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Ahmed Hamza, les raisons d’un long silence

Mercredi 20 Juin 2018 - 20:54

Ahmed Hamza, les raisons d’un long silence
Ahmed OULD HAMZA n’est plus au devant de la scène politique nationale depuis qu’il a quitté la présidence de la Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN) en 2014. Une attitude volontaire adoptée par l’intéressé qui, depuis cette date, a préféré la politique du silence, refusant tout contact avec la presse. Un silence qui a surpris plus d’un et sur lequel nous avons, par curiosité, tenté de faire toute la lumière. Pour ce faire, nous avons approché cet ancien président de la CUN qui s’est refusé à nous accorder, dans les formes habituelles, une interview exclusive. Nous avons, néanmoins, pu avoir avec lui une longue discussion à bâtons rompus au cours de laquelle ont été abordées certaines grandes questions de l’heure au plan national. Nous vous livrons, ici, la substance de cette discussion.

Dans cet entretien sans protocole, furent, tout d’abord, évoquées les raisons de ce que nous avons qualifié, ci-dessus, de mutisme politique volontaire de Ahmed OULD HAMZA. Un mutisme incompris et injustifié pour beaucoup de Mauritaniens dont une frange non négligeable créditerait l’intéressé d’un important courant de sympathisants parmi la jeunesse, toutes ethnies confondues. Certains observateurs de la scène nationale verraient OULD HAMZA, à la lumière de ses brillants résultats à la tête de la CUN, candidat au prochain scrutin régional, au niveau de Nouakchott. D’autres le proposeraient à la députation et, pourquoi pas, à la Magistrature suprême au cours des prochaines élections présidentielles.

A propos de toutes ces supputations, Ahmed OULD HAMZA, avec grand calme a, d’emblée, indiqué qu’il s’agit plus d’un amalgame dans les esprits de nombreux Mauritaniens que d’une réalité. En effet, beaucoup oublient, comme il l’avait précisé, dans une précédente interview à la presse locale, qu’il n’est plus un élu politique comme auparavant, lorsqu’il occupait le poste de président de la CUN et celui de président de l’Association des Maires Mauritaniens. Des responsabilités qui le plaçaient, malgré lui, au devant de la scène politique nationale. Aussi, dira-t-il, au passage, je ne suis pas le président du parti RFD, ni son porte-parole, pour être obligé d’être, régulièrement, sous les projecteurs de l’actualité. Je reste, cependant, membre, à part entière, de cette grande formation politique et je répondrai présent à toute convocation de cette dernière. Au-delà de ces précisions, Ahmed OULD HAMZA, toujours égal à lui-même, dira que, « pour lui, la Politique, notamment, en Mauritanie, c’est, en général, le règne du faux, pour ne pas parler du mensonge. Une attitude qui ne lui sied guère et qui lui donne, présentement, le dégoût de la politique. » . En effet, lui qui ne veut que la paix et ne demande rien à quiconque, n’est pas obnubilé par les charges politiques

Le second grand thème abordé, au cours de cet échange libre d’idées, concerne la situation politique et sociale actuelle dans le pays et, notamment, les prochaines élections. Un sujet qui tient, comme d’accoutumée, à cœur notre interlocuteur qui, à cette occasion, ne dérogea pas à son habitude, celle de la franchise totale et directe. Il mentionnera, dans ce cadre, qu’en raison de la situation politique particulière actuelle en Mauritanie, les élections ne seraient pas la priorité du moment. Il faut, en effet, rappellera-t-il, assainir et apaiser, au préalable, le climat politique dans le pays. Et cela à travers le dialogue politique inclusif pour trouver un consensus général qui, comme priorité incontournable, restaure et préserve l’unité nationale.

Il est donc indispensable et urgent de dépasser les querelles politiques et politiciennes pour créer les conditions propices au bon déroulement des prochains scrutins. Une finalité qui, nécessiterait, certainement, un report des prochaines élections à une date idoine. Report qui ne serait, nullement, un tabou, si c’était pour mieux faire et pour obtenir, notamment, un accord consensuel et non conflictuel.
Aussi, et comme, c’est déjà une certitude, toute l’opposition mauritanienne participera aux prochains scrutins, il devient nécessaire de mettre en place une nouvelle CENI acceptée par toutes les parties concernées et à la hauteur des défis.

