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Centre National de Cardiologie : tribalisme et lacune du dispositif médical du psycho-rigide Pr Ahmed Ould Abba Walati

Lundi 20 Mars 2023 - 19:17

Pr Ahmed Ould Abba Walati
Pr Ahmed Ould Abba Walati
Cher monsieur, respectable professeur, regrettable fin gourmet,

Encore sous le coup de l’émotion, j’ai préféré écrire un petit mot plutôt que de faire une vidéo pourtant plus facile à avaler pour le public. Ainsi, je ne m’adresse qu’à des gens d’esprit qui savent lire pas seulement avec les yeux de sorte à ménager votre perfection auprès du grand public qui vous admire sans vous connaître. Permettez-moi donc de faire court afin de vous dire l’essentiel de sorte à être utile au souci d’excellence du Centre National de Cardiologie que vous dirigez avec succès machallah. 

Contrairement au dicton, votre CV et la qualité des services du CNC font de vous un prophète en votre pays. Ainsi quiconque oserait esquisser un soupçon de critique à propos de votre infaillible compétence, votre expertise sans appel et les règles inoxydables régissant le CNC serait tout de suite pris pour ce qu’il est à savoir un esprit gratuitement malveillant dont les vulgaires armes fondraient face à votre image solaire comme neige au soleil.

Cela dit, devant Dieu, vous restez hélas un simple mortel, un être de chair, de sang et même d’autre chose, un esprit faillible qui peut faire des erreurs dont la moindre serait de ne pas pouvoir voir l’hypothétique faille sensible d’un dispositif qui peut mettre en danger la vie des patients. Il faut croire que Dieu veillant sur vous pour veiller sur vos patients, m’a permis modestement de saisir une lacune majeure pour ne pas dire une bêtise inouïe d’une de vos règles régissant l’alimentation des patients.

Beaucoup de lecteurs à cette ligne ne voudront plus en lire une plus certains qu’il ne peut s’agir que d’accusation gratuite mais je les invite à poursuivre car au nom de Dieu je prends leur bon sens à témoin car je ne doute pas une seconde que les esprits supérieurs sauront dépasser l’aveuglement du prestige dû au brillant médecin afin d’en parler avec vous pour corriger ce problème si votre statut de prophète en votre pays ne vous a pas déjà grisé au point de mépriser toute critique objective.

Venons-en aux faits :

L’histoire commence il y a 2 jours. Un respectable monsieur d’un âge vénérable, qui fut une honnête haute personnalité de l’Etat, fut diagnostiqué covidé par une clinique privée tard dans la nuit du vendredi au samedi. Les médecins ont dit que le protocole exige qu’il soit envoyé au centre covid de l’hôpital national. Arrivés là nous avons découvert que le centre n’existe plus. On nous a conseillés de mettre le patient sur un lit des urgences en attendant le lendemain, de sorte que les médecins puissent décider de son sort. 

Je me suis alors souvenu d’avoir été au Centre National de Cardiologie quand j’étais covidé et j'avais été admiratif des prestations. Aussi ai-je conseillé à la famille d’y aller. Etant en Italie, j’ai dû coordonner tout cela par téléphone. Arrivés à vos urgences, ils ont trouvé quelqu’un au bout d’un long moment qui a expliqué que l’unité Covid est fermée et qu’il fallait vous joindre. Mes contacts m’ont alors parlé du nouvel hôpital Ben Zayed à côté du CNC. Il était aussi fermé. Il ne restait plus que l’hôpital militaire mais je n’ai pas voulu y envoyer le patient pour les raisons suivantes :

Il y a à l’hôpital militaire un grand médecin parent très proche de la famille, haut gradé de l'armée. Je ne le connais pas, je ne l’ai jamais vu chez nous. Il a été appelé une 1ère fois au chevet du patient il y a quelque temps lors de son 1er Covid à l’époque du redoutable virus Delta. J’étais moi-même covidé dans mon appartement, je n’ai su l’histoire qu’en débarquant à la maison sitôt guéri. Ce fameux parent était passé mais n’avait pas jugé utile de s’occuper du patient d’aucune façon. Pourtant, n’importe quel médecin aurait pu en tirant la peau diagnostiquer une déshydratation sévère. 

Nous l’avons amené à la Clinique Kissi où il a été perfusé réhydraté et c’est là qu’ils ont découvert le Covid. Ensuite le patient a été transféré au centre covid de l’hôpital national dirigé par le Dr Ndaye sous les instructions de l’ex ministre de la santé Dr Mohamed Nedhirou Hamed et du soutien actif de SEM Cheikhna Ould Nenni Ould Moulaye Zeine que je remercie chaleureusement au passage au nom de toute la famille. Il est sorti de là guéri.

