C'est étrange. En matière de liberté d’expression, ce qu’on entend en Mauritanie est impossible dans aucune démocratie ni aucun pays arabe. Qu’un citoyen lambda dise tout et n’importe quoi dans son coin, cela ne serait pas dangereux. Le problème en Mauritanie, c’est l’usage délirant fait de Whatapps dans un pays où bien des gens courent encore se réfugier dans une mosquée un jour d’éclipse solaire, qui pensent qu’un marabout, à l’aide d’une ficelle, peut vous retirer le poison cumulé du mauvais œil et qui n’ont aucune idée des circuits de la désinformation 2.0.
Ainsi, n’importe qui disant des choses graves à propos d’une ethnie, d’une tribu ou de tels et tels personnages, voit ses propos atterrir dans toutes les sphères de la société : du charretier sur son âne au sommet des services de renseignements. Sur facebook, ce n’est pas mieux, dès que quelqu’un en exil ose poster des vidéos à visage découvert en disant des choses impossibles à tenir sur le sol mauritanien, il reçoit un flot impressionnant de visites sans que cela ne change absolument rien à l’action du pouvoir ou de l’opposition car ce qui est vu sur le net reste dans le monde virtuel, comme un exutoire hors sol, une fenêtre dans un cachot qui s’ignore.
A cela s’ajoutent les sites arabophones où l’imagination des journalistes est sans limite à base de « selon une source généralement bien informée » ou même « selon une source spéciale ».
Face à ce déluge d’information, où le vrai et le faux se confondent, le pauvre citoyen n’a, venant de nulle part, rien qui puisse l’aider à y voir clair sauf de temps en temps des démentis quant à la portée de la désinformation devient sérieuse comme si le pouvoir, laissant d’abord pourrir ce qui circule, cherchait ainsi à discréditer les journalistes et les activistes nourris à ces fameuses sources généralement bien informées.
Sous tous les régimes autoritaires s’organise, à l’échelle privée et nationale, un mode informel de circulation de l’information comme un G.P.S pour savoir où on en est et pronostiquer où l’on va mais chez nous ce n’est plus un circuit praticable juste des labyrinthes avec ses autoroutes à triple sens où les mots et le verbe circulent cabossés, démontés, remontés de travers sur des routes infestées de nids-de-poule, ses ruelles mal éclairées, ses porteurs boiteux, le tout au service d’une culture où l’information, l’Akhbar comme la rumeur, est aussi importante que l’argent.
Malheur à qui n’a aucune information à partager avec ses amis, ses réseaux ou même sa famille surtout quand on a passé la quarantaine : cadre du public comme du privé, politicien, journaliste, activiste, commerçant, femme d’affaires ou au foyer ne ratant rien de ce qui se trame dehors jusqu’au citoyen lambda aux aguets pour informer son petit cercle d’amateurs d’information sur le net car cela voudrait dire qu’on est hors circuit, non aligné comme un marginal de mauvaise compagnie.
Il faut une information, pouvoir dire « oui, il paraît » comme quelqu’un qui sait déjà mais qui attendait confirmation de son interlocuteur cette fois mieux au parfum que lui dans ce monde où arrivent les fuites qui comptent mais il faut le dire avec ce ton indescriptible qui semble protéger une source haut placée même si derrière il n’y a rien ou juste la même source bancale que l’on reçoit d’une source complice, censée être aussi bien informée que vous même s’il ne s’agit que de l’odeur rapportée par un dandy sans le sou obligé de se parfumer dans une parfumerie en faisant mine de tester la fragrance.
Pourtant, ceux qui sont au cœur de ces circuits de l’information comme de la désinformation, savent que derrière tout ce monde il n’y a que 4 sources :
Au sommet de l’information et de la désinformation se trouve l’élite du pays sachant qu’en Mauritanie, tout le monde se connaissant, il y a des passerelles entre tous les mondes, toutes les orientations politiques, chacun partageant l’info avec son ami qui est censé ne la partager avec personne or lui aussi a un ami qui en a un et chacun doit faire circuler une info pour pouvoir en recevoir sinon on vit dans l’obscurité totale vu que ce qui se lit via les circuits officiels c’est soit du vent soit de la fumée.