Poursuivant sur sa lancée et toujours dans le cadre de l’assainissement du climat social et politique en prélude aux prochains scrutins en Mauritanie, OULD HAMZA a lancé un appel au Président OULD ABDEL AZIZ, l’invitant à la clémence à l’occasion du mois Béni du ²Ramadan pour, profiter de cette heureuse occasion, pour libérer tous les détenus d’opinion publique dans le pays, notamment, le sénateur OULD GHADA et les militants de l’IRA. Il y a lieu également, de mettre fin au contrôle judiciaire des autres sénateurs, des journalistes et syndicalistes et clore, définitivement, le dossier judiciaire de Moustapha Limam CHAVY. Aussi, OULD MHKAITIR, malgré qu’il tient à préciser qu’il condamne vivement les propos tenus par ce dernier, mais qui, après son repentir et après avoir purgé la peine à laquelle il fut condamné, doit-t-il faire partie de ces libérés. Ould HAMZA dira, qu’il souhaite qu’il n’y est plus de prisonnier d’opinion en Mauritanie.

OULD HAMZA a, également, invité le Président OULD ABDEL AZIZ à fermer, rapidement, le dossier de OULD BOUAMATOU, car la persistance d’un tel dossier n’est pas dans l’intérêt supérieur de la Nation mauritanienne, ni celui des deux parties concernées. Cela ne sert que les intérêts égoïstes de ceux qui, trouvant leurs comptes dans une telle situation, chercheraient, à tout prix, à envenimer les relations entre OULD ABEL AZIZ et OULD BOUAMATOU. Il est grand temps d’arrêter les dégâts, car tout reste réparable.

OULD HAMZA s’est, ensuite, appesanti sur le prochain scrutin régional, mettant en exergue le caractère prématuré et improvisé de cette phase très avancée dans la décentralisation que constitue la régionalisation et pour laquelle notre pays n’était pas, suffisamment, préparé. En effet, en dépit de l’importance de la régionalisation et de la pertinence de sa mise en application, au moment opportun, le champ doit être préparé pour celle-ci par, en particulier, le renforcement des moyens et des compétences des communes pour remplir, pleinement, leur mission et par une large décentralisation.

Sur un autre plan, OULD HAMZA s’est exprimé sur le prochain scrutin présidentiel et sur l’éventualité de sa candidature à ce scrutin. Il a, d’emblée, affirmé sa certitude que OULD ABDEL AZIZ ne quittera pas le Pouvoir, d’une manière ou d’une autre. Or si, jamais, une telle éventualité se confirmait, OULD HAMZA se déclare, à l’avance, non intéressé par de telles élections. .Au contraire, si ces élections se déroulaient autrement (ce qui serait peu probable), tout reste possible.

Un autre grand dossier abordé par OULD HAMZA, au cours de cet entretien libre, est celui de la dernière élection du président de la Chambre de Commerce de Mauritanie et pour laquelle l’intéressé était, au départ, le candidat favori et bénéficiant du soutien de la quasi-totalité des membres de la CCIAM, avant de se retirer, volontairement, sans sollicitation, sans pression, ni concertation avec qui ce soit, de cette course. Un retrait qualifié par les mauvaises langues comme un acte de compromission, voire une soumission à plus fort que soit et un acte de faiblesse. A ce sujet, OULD HAMZA, écartant toute langue de bois (comme, d’habitude, il se plaît à le faire), fera un rappel succinct de l’historique du déroulement de ce scrutin. Il dira, en substance, que, lors de ce scrutin, les Pouvoirs publics avait, dans un premier temps, proposé une candidature qui fut refusée par les hommes d’affaires mauritaniens. Les Pouvoirs publics durent, alors, retirer cette candidature pour la remplacer par une autre. Une candidature, certes, d’un jeune parent pour lequel il vouait un grand respect, mais qui pouvait, cependant, être refusée ou, tout au moins, contraindre l’intéressé à un vote dont l’issue n’était pas assurée.

En dépit de cela et conscient que c’est sa candidature qui n’était pas désirée par les Pouvoirs publics et ne voulant pas faire de vague, OULD HAMZA a décidé de se retirer avant même le dépôt de la deuxième candidature parrainée par l’Etat. Un désistement qui n’est point, selon l’intéressé, signe de faiblesse ou de peur, mais qui se justifierait par deux motivations principales. Cela concerne, d’une part, le souci de préserver la cohésion au sein du secteur privé, et, d’autre part, par son désir de ne pas rééditer l’expérience de la CUN en ce qui concerne les rapports avec l’Etat. Il ne voudrait donc pas être un président de Chambre de Commerce, toujours, en bras de fer avec l’Etat et dont la mission serait, en conséquence, très difficile, voir impossible. OULD HAMZA ne manquera pas, à cette occasion, de rappeler qu’il n’était pas du genre ayant peur d’assumer sa responsabilité ou accepter des arrangements douteux. Son tempérament et sa culture l’en empêcheraient. Il se dit être quelqu’un qui cherche, toujours, la paix et qui veut jouer le rôle de pompier, au lieu de celui de pyromane. Il n’a pas, ajoutera-t-il, peur, sauf d’Allah.

