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un grain de sable pour secouer la poussière...

Ghazouani ne sera pas président : les oulémas pulvérisent le serment d’Aziz

Jeudi 10 Mai 2018 - 11:25


Ce qui s’est passé hier au sortir d’une rencontre entre Aziz et les oulémas présidents des institutions et ligues islamiques de Mauritanie proches du pouvoir est un coup de théâtre que personne ne pouvait imaginer jusque-là.

 

Le coup de grâce après les sorties de plusieurs ministres minimisant le serment islamique constitutionnel par lequel Aziz a juré au nom de Dieu de ne pas faire un troisième mandat ni soutenir directement ou indirectement quiconque le pousserait à le faire, sans jamais être recadrés par Aziz ; chacun ayant pu lancer son ballon d’essai pour secouer la scène politique, voir les réactions et anesthésier la charge émotionnelle autour du sujet à force de l’aborder au plus haut niveau de l’état.

 

Plus tard, pour dérouter encore plus les citoyens et satisfaire certains partenaires  économiques et militaires étrangers, Aziz a dû rappeler qu’il a juré de ne pas faire un mandat de plus et de respecter la constitution mais cette décision de quitter de pouvoir, ayant semé la panique dans la structure de l’état organisée pour obéir à Aziz, a obligé le PM en personne à aller dans son fief pour dire haut et fort que ce régime ne quitterait pas le pouvoir en 2019. Cela fit son effet un temps.

 

Pour balader tout le monde encore un peu le temps de les surprendre encore, Ould Baya a été mis en scène comme dauphin présumé mais hélas pour lui il ne fit pas l’unanimité dans l’armée car les généraux ne pourraient supporter qu’un colonel puisse devenir chef des armées. Ils peuvent jouer le jeu avec un civil mais pas avec un militaire de rang inférieur.

 

Il restait Ghazouani, le général sans casserole ayant échappé à tous les scandales politico-économiques qui ont secoué la république et atteint Aziz et son entourage aux affaires. Ghazouani à qui Aziz doit de pouvoir passer la moitié de son temps à l’étranger au point d’avoir acheté un Boeing neuf pour des raisons de sécurité. Ghazouani qui a su tenir et renforcer l’armée sans bruit.  Ghazouani le bilingue sans complexe, le stratège et le bon vivant.

 

Candidat idéal pour une armée civilisée supposée mûre pour un roulement. Aziz n’avait qu’à soutenir sa candidature et le pays allait en sortir que plus stable. Adieu rêve d’enfant ! Le pouvoir chez nous ne se quitte jamais volontairement quand on est arrivé par la force et que rien ne peut vous y obliger.

 

Dans un article précédent nous expliquions pourquoi Aziz ne pouvait soutenir Ghazouani car avec Ghazouani, tout retour était impossible.

https://www.chezvlane.com/%E2%80%8B2019-Basep-contre-l-Etat-Major-General-des-armees-le-scenario_a6520.html

D’ailleurs Ghazouani a-t-il jamais laissé entendre qu’il était partant pour la présidence ? Quant à placer un homme de paille pour jouer à la Poutine / Medvedev, ce n’est plus d'actualité car trop risqué. Le souvenir de l’expérience Sidioca est encore vivace et Aziz ne peut pas se permettre de jouer avec le feu.

 

 

 


Qu’allait-il faire ? Voilà que les choses se précipitent… 

Son parti l’UPR moribond se mit tout d’un coup en marche pour s’implanter comme s’il venait de naître. Son président assisté du ministre de la défense a pu annoncer 1,116 million de militants. Plus que le nombre de votants aux élections présidentielles depuis Sidioca, sachant qu’il a été élu avec moins de 400.000 voix et Aziz moins de 600.000. Autant dire que le pouvoir a désormais de quoi justifier tous les scores.

 

Mais ce n’est pas tout. Tout d’un coup, chose inouïe pour un président venu et maintenu au pouvoir par le bouclier militaire, le ministre de la défense Bathia a invité les militaires à ne pas se mêler de politique. Certains sites ont même osé se faire l’écho de tensions entre certains généraux allant jusqu’à critiquer ouvertement le directeur de la sûreté nationale.

 

Il ne manquait plus que la cerise sur le gâteau pour préparer les futurs mandats d’Aziz anticonstitutionnels vu son serment sacré : le coup est venu, comme si de rien n’était, des plus hautes autorités religieuses reconnues par le pouvoir. Ainsi alors qu’on aurait pu espérer une explication sérieuse argumentée pour inviter le chef de l’état à violer son serment fait au nom de Dieu, le peuple mauritanien stupéfait n’a eu droit qu’à une formule laconique du président des oulémas mauritaniens au sortir d’une rencontre avec Aziz.

 

 


Hamden Ould Tah, parlant au nom des autres qui l’accompagnaient, a déclaré qu’il a renouvelé à Aziz son souhait de le voir se représenter pour un mandat de plus.

 

Voilà donc ce que vaut le serment sacré de l’article 29 nouveau de la constitution. Balayé dans un couloir de la présidence en quelques mots…

 

Tout est donc prêt. La future assemblée débarrassée du Sénat pour réviser comme elle l’entend la constitution et y mettre tout ce qu’il faut pour que la légalité formelle soit respectée. Avec l’appui des oulémas, le serment d’Aziz n’est plus sacré à moins de remettre en cause leur autorité ce qui ne risque pas d’arriver avec un président qui n’a jamais recadré ni ministre ni PM à ce sujet.

 

Ne reste plus qu’une manifestation gigantesque organisée par le parti au million de militants pour réclamer à Aziz de rester et le monde entier pourra dire qu’Aziz n’a pas eu le choix ou du moins qu’il n’a fait que répondre à un besoin populaire, soutenu par l’assemblée nationale dans sa majorité, cautionné par les autorités religieuses et la loi fondamentale révisée in extremis.

 

 

Qui pourra se plaindre avec des arguments qui tiennent la route ? Qui pourra accuser les oulémas sinon d’autres oulémas de l’opposition dont les arguments trouveront réponse car en la matière,  comme des avocats au service de leurs clients respectifs, chacun sortira ce qui l’arrange avec moult exemples de la sunna. Qui pourra accuser l’assemblée de ne pas être légitime sachant que le parti revendique 1 million de militants ? Qui pourra faire mieux que les meetings du pouvoir ?

 


Personne ou juste les mêmes sans troupe significative depuis 10 ans : autant en emporte le vent… Aziz est désormais plus que jamais maître du pays et demain il le sera plus encore. Circulez ! Il n’y a plus rien à voir…



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