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un grain de sable pour secouer la poussière...

Moustapha Ould Limam Chavi contre Aziz : une sortie presque ratée…

Jeudi 4 Mai 2017 - 00:32

En parcourant la revue de presse, j’ai vu cet entretien exclusif accordé encore une fois à un repenti de l’Agence Mauritanienne d’Information. Choix judicieux car on fait bien des vaccins à partir de virus. Face à l’affiche, j’ai su qu’en lisant cela, on passerait un moment agréable car l’ennemi numéro 1 ou 2 d’Aziz n’est pas un personnage vulgaire et son humour féroce est souvent très fin quand il  ne cède pas à l’envie de sourire à sa cible en l'atteignant avec cruauté.
 
En cliquant sur l’article, j’ai vu la première erreur de communication du redoutable personnage. C’est trop long ! Quand on voit cette tartine, à moins d’être désoeuvré et avoir pour soi de longues journées studieuses, on comprend tout de suite qu’on ne pourra pas tout lire d’un trait, ce qui gâche un peu le plaisir du live.  Il fallait publier cela au moins en 3 épisodes, en mode question chinoise, laissant aux journalistes le temps de faire mousser le feuilleton. C’est raté.
 
Il fallait aussi prévoir la version vidéo, c’eût été terrible car de nos jours,  les gens ne lisent plus des choses si sérieuses ou juste un petit nombre. La paresse a cultivé l’appétit pour les vidéos en ligne. Quant au texte, j’espère que Chavi a prévu une version arabe sinon quel gâchis de mordant. Nous défendons le français mais nous savons qu’après tous les coups que son usage a subi surtout depuis 1991, date où Taya le fit sortir définitivement de la constitution arrivage, très peu de gens goûtent encore la conséquence d’un mot, les subtilités de la nuance, l’univers de la retenue et l’humour qui sans faire de vagues reste maître du crime parfait.
 
En arabe, ce n’est pas mieux, le niveau général vaut paraît-il le naufrage du français pour le plus grand nombre.
 
 

Moustapha Ould Limam Chavi contre Aziz : une sortie presque ratée…
Face à cette tartine, j’ai remis au lendemain le plaisir de lire l’humour du personnage, curieux que j’étais de savoir ce qu’il avait bien à dire. On n’avait plus entendu parler de lui depuis les événements dans la tanière du Burkina. Il a fallu sinon fuir, du moins se mettre à l’abri comme un expat. On peut en sourire aujourd’hui car on voit que machallah, il est toujours aussi fringant. Une photo de lui circulait sur le net l’autre jour avec un monsieur qui s’est avéré être le patron du Real.
 
Un peu vieilli comme chacun de nous après les épreuves de la vie, Chavi a gardé ses joues généreuses, son sourire espiègle et son œil étincelant.  A Nouakchott,  ses ennemis ont dû avoir la salive amère. Le voilà de nouveau, recevant journalistes quelque part au Maroc avec  ce qui a l’allure d’une piscine mais pas celle d’une demeure digne d’un tel somptueux personnage. C’est mieux que rien et avec un carré de pelouse, on ne se plaint pas hamdoullah.
 
 

Moustapha Ould Limam Chavi contre Aziz : une sortie presque ratée…
C’est de ce coin de paradis, que l’ennemi d’Aziz vient encore une fois de lui décocher des flèches terribles. Pour l’humour, on retiendra le commandant qui ne distingue pas tribord de bâbord, ce n’est pas méchant. Notons aussi qu’Aziz serait tout en Mauritanie, « le Roi jusqu’au planton » et pour finir, il dit qu’Aziz ment tellement qu’il finit par se mentir à lui-même.
 
Voilà tout ce qui nous a fait sourire, le reste est parfois excessif comme comparer Aziz à Bébé Doc de Haïti.
 
Tout aussi amusant,  c’est l’épisode de la secrète médiation entre lui et Aziz souhaitée par des forces non déterminées : Chavi dit qu’il a demandé à son émissaire de dire à Aziz «  qu’il n’est pas demandeur ». Superbe ! Aziz lui aurait répondu qu’il n’est pas demandeur non plus comme le rapportent les journalistes qui ne savent pas que l’émissaire délicat en question a répondu du tac au tac qu’il était demandeur pour les deux…
 
Quel que soit le talent diplomatique de l’émissaire de Chavi, celui que Konan Bédié en privé appelait «  son métis » sans savoir lui-même comment il était appelé car en matière d’humour, on subit toujours le sourire de quelqu’un, à part le talent de l’émissaire, quelle idée de penser une seconde que la paix puisse être scellée en Limam Chavi et Aziz ; ce Aziz qui a délivré contre lui un mandat d’arrêt international qui apparemment n’est respecté que sur le territoire mauritanien car ailleurs le Chavi se balade comme il veut.
 
