. chezvlane



un grain de sable pour secouer la poussière...

A propos du mystère de la promotion de Ould Djay ministre directeur de cabinet du président

Samedi 8 Juillet 2023 - 15:40

Moctar Ould Djay
Moctar Ould Djay
Dès la chute d’Aziz, tout le monde se demandait ce qu'allait devenir l’un des architectes des flux financiers de son régime et partisan politique engagé avec une verve bien nourrie, celle d’un homme gonflé à bloc et prêt à tout pour défendre celui à qui il devait son poste juteux.

1ère déception pour les observateurs friands de décapitation : il a échappé au procès de la décennie. Dès cet instant, les observateurs y ont vu la preuve qu’il était intouchable un peu comme le redoutable A.O.B les grandes oreilles d’Aziz à la présidence. On pensait alors qu’il irait mâcher ses recettes dans un coin en attendant un poste à l’étranger pour se faire oublier. 

Soudain, 2ème déception, on le vit réapparaître dans le nouveau parti du chef de l’Etat. Pour ma part, j’ai toujours estimé que le seul et vrai responsable d’un régime dictatorial où au-delà de l'armée, les fonctionnaires et les hommes d’affaires doivent marcher au pas sous peine de sanction radicale, c’est le chef de l’Etat en l'occurrence Aziz qui disait aux médias étrangers qu’il dirigeait tout. Bien sûr, il y a toujours autour de ce genre de tyran des personnalités terribles qui abusent de leur pouvoir pour s’enrichir et faire du mal autour d’eux ; il ne faut pas les confondre avec les simples exécutants.

De là qu’après une guerre entre Etats ou même une mutinerie dans l’armée, on ne juge que les chefs zélés pas les petits gradés. De plus, même dans le cas de mafieux, les grandes démocraties prévoient un sort particulier pour les repentis qui apportent des informations permettant de voir clair dans l’univers où ils exerçaient leurs talents. Sans rien connaître de Ould Djay et lui faisant peut-être un mauvais procès, j’ai toujours cru qu’il était un repenti des années Aziz.

Ayant échappé au procès il aurait pu végéter dans un coin avec sa fortune présumée en attendant un poste n’importe où mais il a repris du service au moment des élections à la surprise générale à un haut niveau ; c’est donc qu'il a des talents de chef d'orchestre à ne pas négliger. Un opposant me disait qu’il a été très actif surtout à Nouakchott divisant la capitale en secteurs en intimant à chaque puissant homme d’affaires de réussir à faire triompher l’Insaf en s’engageant financièrement dans la campagne. ( J'ai toujours estimé qu'acheter un vote financièrement payable sur-le-champ ou psychologiquement avec des promesses électorales qui valent leur nature, c'est pareil et ce n'est pas un délit surtout dans un pays de commerçants ).

Après cette réussite, il fallait bien le mettre quelque part. 

D’abord ceux qui prétendent que Ghazouani a peur de lui car il aurait des dossiers oublient deux choses capitales : comment Ghazouani pourrait avoir peur des dossiers supposés de Ould Djay quand on voit le sort d’Aziz ? Ensuite Ghazouani ne pouvait pas avoir affaires à Ould Djay, il menait sa vie militaire à la tête de la grande muette et pas une fois durant tout le règne d’Aziz plein de scandales financiers le nom de Ghazouani n’est apparu nulle part même dans la bouche des opposants de mauvaise foi.

Donc si Ghazouani l’a nommé directeur de cabinet avec le titre de ministre, c’est pour d’autres raisons. Qu’il soit de la même tribu que l'ex ministre secrétaire général à la présidence Yahya Ould Ahmed Waghef remercié ne peut pas être la raison principale à un tel niveau de responsabilités , il ne peut s’agir que de la cerise sur le gâteau. 

Pourquoi s’encombrer d’un personnage décrié de partout comme étant le symbole par excellence des années de scandales financiers d’Aziz ? La vraie raison, Ghazouani seul la connaît mais on peut essayer de s’en approcher par la logique car si Ghazouani a pu dominer la scène politique sans faire de mal c'est par la puissance de subtiles combinaisons politiques, sociales, médiatiques et religieuses qui appartiennent à la nature et à la culture profonde des mauritaniens. 

Il est indéniable que Ould Djay a des talents financiers, économiques et politiques mais cela ne suffit pas. Personnellement au-delà du fait que cela permet de donner le coup psychologique fatal à Aziz qui ne peut compter sur l’aigreur d'aucun de ses puissants vizirs, il fallait trouver un directeur de cabinet qui puisse compenser la peur qu’inspire à toute la république le puissant ministre de l’intérieur, ex directeur de cabinet dont je n'écris pas le nom car j'en tremble moi-même.