La deuxième fois que ce parent de l’hôpital militaire a failli à ses devoirs de médecin et de parent fut récemment lorsque le patient a été atteint de bronchite sévère. Ce fameux parent est venu sous la pression de la famille et il a dit prescrit à vue d'œil un antibiotique  le plus corrosif qui soit «  l’augmentin ». Ceux qui ont déjà pris ce produit savent combien ses effets secondaires peuvent être terribles. Quelle idée de le prescrire à vue d'œil un vieux déjà aux mains de la nature de l’âge El hamdoullah. La famille a préféré envoyer le patient dans une clinique où le médecin a demandé un scanner et des analyses de sang avant toute prescription. Un traitement fut ensuite délivré et le patient a guéri El hamdoullah.

La 3ème fois, ce fut lorsque, malgré son passif, la famille a recontacté ce fameux parent de Boutilimit haut responsable de l’hôpital militaire afin qu’il envoie au moins un infirmier, qu’on paierait, pour venir régulièrement faire les perfusions. Là ce parent multirécidiviste a dit qu’il ne pouvait envoyer personne. La famille a dû chercher un infirmier.

Voilà pourquoi j’ai refusé que l’on envoie le patient à l’hôpital militaire chez ce parent mais au vu de ce qui s’est passé au centre national de cardiologie, je le regrette car le patient eût été mieux traité car je suis au regret de reconnaître que chez nous le tribalisme entre en jeu partout pour les raisons suivantes ; jugez-en par vous-mêmes :

D’abord maintenant vous savez que contrairement à des oncles influents de Boutilimit qui voulaient envoyer le patient chez le parent de Boutilimit à l’hôpital militaire, j’ai préféré le vôtre sans même savoir quelle est votre tribu. Je viens de l’apprendre. La même que celle du respectable général Mohamed Ould Cheikh Ould Boïda, chef d’Etat-major des forces spéciales que j’ai l’honneur de connaître un peu mais assez pour savoir qu’il y a autant d’hommes différents dans une tribu que de tribus dans le pays du million de tribus.

Arrivé au Centre Nationale de Cardiologie, on nous a expliqué que vous avez interdit à quiconque de faire entrer de la nourriture dans l’hôpital pour des raisons parfaitement justifiables. Des raisons d'hygiène diverses sachant combien nos compatriotes sont calamiteux en la matière. D’ailleurs il en va ainsi dans tous les hôpitaux civilisés. D’autres raisons peuvent entrer en jeu comme maîtriser l’alimentation d’un patient après une opération particulière.

J’applaudis cette mesure mais cher monsieur, en scientifique, vous devriez savoir qu’à toute règle il doit y avoir une exception au cas par cas notamment quand on a affaire à des patients dont la situation ne relève pas d’un caprice : cela peut être un enfant en bas âge qui ne supporte pas la nourriture de l’hôpital ou quelqu’un comme le patient en question habitué à une nourriture particulière sans laquelle il ne s’alimenterait pas.

Même l’islam permet de manger du porc en cas d’ultime nécessité quand il s’agit de ne pas mourir de faim. Vous le savez, sourate 2 verset 173 : « Certes, Il vous interdit la chair d'une bête morte, le sang, la viande de porc et ce sur quoi on a invoqué un autre qu'Allah. Il n'y a pas de péché sur celui qui est contraint sans toutefois abuser ni transgresser, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux. ».

La famille a expliqué à l’équipe médicale qui a pu ensuite le constater, que le patient n’acceptera de manger que sa nourriture familiale. Vu que le patient n’était pas sous le coup d’une opération mais juste en observation à cause du Covid, l’équipe médicale a accepté la nourriture pour le patient mais pas pour l’accompagnant. Il a fallu que vous arriviez le lendemain pour interdire formellement l’entrée de la nourriture à l’hôpital sans rien avoir à proposer pour convaincre ce genre de patient de manger votre cuisine. Vous n’avez rien trouvé à proposer pour endiguer cette résistance légitime à avaler votre cuisine que de mettre généreusement à la disposition du patient le cuisinier de l’hôpital prêt à exécuter ses habitudes.

Croyez-vous qu’il s’agisse d’un fin gourmet qui par caprice réclame du caviar, des langoustes et du faisan ? Croyez-vous que votre cuisinier peut reproduire les plats dont il a l’habitude ? Apprenez que pour cela il faudrait les mêmes ingrédients et le même cuisinier. C’est dire toute l’ineptie de cette généreuse idée. Le résultat fut que le patient a refusé votre cuisine de prisonnier sachant qu’il n’est pas en mesure de débattre des recettes.