Quelle idée d’imaginer un rapprochement entre ces deux hommes terribles, rusés et déterminés, l’un n’ayant sur l’autre que l’avantage d’avoir un état à son service mais pour combien de temps ?
 

Quel idiot a pu croire une telle paix possible ? Chacun sait qu’Aziz sait comment tenir les hommes et ce qui les fait courir. Il tient ainsi un pays sans coup de feu juste à cause de l’ambition des uns, l’appât du gain, et la prédisposition à la trahison. C’est un fait. Aziz est le plus grand connaisseur de l’âme de l’élite mauritanienne car le peuple ignorant, brisé et affamé n’importe qui peut le balader en tenant l’état. 
 
Aziz méprise les intellectuels pourtant il pourrait dicter une encyclopédie sur les ressors de l’esprit de toutes les communautés, toutes les ethnies, toutes les tribus, ce qui les agite, ce qui les tient, ce qui les balade. Coppolani nte veum !
 
Seulement  pour se payer les services d’un conseiller comme Limam Chavi encore faut-il en avoir les moyens or Aziz, ce n’est pas la générosité qui l’étouffe et pas un poste de son administration ni un placard de conseiller à sa présidence ne sont de la dimension d’un Chavi.
 
Admettant même que le Chavi ait vu ses prétentions à la baisse après l’épisode Burkinabé et l’exil qui représente des frais de plus malgré les ressources d’une sympathie découverte sur le tard Marocain du nom de Bouamatou dont l’exilé parle assez longuement pour qu’on comprenne que le geste ne fut pas court, admettons que les oreilles de Nouakchott aient appris un flottement financier comme certains fauves sentent l’odeur d’une proie blessée et que Nouakchott ait voulu en profiter : il manquerait toujours à Aziz quelque chose d’inestimable dans un certain milieu où l’on risque sa vie jour et nuit à savoir la loyauté.
 
Qui pouvait imaginer qu’un Chavi même affaibli, accepterait de faire la paix avec Aziz lui apportant ses connaissances d’un certain milieu et des nouvelles fraîches d’un autre ? 
 
 

Pourquoi alors Chavi a-t-il accepté d’envoyer son émissaire et n’a-t-il pas tout de suite décliné l’invitation ? Certainement juste par goût de l’action politique. Etre toujours dans le bain des intrigues et peut-être même juste le plaisir de faire entendre à Aziz directement «  qu’il n’était pas demandeur ».  Aziz par manque de délicatesse s’est senti piqué et a répondu de même en oubliant que n’être pas demandeur ne signifie pas ne pas être preneur… 
 
Chavi raconte qu’il n’a pas donné suite à la mécanique de la médiation, c’est donc qu’il n’était pas preneur non plus. De quoi pouvait-il bien être preneur venant d’Aziz qui n’avait rien à sa dimension sachant surtout que rien n’empêcherait ensuite de le ficeler sitôt à Nouakchott…
 
Aussi, cette sortie de Chavi vient pérenniser les hostilités en touchant au plus sensible : les ressorts de la sécurité. Ainsi cette sortie est un coup terrible en matière d'information pour les étrangers lambda, les occidentaux car il donne des arguments expliquant la paix en Mauritanie grâce à un accord présenté comme évident avec les groupes armés mais Chavi oublie que la majorité des mauritaniens sont heureux de cet accord présumé car il les protège.
 
L’explication de Chavi renforce le pouvoir à l’intérieur. 
 
L’autre coup, c’est de dire qu’Aziz a excité Birame contre les chefs maures et vice-versa. Qui peut confirmer cela ? Birame seul or sa crédibilité à l’intérieur du pays ne fait pas l’unanimité après sa propagande à l’étranger à propos d’apartheid en Mauritanie.
 
Quant à l’étranger, les occidentaux, Chavi doit faire confiance à Aziz pour une chose : son instinct de survie et savoir de quel côté tourne le vent. Sa seule faiblesse c’est qu’on peut balader quelqu’un tout le temps et tout le monde quelque temps mais pas tout le monde tout le temps, or il en est là.
 
On verra comment il s’en sortira face à la retraite impossible pour sa propre sécurité…
 
Vlane

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