Voilà comment tout d’un coup, chacun se retrouve pris dans un déluge d’infos parties souvent d'une ou deux sources uniques et on croit que le nombre de nos amis au courant vaut caution de la source alors qu’il ne peut s’agir que d’une contamination collective.
Au milieu de tout ce bruit, l’information à la minute qui nourrit le citoyen à tous les niveaux, rien ne filtre d’important venant de l’armée. C’est impressionnant. Personne ne sait ce qui s'y passe comme rien n’a filtré jusqu’à la mise en circulation de la nouvelle monnaie pour ne citer que ces exemples. C’est dire que l’information sortant de l’état semble sécurisée, contrôlée surtout grâce à la lucidité quant au choix des gens mis au parfum pendant que tout autour des partis d’opposition au citoyen lambda tout est su et tout est lu car leurs circuits d’information sont connus comme des logiciels piratés.
Ainsi, n’importe qui disant des choses graves à propos d’une ethnie, d’une tribu ou de tels et tels personnages, voit ses propos atterrir dans toutes les sphères de la société : du charretier sur son âne au sommet des services de renseignements. Sur facebook, ce n’est pas mieux, dès que quelqu’un en exil ose poster des vidéos à visage découvert en disant des choses impossibles à tenir sur le sol mauritanien, il reçoit un flot impressionnant de visites sans que cela ne change absolument rien à l’action du pouvoir ou de l’opposition car ce qui est vu sur le net reste dans le monde virtuel, comme un exutoire hors sol, une fenêtre dans un cachot qui s’ignore.
A cela s’ajoutent les sites arabophones où l’imagination des journalistes est sans limite à base de « selon une source généralement bien informée » ou même « selon une source spéciale ».
Face à ce déluge d’information, où le vrai et le faux se confondent, le pauvre citoyen n’a, venant de nulle part, rien qui puisse l’aider à y voir clair sauf de temps en temps des démentis quant à la portée de la désinformation devient sérieuse comme si le pouvoir, laissant d’abord pourrir ce qui circule, cherchait ainsi à discréditer les journalistes et les activistes nourris à ces fameuses sources généralement bien informées.
Sous tous les régimes autoritaires s’organise, à l’échelle privée et nationale, un mode informel de circulation de l’information comme un G.P.S pour savoir où on en est et pronostiquer où l’on va mais chez nous ce n’est plus un circuit praticable juste des labyrinthes avec ses autoroutes à triple sens où les mots et le verbe circulent cabossés, démontés, remontés de travers sur des routes infestées de nids-de-poule, ses ruelles mal éclairées, ses porteurs boiteux, le tout au service d’une culture où l’information, l’Akhbar comme la rumeur, est aussi importante que l’argent.
Malheur à qui n’a aucune information à partager avec ses amis, ses réseaux ou même sa famille surtout quand on a passé la quarantaine : cadre du public comme du privé, politicien, journaliste, activiste, commerçant, femme d’affaires ou au foyer ne ratant rien de ce qui se trame dehors jusqu’au citoyen lambda aux aguets pour informer son petit cercle d’amateurs d’information sur le net car cela voudrait dire qu’on est hors circuit, non aligné comme un marginal de mauvaise compagnie.
Il faut une information, pouvoir dire « oui, il paraît » comme quelqu’un qui sait déjà mais qui attendait confirmation de son interlocuteur cette fois mieux au parfum que lui dans ce monde où arrivent les fuites qui comptent mais il faut le dire avec ce ton indescriptible qui semble protéger une source haut placée même si derrière il n’y a rien ou juste la même source bancale que l’on reçoit d’une source complice, censée être aussi bien informée que vous même s’il ne s’agit que de l’odeur rapportée par un dandy sans le sou obligé de se parfumer dans une parfumerie en faisant mine de tester la fragrance.
