On n’en parle plus comme si l’affaire avait été réglée… Pourtant pas du tout ! Les braqueurs courent toujours ou du moins dorment tranquilles. La seule bonne nouvelle de cette affaire, c’est que le pouvoir est devenu civilisé, il ne torture plus des innocents ou des petits bandits pour leur extorquer des aveux et satisfaire la population.
De nos jours, le pouvoir est franc mais il agit toujours en deux temps : le premier est de sonner l’alerte, faire sortir le maximum de forces de l’ordre pour frapper les consciences. Ce fut fait magistralement. On se souvient du jour du braquage, tout d’un coup les policiers dans le coma à chaque feu, regardant les chauffards brûler les feux, les fils à papa rouler sans plaque, se sont réveillés.
Toute la Mauritanie semblait en alerte. Les réseaux sociaux ont permis d’alimenter l’effort national de recherche. Des photos de braqueurs circulaient crédibles malgré le vulgaire montage. Dans la rue, les policiers lambda passaient leurs lampes dans les voitures comme s’ils avaient un signalement ou qu’ils allaient trouver des armes sur la banquette arrière et des sacs pleins d’argent qui débordent.
Au milieu de l’hystérie, le pouvoir déclencha la deuxième phrase de la procédure : celle des arrestations. On a tous entendu que l’un d’eux a été pris, on a parlé d’une carte d’identité mystérieuse tombée sur les lieux de l’attaque selon la même bizarrerie que le passeport trouvé sur les décombres un certain 11 septembre.
Cela a permis de calmer la population. Puis on a appris que ce n’était pas les braqueurs. Je me suis félicité de l’honnêteté de la police. Puis quand tout le monde a raconté mille fois ce qui s’est passé comme si chacun était présent, quand on a compris le mode opératoire : coupure de courant pour neutraliser les caméras, tout a été dit puis plus rien…
C’est donc un coup parfaitement réussi qui prouve que dans ce pays, il suffit d’oser et avoir avec soi une denrée rare de nos jours : de vrais amis, de vrais complices, des gens en qui avoir une entière confiance et savoir exactement jusqu’où vont les renseignements vu le nombre d’indics... A moins que cela soit un coup de spécialistes de la sécurité…
Aux dernières nouvelles, les seuls à avoir eu des amis pareils c’est Aziz et ceux qui ont monté le coup d’état de 2005 car même Hanena et les cavaliers du changement ont été trahis ce qui les a obligés à agir plus vite que prévu dit-on.
Ces braqueurs ont fait un coup d’état civilisé mais ils n’ont pas pu rester comme ont fui les cavaliers du changement car seuls restent ceux qui sont les plus armés or en l’occurrence les braqueurs auraient à affronter d’autres braqueurs qui eux ont braqué un pays car un procédé similaire.
Suspendre la constitution comme on éteint la lumière sur le droit. Sortir une armée comme des braqueurs pointent leurs armes sur les citoyens. S’il n’y avait pas une armée plus puissante que les braqueurs, ils auraient pu faire comme les braqueurs de la république et mettre leur homme à la tête de la BMCI comme les autres mettent leurs hommes à la tête de la banque centrale et quand toute l’administration est maitrisée par des petites mains, il ne reste plus qu’à invoquer la stabilité et aller aux élections avec les moyens de l’état et l’intimidation.
A vaincre sans périls on triomphe sans gloire mais avec beaucoup de pouvoir et de richesses : les chiens aboient, la caravane braque.
On peut ainsi développer l’exemple mais c’est inutile. Tout ça juste pour dire que ces braqueurs sont de vrais amis, très professionnels. C’est émouvant de savoir qu'en Mauritanie, il existe encore des gens qui ont des amis capables d’oser faire un coup pareil au nez des renseignements mauritaniens.
Dans les quartiers populaires, d’autres ont aussi des amis mais pas de cette qualité, il s’agit de malfrats prêts à tuer, ce n’est pas civilisé. L’heure est aux coups sans victimes. La BMCI s’en relèvera, c’est une misère ce qu’ils lui ont pris.
Quant à la sécurité à Nouakchott : l’hystérie stérile après un coup de maître des braqueurs sans parler de l’insécurité dans les beaux quartiers après la peur qui règne dans les quartiers populaires dans le noir, prouve que les mauritaniens vivent dans la peur et étant les premiers concernés, il faut croire qu’ils savent que le danger n’est pas imaginaire.
L’insécurité continuera grandissante car le terreau social est fertile à cause des mille maux de la société à qui on demande de vivre sans espoir en supportant l’insupportable à savoir l’enfumage, l’’exploitation, les inégalités, l’arrogance, l’impunité par mépris des gens désarmés...
Vlane