Ismail Cheikh Ahmed, je l’ai toujours dit car je sais de quoi je parle, était un homme qui avait plus peur du ministre de l’intérieur que du président lui-même. Ghazouani ne pouvait pas garder à ce poste stratégique quelqu’un qui aurait deux patrons ou quelqu’un qui serait un ennemi du ministre de l’intérieur.

Où trouver un homme capable d’être directeur de cabinet du président assez fort politiquement, financièrement pour n’avoir que le chef de l’Etat pour patron sans avoir d'inimitié avec le ministre de l'intérieur ? C’était quasiment introuvable.

Ould Djay qui a échappé à la justice car il n'était qu'un exécutant au titre de haut fonctionnaire, dont le nom est ruiné dans l’opinion publique, était l’homme idéal à promouvoir directeur de cabinet car si Ghazaouni s’était contenté de lui intimer l’ordre de rester tranquille dans son coin ou de lui trouver un poste quelque part comme l’ex ministre du pétrole Ould Abdel Vetah, Ould Djay n’allait jamais être vraiment reconnaissant à Ghazouani.

Par contre, l’envoyer faire campagne, réussir la campagne puis le nommer non seulement au poste de directeur de cabinet mais avec le titre de ministre, cela allait toucher Ould Djay à tel point qu’il va désormais être plus qu’un repenti à savoir un partisan zélé du chef de l’Etat et étant chef de son cabinet, il n’a rien à craindre du ministre de l’intérieur.

Ce n’est pas que Ghazouani veuille du mal au ministre de l’intérieur, c’est impensable car s’il y a bien deux hommes que Ghazouani ne sacrifiera pour personne ni aucune raison même d’état c’est bien son ministre de l’intérieur et l’actuel ministre de la défense Ould Sidi seulement Ghazouani connaît la nature humaine et surtout les mauritaniens.

Il sait que trop de pouvoir nuit à l’équilibre psychologique ; Aziz en est la preuve. Comment un homme si puissant a-t-il pu se retrouver où il est sans un coup de feu sans révolution dans son régime. C’est la preuve que depuis longtemps il ne voyait rien venir et ne contrôlait plus rien à l'image de sa soif de pouvoir.

Pour ma part, au-delà de toutes les raisons invoquées pour la nomination de Ould Djay, je pense que Ghazouani a trouvé quelqu’un pour avoir un vrai cabinet indépendant du ministre de l’intérieur qui d’ailleurs n’en a pas besoin pour parler avec le chef de l’Etat. Il s'agit d'un subtil équilibre des forces comme seul Ghazouani sait le faire surtout que Ould Djay n'aura pas de budget colossal sous la main comme ce fut toujours le cas sous Aziz. Là il ne pourra qu'être utile avec ses talents politiques sans la moindre nuisance financière que lui reproche l'opinion publique. 

Ould Djay sait désormais plus que jamais à qui il doit sa peau neuve qui lui rendra le respect de la classe politique dans un pays où, plus que tout autre, les intérêts et la crainte du pouvoir règlent les conduites.

Ghazouani n’a peur de personne ni d’Aziz ni de Ould Djay. Il gouverne en chef d’Etat face aux forces en présence. Ceux qui l’ont connu avant être président, doivent revoir leurs rapports avec lui. Gare à ceux qui voudraient le traiter comme l'ami d'hier. Ils ont affaire au chef de l’Etat dont les responsabilités l’obligent à avoir une vision qui dépasse chaque soutien, chaque partisan, chaque parent car chez nous,  si les ministres peuvent passer s’en mettre plein les poches s’ils peuvent, si les politiques peuvent dire tout et n’importe quoi, passer d’un camp à l’autre, ils risquent très peu. Ceux qui risquent leur vie, celle de leur famille et par conséquent la paix civile de la nation, c’est le président de la république et quelques généraux car s’ils ne maîtrisent pas le pouvoir, n’importe qui pourrait le prendre même au prix du chaos et Dieu sait que certains y travaillent et en rêvent par tous les moyens...

VLANE A.O.S.A

Chroniques VLANE | énergie / mines | politique | économie | affaires religieuses | interview | société | communiqué | droits de l'homme | Actualités de l'opposition | diplomatie / coopération | ONG / associations | justice | sécurité | international | sports | Syndicats / Patronat | TRIBUNE LIBRE | faits divers | vidéos | rumeurs | ndlr | culture / tourisme | pêche | Santé | medias | conseil des ministres | actu.g





Rubriques à la une

Recherche