Pourtant, ceux qui sont au cœur de ces circuits de l’information comme de la désinformation, savent que derrière tout ce monde il n’y a que 4 sources :
- Le pouvoir tient mille journalistes désinformés sans le savoir ou à l’insu de leur plein gré
- Les opposants qui cultivent les rumeurs
- Les activistes de bonne foi qui ne peuvant se taire, au risque de disparaître, doivent rester dans le jeu, au cœur de l’action et ne peuvent donc se passer des deux premières sources
- En ce qui concerne les tensions ethno-tribales, tout ce monde fait circuler au gré de ses intérêts tel et tel audios souvent anonymes d’un zig qui dit des choses terribles dont l’unique portée tient à la complicité de celles et ceux qui les partagent.
Au sommet de l’information et de la désinformation se trouve l’élite du pays sachant qu’en Mauritanie, tout le monde se connaissant, il y a des passerelles entre tous les mondes, toutes les orientations politiques, chacun partageant l’info avec son ami qui est censé ne la partager avec personne or lui aussi a un ami qui en a un et chacun doit faire circuler une info pour pouvoir en recevoir sinon on vit dans l’obscurité totale vu que ce qui se lit via les circuits officiels c’est soit du vent soit de la fumée.
Voilà comment tout d’un coup, chacun se retrouve pris dans un déluge d’infos parties souvent d'une ou deux sources uniques et on croit que le nombre de nos amis au courant vaut caution de la source alors qu’il ne peut s’agir que d’une contamination collective.
Au milieu de tout ce bruit, l’information à la minute qui nourrit le citoyen à tous les niveaux, rien ne filtre d’important venant de l’armée. C’est impressionnant. Personne ne sait ce qui s'y passe comme rien n’a filtré jusqu’à la mise en circulation de la nouvelle monnaie pour ne citer que ces exemples. C’est dire que l’information sortant de l’état semble sécurisée, contrôlée surtout grâce à la lucidité quant au choix des gens mis au parfum pendant que tout autour des partis d’opposition au citoyen lambda tout est su et tout est lu car leurs circuits d’information sont connus comme des logiciels piratés.
Ainsi ce qui frappe l’esprit chez nous c’est la différence entre ces deux mondes que sont les militaires et civils engagés dans une guerre de pouvoir et d’influence depuis 40 ans. On ne peut que reconnaître à l’armée d’être devenue plus mature, plus sûre d’elle-même face à des civils dont elle ne craint plus les intellectuels ni les dignitaires. Pendant ce temps, face au pouvoir, les civils semblent perdus, accrochés à cette hystérique liberté d’expression désarmée sous contrôle via les circuits de désinformation.
Reste une question : combien de temps l’armée va-t-elle tenir les ficelles de ce chaos de l’information sans le craindre ? Les hommes qui tiennent l’armée sont d’une autre génération, petit à petit ceux qui poussent derrière porteront en eux l’univers de la désinformation de la société dont ils sont issus ; ce jour-là, on entendra tout ce qui agite la grande muette alors le dernier pilier de la Mauritanie décomposée tremblera.
Que Dieu nous en préserve vu le nombre d’ennemis du pays : les états prédateurs de nos richesses nationales et les islamistes radicaux qui rêvent de ce pays à portée d’obscurantisme dont les forces vives sont occupées par la désinformation et la haine de l’autre...
VLANE
Reste une question : combien de temps l’armée va-t-elle tenir les ficelles de ce chaos de l’information sans le craindre ? Les hommes qui tiennent l’armée sont d’une autre génération, petit à petit ceux qui poussent derrière porteront en eux l’univers de la désinformation de la société dont ils sont issus ; ce jour-là, on entendra tout ce qui agite la grande muette alors le dernier pilier de la Mauritanie décomposée tremblera.
Que Dieu nous en préserve vu le nombre d’ennemis du pays : les états prédateurs de nos richesses nationales et les islamistes radicaux qui rêvent de ce pays à portée d’obscurantisme dont les forces vives sont occupées par la désinformation et la haine de l’autre...
VLANE