Vous êtes certainement de l’école dure qui estime que lorsque le patient aura faim, il avalera n’importe quoi. Cela se voit que vous n’êtes pas médecin dans toutes les disciplines. Renseignez-vous puisque vous avez la prétention de diriger tout un hôpital.

Ecoutez ceci : il y a quelques années, des amis sont venus à Nouakchott avec leur petite fille en bas âge. Ils l’avaient habituée en Europe à manger des petits pots pour enfants d’une marque particulière croyant qu’en arrivant chez nous, l’enfant affamée accepterait de manger d’autres marques. Il n’en fut rien. Au bout de quelques jours sans manger, il a fallu d’urgence la renvoyer à Paris où elle a été hospitalisée.

Votre règle est défendable mais il ne faut pas être psycho-rigide car vous mettez en danger la vie de vos patients particuliers. Heureusement le vieux monsieur est rentré à la maison tranquillement mais qu’allait-il devenir s’il devait rester chez vous ? J’ai même proposé de faire venir les plats via la cuisine de l’hôpital de sorte à passer par ce circuit, mais vous n'avez rien voulu savoir croyant qu’il suffit de mettre à disposition du patient le cuisinier de l’hôpital.

Ironie du sort, s’il avait été à l’hôpital militaire, il n’aurait certainement pas été traité de la sorte. C’est donc de ma faute, j’aurais dû tenir compte du tribalisme car vous avez dû vous demander pourquoi vous envoie-t-on le patient pour des problèmes qui ne relèvent pas de la cardiologie alors que son parent est maître de tout un hôpital et quand on a demandé aux autres parents de Boutilimit de vous contacter pour avoir une dérogation, ils ont dû se dire que ça nous apprendra d’avoir refusé le parent de l’hôpital militaire car chez nous la tribu vaut toujours mieux que rien.

Chez vous, le patient n’a pas été traité avec les égards dus à un homme de cet âge même s’il eût été un citoyen lambda et ce, même si le ministre a été informé sans savoir que sa bonne volonté fut lettre morte. Il a fallu par exemple qu’on remue ciel et terre pour que vous interveniez afin que la pneumologue vienne voir le patient hospitalisé depuis 24H alors qu’elle ne voulait venir que le lendemain analyser les résultats car une secrétaire lui a dit que ce n’est pas urgent. Pas urgent un monsieur avec les soucis de l’âge hamdoullah, physiquement affaibli, covidé qui tousse sérieusement ? Vous voyez bien cher monsieur que je ne vous fais pas un mauvais procès. Au contraire, je suis persuadé qu’en administrateur responsable et en médecin averti vous mettrez à profit cette expérience pour parfaire l’efficacité de vos règlements que le patient soit de l’hôpital militaire ou de chez vous. 

Je sais que vous n’êtes pas un tribaliste primaire mais si ce respectable patient était de chez vous, il n’aurait pas à chercher son dossier médical avec écrit « 49 ans » ni avoir à appeler le directeur général d’un si prestigieux hôpital pour qu’un médecin n’attende pas 24H de plus pour venir voir les résultats des analyses. Mille détails indignes de votre excellence qui me permettent de croire sans m’en flatter que vous êtes comme tout bon mauritanien un tribaliste qui au mieux s’ignore. Cela ne vous diminue en rien mais cela ne vous grandit pas.

Voici donc le conseil qu'un sans-tribu vous donne et que tout esprit pourvu de bon sens soutiendra : l’interdiction de faire entre entrer la nourriture dans l’hôpital doit être maintenue mais il faut qu’il ait des dérogations possibles au cas par cas si les patients ne sont manifestement pas en mesure d’avaler votre cuisine. 

Je vous entends d’ici craindre les interventions du plus haut sommet de l’Etat, de la famille pour avoir cette dérogation. Gérer ce facteur culturel regarde la force de votre personnalité mais pour éviter cela vous ne pouvez pas être psycho-rigide, refuser de revoir une lacune dangereuse de votre règlement qui peut mettre en danger ces patients particuliers qui ne font pas la fine bouche mais qui se trouvent tout simplement pourvus d'un tableau clinique qui les autorise à plus de compréhension venant d’un grand professeur qui doit avoir l’oeil partout afin de ne pas compliquer l’état de certains patients vulnérables sachant qu’une bonne alimentation est le 1er allié de la guérison.

Cordialement

Ahmed Ould Soueid Ahmed
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