Il ne veut rien de personne, rappelant, au passage, qu’il a, toujours, accepté, par civisme, d’encaisser les coups bas assénés par les autres (y compris l’Etat et ses relais) et tous ceux qui voulaient lui faire du mal. Il sait, cependant, pardonner et dépasser les torts qu’on lui faisait. Même si c’était au détriment de ses affaires qui ont beaucoup souffert de cet état d’esprit. Cela lui a, certes, laissé un goût amer de dépit, mais avec, comme, réconfort, sa volonté et sa réussite à respecter ses principes et à être en accord avec lui-même. Pour clore ce dossier de la présidence de la Chambre mauritanienne de Commerce, OULD HAMZA réaffirmera s’être retiré de la course à cette présidence par sagesse et non par peur ou par intérêt. Il pense, dur comme le fer, que l’histoire lui donnera raison.

L’Unité nationale, fortement, altérée et fissurée et sa préservation constituent un thème qui tient à cœur OULD HAMZA et qu’il ne manquera pas de développer dans cet entretien. En effet, dira-t-il, les Mauritaniens se regardent, aujourd’hui, en chiens de faïence et nos différentes communautés refusent de se parler, au nom de la suspicion réciproque. Aussi, ajoutera-t-il, dans ce cadre, cette Unité qui est le principal capital de tous les Mauritaniens doit, à tout prix, être conservée et raffermie. Elle doit primer sur toute autre chose fusse-t-elle la Démocratie et son corollaire le Pluralisme politique. A ce titre, l’Etat devra mettre à profit notre diversité culturelle pour assurer à chaque citoyen un mieux-être et lui garantir une meilleure Justice où chacun jouira de tous ses droits et remplira tous ses devoirs.

Pour ce faire, il est nécessaire et urgent de dépasser l’épineux problème linguistique dans le pays né d’un système scolaire inadéquat qui, au lieu d’unir, a divisé, profondément. Il est indispensable, également, de conjuguer tous les efforts pour bâtir un pays soucieux de son authenticité, mais aussi, ouvert à la modernité et à la mondialisation. Un contexte où la maîtrise d’une seule langue, même si cela concernait l’Arabe, la langue de notre sainte religion, l’Islam et langue officielle, n’est plus suffisante et où l’apprentissage d’autres langues modernes (le français, l’anglais et autres) s’impose et cela pour mieux communiquer avec les autres et pour intégrer, plus facilement, les progrès technologiques. La Mauritanie appartient à tous ses fils sans exclusive et ils doivent le sentir pleinement.

Le dernier thème abordé par OULD HAMZA, dans cet entretien, concerne la visite probable en Mauritanie du Roi du Maroc et des Présidents français et sénégalais, en dépit des zones de turbulences qui perturbent les relations entre ces trois pays et le nôtre. Dans ce cadre, OULD HAMZA se félicite, tout d’abord, du réchauffement des relations mauritano-marocaines concrétisé par l’installation des ambassadeurs des deux pays. Aussi, l’intéressé juge-t-il très positive la probable visite du souverain marocain dans notre pays dans le cadre du Sommet de l’Union africaine. Mais, une autre visite du Roi du Maroc, cette fois, officielle, serait la bienvenue.

Et comme il l’a toujours répété, OULD HAMZA considère comme inconcevable qu’entre des pays frères et voisins ayant des liens séculiers, comme c’est le cas de la Mauritanie avec le Maroc et de la Mauritanie avec le Sénégal, il n’y ait pas des relations harmonieuses et de bon voisinage. S’agissant des relations mauritano-françaises, OULD HAMZA dit n’être pas au courant de zones d’ombre dans les relations entre les deux pays. Relations qui, au contraire, seraient au beau fixe, si l’on en jugeait par la nature et le volume de la coopération. Aussi, les relations entre les Présidents AZIZ et MACRON sont-elles excellentes.

Ainsi, ajoutera-il, en se préparant à accueillir, dans les prochaines semaines, un sommet de l’Union Africaine et, peut-être, plus tard, un sommet de l’OCI, après avoir abrité, il y’a deux ans, un sommet de la Ligue Arabe, la Mauritanie a réussi, il faut s’en féliciter, à faire une remarquable percée diplomatique lui permettant de retrouver la place d’honneur qui lui convient dans le concert des Nations libres et démocratiques.
 

source lauthentic.info
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