que c'est à ce moment-là que vous vous êtes dit : « On peut y aller, on peut annoncer sa candidature » ?

La décision a en effet été prise par le président en concertation avec beaucoup de chefs d'États africains et en particulier avec son excellence le président Alassane Dramane Ouattara qui est un ami personnel et qui a été un soutien important pour notre candidat.

Dès le début de cette année ?

Dès le début de cette année, oui.

Quand le docteur Ould Tah s'est lancé dans cette campagne, il n'était pas le favori. Tout le monde pensait au Zambien Samuel Munzele Maimbo, qui avait été vice-président de la Banque mondiale. Comment avez-vous relevé ce défi ?

Pour vous parler franchement, dès le départ, nous n'avons jamais douté qu'il serait élu parce que nous avons, je pense, recherché le consensus et essayé de convaincre mais surtout d'être persévérant. Tout ce travail a été fait avec beaucoup d'humilité.

Vous n'avez jamais douté parce que vous aviez déjà fait un travail souterrain et que vous aviez fait vos calculs. Vous saviez que vous aviez déjà un certain nombre de pays avec vous ?

Tout à fait. Sous l'autorité directe du président de la République, on a donc essayé de ratisser large tout au long de l'année 2024.

Et le plus gros contributeur africain, à savoir le Nigeria, il était pour qui ?

Il a voté pour le candidat mauritanien.

Dès le premier tour ?

Dès le premier tour. Ça, ça a été décidé depuis très longtemps. Depuis février 2025, bien avant d'ailleurs.

D'accord, mais le Nigeria a été très discret sur le candidat qu'il avait choisi. Il ne l'a pas dit jusqu'à la dernière minute...

La discrétion est parfois le bon choix. Je peux vous assurer qu'excepté l'un des plus gros contributeurs qui avait un candidat, tous les autres ont voté pour le candidat Sidi Ould Tah.

Oui, l'Afrique du Sud, évidemment, a voté pour sa candidate...

Bien entendu.

Mais vous dites que, outre le Nigeria, l'Égypte, l'Algérie et le Maroc…

Tout ce que je peux vous dire, c’est que tous les plus gros contributeurs africains ont voté pour le candidat Sidi Ould Tah. Sidi n'a pas seulement été élu, mais il a été plébiscité.

Il y avait donc les gros contributeurs qui ont voté pour votre candidat. Et puis il y a des petits contributeurs. On pense notamment aux trois États du Sahel, Mali, Burkina, Niger. Est-ce qu'ils étaient de votre côté ou pas ?

Ils ont voté pour le candidat mauritanien. Il suffit de prendre une calculette, voilà.

Par quel tour de force avez-vous réussi à être soutenu à la fois par les pays de l'AES, Mali, Burkina, Niger et par la France ?

Il n'y a pas de contradiction. De toute façon, ce sont des actionnaires, donc chacun décide en fonction de ses intérêts.

À quel moment avez-vous reçu le soutien de la France ?

Durant le processus que je viens d'évoquer et qui a été un long processus. Mais qui a été un processus constructif et efficace. Il y a eu des discussions et des échanges avec l'ensemble de ces pays qui ont voté pour le candidat de notre pays.

Mais est-ce que la France a voté pour votre candidat dès le premier tour ?

Je pense qu'ils doivent avoir voté dès le premier tour. À ma connaissance, ils ont voté dès le premier tour pour le candidat Sidi Ould Tah.

Il y a les États-Unis de Donald Trump. Ils ont voté pour qui ?

Je ne le sais pas. Mais nous respectons leur choix.

Ils n'ont pas voté pour vous au premier tour ?

Pas à ma connaissance mais je ne peux pas répondre à leur place.

On dit que c'est grâce essentiellement aux voix des Africains que le docteur Sidi Ould Tah a été élu. Parce que, chez les non régionaux, les votes étaient plus hésitants. Beaucoup préféraient le Zambien Samuel Maimbo, vous confirmez ?

Je ne peux ni confirmer ni infirmer mais je sais que dans ces 76%, il y a eu une alchimie entre les pays africains et les non africains pour voter pour le docteur Sidi Ould Tah et nous en sommes absolument ravis.

RFI
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